Barjac 2014 : ce que Gary nous a dit
Sauvé dans Festivals, Merci Collègues !
Tags: Barjac 2014, Intermittents, Nouvelles, Rémo Gary
Ce fut sur la grande scène, en rappel, entre Les oiseaux de passage de Richepin et le Ferme qui clôt l’étonnante prestation à laquelle nous venons d’assister. Nous vous proposons de retrouver ici l’intégrale du message de Rémo Gary :
« Depuis combien de temps nous votons, nous optons pour le moins pire. Et depuis combien d’années, c’est pas le moins, mais le pire qui gagne inexorablement du terrain.
Des caméras plein les villes et villages, tout est policé, les écoles, le temps libre, le travail, les spectacles ! Des droits sociaux réduits à peau de chagrin, de l’argent qu’on nous vole. On casse nos trains, nos hôpitaux, nos écoles et tout ça pour payer leur dette. On épuise l’eau, la terre, l’air et on nous épuise avec. Les migrants, on n’en veut plus. Et le monde est à feu et à sang. Il ne reste presque plus rien de Gaza.
Et de plus en plus, à chaque année qui passe, on célèbre l’événement, à la place de l’intimité profonde ou conflictuelle, on célèbre le sport, à la place du grand meeting, l’entretien de soi, à la place de la solidarité…
Voilà le résultat du moins pire. De plus en plus d’exploitation, de plus en plus de pauvres, et des riches de plus en plus riches.
En premier lieu, ne comptabilisons pas ce que la culture rapporte. Autrement, nous rentrons dans leur jeu. La chanson ne rapporte rien, sinon quelques poussières de conscience, peut-être un peu de détermination, d’espoir, d’émotion souvent, et de la division parfois. Il en faut de la division !
Les élus du moins pire, eux, ne font que compter. Leur espérance est si petite, si banale, qu’elle n’abordera jamais un quelconque nouveau monde.
Nous militons parfois et souvent nous nous éparpillons. En cette période de massacres, pour la Palestine, une autre fois contre les gaz de schiste, un été pour les intermittents, le temps d’une catastrophe contre le nucléaire.
Ces élus ne sont pas contre les intermittents, les intérimaires, les déplacés, bien au contraire. Payés à la pièce, à la tâche, au contrat. Ils veulent seulement supprimer l’allocation chômage, et le soutien aux précaires. Alors que l’argent et la répartition interprofessionnelle des allocations chômage, tout ça nous appartient. C’est notre salaire, socialisé. Ça n’appartient ni au gouvernement, ni au Medef, ni à la CFDT qui ne représente rien dans le secteur artistique. C’est à nous de décider de ce qu’on doit faire de nos salaires.
Cette gauche ne s’oppose plus à la marchandisation de nos vies. Elle n’entend pas les intermittents, les manifestations, les grèves, la détresse des populations. Elle n’écoute qu’elle même.
Il y a des chansons qui chantent la radicalité, l’espoir d’un grand renversement, là où nous aurions tous les mêmes droits, les mêmes revenus, le même confort. Il faudra bien, prochainement, une fois applaudies ces chansons-là, opter pour les intermittents, les intérimaires, les chômeurs, pour la régularisation de tous les sans papiers, contre les caméras, pour un état palestinien, contre la marchandisation de nos existences… pour la liberté et l’espérance retrouvées. »
On retrouve Rémo Gary en juillet 2010 à Saint-Bonnet-près-Riom, lors des « Rencontres Marc Robine », une vidéo de Martine Fargeix : http://www.dailymotion.com/video/xe2yvw
Tout change… et rien ne change…
Dans une France socialiste,
je mettrais ces fumiers debout
À fumer le scrutin de liste jusqu’au mégot de mon dégoût
Et puis assis sur une chaise, un ordinateur dans le gosier
Ils chanteraient La Marseillaise, avec des cartes perforées
Le jour de gloire est arrivé.
Léo Ferré … (Ils ont voté)
Magnifique… quelques poussières de conscience…
A Barjac
164 commentaires pour une erreur de Casting
2 commentaires pour ce que Rémo Gary nous dit
Il doit y avoir un problème quelque part. Merci monsieur Gary
Tout à fait, Lucien, et je te remercie d’en faire la remarque. Sur cette même relation des « Chansons de parole », plus de 120 commentaires sur Depoix sur le site et plus d’un autre millier sur facebook et quasi rien sur ce texte énorme car fondamental. On se chamaille d’un pèt de travers dans une critique de scène et on rate l’essentiel, il me semble. Peut-être faut-il le temps que la déclaration de Rémo Gary chemine dans les esprits, s’y fasse une niche ? En toux cas, si vous le pouvez, si vous le voulez, partagez-la, qu’elle fasse débat, qu’elle travaille les consciences
Un commentaire alors…
C’est un texte totalement niais.
On dirait un sketch comique comme le « Misère, misère » de Coluche.
J’ai connu Gary plus affiné, ici, c’est de l’infantilisme.
Je signale qu’il est possible sur le site de Rémo Gary de s’abonner à sa petite « feuille de chou », mini-journal qui vient, quatre fois par an dans notre boîte mail, nous apporter des nouvelles, des indignations et des réflexions sur la vie de tous les jours… la vie de Rémo, la nôtre… et celle des poulets de Bourg-en-Bresse !
Gratuit, donc sans prix… infiniment précieux et rigoureusement indispensable !
Bon, c’est fort bien analysé et fort bien dit.
Et maintenant qu’est-ce qu’on fait ?
« Qu’avez-vous fait de la parole, dites, qu’en avez-vous fait ?
Il nous faut des porteurs de paroles avec des chenilles d’acier dans la tête pour guider ce peuple hagard de jeunes gens… »
Jacques Bertin (Menace)
Mes amis, complices, collègues … oh j’arrête là !
Bon, j’avoue tout net que je ne suis pas emballée par cette prise de parole de Gary à Barjac… et pas emballée non plus par sa publication sur notre site. Je ne suis pas certaine qu’il n’y ait pas là confusion des genres. Une scène d’art vivant, n’est pas une tribune politique… ou alors mise en scène, distanciée par la création… c’est le rôle en effet de la chanson, du théâtre… Prendre ainsi le public en otage aussi longuement dans une tribune proprement politique me paraît totalement déplacée. Voilà, c’est dit ! Ce n’est que mon opinion mais comme il s’agit maintenant d’une publication de NosEnchanteurs, auquel je collabore je tiens à vous le dire. D’ailleurs il ne me paraît pas étonnant qu’elle ne suscite pas plus de réactions ! Encore une fois restons dans notre rôle de chroniqueurs Chanson… pour ce qui me concerne je tiens à cette précision. Les sujets d’ »engagement » pour l’expression artistique ne manquent pas ! On ne peut tout « embrasser »… au sens strict tout prendre à bras le corps. L’intervention de Laurent Berger est tellement plus forte !!!! J’avoue qu’il a fini de me convaincre de l’immensité de son talent !
Enfin ce commentaire aura peut-être pour effet de souligner que sur ce site, nous ne parlons pas d’une seule et même voix, que nous sommes des paroles libres – libres vis-à-vis des artistes et de leur entourage, libres vis-à vis de Michel et des collègues… ?
Oui, NosEnchanteurs est un site pluriel, simplement mû par le respect que nous avons en commun. Pour ma part, je vois en ce texte le prolongement, la concrétisation de l’art de Rémo Gary, de ces mots qu’il pétri depuis de longues années déjà. Jamais je crois, la résolution politique n’a été aussi claire, aussi précise, que dans l’exercice de Rémo Gary. Ce « discours », publié dans notre rubrique « Merci collègues ! » (une somme de contributions externes), est une façon aussi de protéger cette parole, de l’inscrire, de la consigner pour l’avenir, de la tenir à disposition, elle qui contrairement à ses chansons ne se trouve sur aucun enregistrement. Une fois sur ce site, au titre d’archive vivante, elle n’engage nullement aucun membre de l’équipe (où alors personnellement, c’est possible) et certainement pas NosEnchanteurs en tant qu’entité. C’est simplement un document rendu disponible pour le présent comme pour l’avenir. On ne saurait cerner Rémo Gary sans faire mention d’un tel texte.
D’accord avec Claude ; Rémo, que par ailleurs j’aime beaucoup, est bien meilleur en chanson. Tout le monde ne peut pas faire « Le Chien » ou « Il n’y a plus rien » et encore ce sont des sujets universels et poétiques. Ici nous avons un discours sensé et bien écrit, mais l’art est ailleurs.
De plus Rémo déraille : les allocations sont aussi patronales et appartiennent autant au MEDEF qu’à la CGT. Ce n’est pas sur ce terrain que le problème se pose.
Par ailleurs, j’aime que la chanson suggère, pas qu’elle assène : si elle est un vecteur d’intelligence elle doit permettre à celui qui l’écoute d’aller plus loin. Elle doit poser les questions, pas apporter les réponses.
A vous ! KSSSSSS KSSSSS !
je suis plus qu’heureux de l’expression de Claude Fèvre à propos de la déclaration de Rémo Gary. Pour ma part, bien qu’étant entièrement d’accord (enfin presque, je dirai plus loin pourquoi) avec ce qu’il a dit, je n’ai pas applaudi ce soir là, car ce n’était pas le lieu. Qu’il parle des intermittents et fasse le lien avec la précarisation de notre société, tout à fait d’accord, et Laurent Berger le dit dans son rappel sous une forme musicale qui nous emporte. Mais qu’un artiste use (abuse) du pouvoir d’avoir un micro pour faire son discours politique sur Gaza, notre société, etc…, non ! S’il a des choses à dire, l’artiste le fait par ses chants, ses cris dans son spectacle, et c’est d’ailleurs ce que Rémo a fait, et avec quel talent, ce soir là; mais alors, pourquoi le redire dans une proclamation de fin de spectacle ? Eric Nadot (qu’il me permette de le citer) m’a répondu lors d’un échange le lendemain, que sans doute Rémo avait l’impression que les gens écoutaient ce qu’il chantait, sans pour autant l’entendre, et que Rémo est un militant…..à quoi je réponds que nous sommes nombreux, spectateurs et festivaliers, à être militants, et nous ne montons pas sur scène pour autant à Barjac….et si les spectateurs ne sont pas autant touchés par les textes et chansons de Rémo, tant pis, dommage, ou tant mieux (je provoque !) et surtout n’essayons pas de leur brancher une perfusion ou un casque afin qu’ils comprennent à force !
Que Rémo continue à être un chanteur engagé au sens de Reggiani, dans une interview du 9 avril 1977 sur Antenne 2
(à la question, êtes vous un chanteur engagé ? il répondait)
« Il y a des thèmes plus engagés que d’autres, mais tout est toujours engagé. Chanter une petite chanson d’amour, si c’est une chose de qualité, c’est un engagement; si c’est une chose mauvaise, c’est aussi un engagement. S’engager à abrutir les gens est un engagement. La qualité est l’engagement, essentiellement »
Et pour finir sur un -petit- désaccord annoncé plus haut avec le texte de Rémo: il ne pt pas dire qu’il n’y a qu’une seule caisse d’indemnisation (ce qui est vrai) et nier le droit à la CFDT de signer un accord sur l’annexe des intermittents parce qu’elle n’est pas représentative du secteur artistique (probablement vrai) : ce syndicat (de collaboration de classe) est l’un des syndicats représentatifs des salariés, donc il a juridiquement le droit de signer ce type de texte….que cela nous plaise ou non…le débat est ailleurs
Comment écrire que « Ce n’est pas le lieu » !!!
» La scène n’est pas une tribune politique »
« restons dans notre rôle »
C’est PARTOUT le lieu, toutes les scènes sont politiques
OK! Je sors
D’accord avec le constat de Rémo, peu ou prou, mais solution ? Ne pas voter, en se réclamant du grand Léo ? Les militants du pire ne s’abstiendront pas. Alors parler, réfléchir, expliquer, en espérant faire changer les consciences…donner l’exemple si on peut… s’efforcer d’être cohérent avec soi-même, ses idéaux, et rester incorrigiblement optimiste !
PS J’adore cette chanson de Rémo, mon hymne national (!) mais il doit bien en chanter d’autres, non ?
Bonjour,
« Texte totalement niais » nous dit Rob…
« Remo déraille » nous dit Michel T…
« je n’ai pas applaudi ce soir là » écrit Marc, en excusant presque un peu plus loin la CFDT de nous jouer des tours de p. depuis des années en accompagnant le Medef dans tous ses mauvais coups… En plus pour ce qui concerne le seul secteur artistique, il est vrai que ce syndicat ne représente rien ni personne.
Mais où allons-nous ? Ce n’est un secret pour personne, Remo Gary l’artiste est aussi indissociablement un citoyen dans le sens le plus noble du terme. Comment s’étonner alors de cette prise de position publique et politique ? Pour ma part, j’ai applaudi à tout rompre cette intervention qui ne m’a absolument pas étonné et que même j’attendais. Aurait-il mieux valu qu’il fasse comme tant d’autres, ne pas parler des questions de précarité généralisée, ne pas parler de la Palestine, ronronner, bien penser et ne pas fâcher ? Ne pas dire : « Cette gauche ne s’oppose plus à la marchandisation de nos vies. Elle n’entend pas les intermittents, les manifestations, les grèves, la détresse des populations. Elle n’écoute qu’elle même. » alors que nous faisons tous ce constat au quotidien ? En deux mots, faut-il être lisse et consensuel ? Pour moi la réponse est non, à l’évidence.
Si le festival de Barjac n’est pas le lieu pour dire des choses comme celles-là, alors à quoi bon ? Pour aller jusqu’au bout de ma pensée, je dirai encore que je préfère mille fois entendre ce genre d’intervention plutôt que d’entendre Jofroi refuser la présence du drapeau palestinien sur la scène, ne serait-ce qu’un instant, alors que Madame Leïla Shahid, représentante du peuple palestinien, était dans l’assistance ce soir-là…. N’a-t-il pas préféré ce même soir nous passer la chanson de Brassens « le pluriel » alors que celle-ci nous dit :
« Le pluriel ne vaut rien à l’homme et sitôt qu’on
Est plus de quatre on est une bande de cons. »
Il en faudra pourtant, des millions de manifestants dans les rues pour dénoncer toutes les injustices énumérées par Remo Gary, pour dire « nous ne sommes plus l’accord » et pour exiger plus de justice. Ce jour-là, je n’en doute pas, il sera avec nous.
Gary inflige un texte assommant qui ne peut convaincre que les convaincus, c’est du niveau du café du commerce à une heure tardive, bel exploit.
Et puis ces « artistes » qui sous prétexte qu’ils sont sous des projos se permettent de donner des leçons de vie, ou de politique, ça m’agace.
Il est gentil Rémo, il a du talent, mais au moins qu’il tente de faire passer ses idées respectables et que je partage mais sans ces simplifications désopilantes, dans ses chansons. Ici, c’est de la caricature, de la posture, du racolage.
Ou alors, pas de spectacle, on organise un débat, un droit de réponse et on éteint les projos, pas de souci, je suis volontaire, j’ai l’habitude… Histoire d’aller chercher un peu plus loin que des affirmations convenues qui conviennent à la chapelle.
d’accord à cent pour cent avec Robert…Oui, ça arrive parfois!
un mot simplement pour Daniel Maillot, qu’il relise ce que j’ai écrit…
1) je n’ai pas du tout excusé la CFDT, mais ai rectifié ce qui m’apparaît une incohérence…une seule caisse existe pour tous les salariés, donc tous leurs syndicats ont le droit juridiquement de signer ou de ne pas signer, même l’annexe sur les intermittents,
2) dans ses chansons, Rémo dit tt ce qu’il a dit dans son texte, et de bien belle façon…donc pas besoin de meeting ensuite…ou alors, comme le dit Rob, on fait un débat sans le micro pour une seule personne
mais je constate que trop de gens répondent sur le net dans tout lire, en ne reprenant qu’une bribe de phrase…
Ce que Laurent Berger nous a dit (Laurent vient de mettre son texte sur sa page FB) :
Moi intermittent
Moi, intermittent du spectacle, mon adversaire ce n’est pas l’argent. Eventuellement, je pourrais comme beaucoup, et un peu trop souvent, évoquer son absence…
Moi, intermittent du spectacle, mon adversaire ce ne sont pas les forces de l’argent. Mes moyens à leur encontre sont par trop dérisoires pour ne pas dire ridicules…
Non, moi, intermittent du spectacle, mon adversaire c’est la précarité de tous ceux qui font le spectacle vivant. Artistes, musiciens, danseurs, comédiens, régisseurs, administrateurs… mais aussi ceux qui le diffusent, théâtres, salles de spectacles, petits lieux, associations, municipalités…mais aussi, et surtout, ceux qui font… qui devraient faire…qui voudraient faire le public.
Moi, intermittent du spectacle, mon adversaire c’est la précarité de tous et de chacun et l’absence de perspectives à long, à moyen, à court… à très court terme.
Moi, intermittent du spectacle, mon adversaire c’est l’ignorance des difficultés économiques, pratiques, culturelles et éducatives de tous et de chacun quelque soit sa catégorie sociale.
Moi, chanteur, auteur-compositeur, artiste, colporteur de chanson… mon adversaire c’est l’ignorance et le mépris des autres…
mon adversaire, c’est l’ignorance et le mépris de l’autre.
Laurent Berger
Rémo Gary président ! je vote pour lui ! à condition qu’il continue à chanter !!!
On retrouve dans cette diatribe toute l’humanité du Grand Chansonnier.
Toutefois je partage l’avis de certains.
C’est pas judicieux pareille intervention.
Il y a d’autres façons de militer d’autres occasions, d’autres endroits.
Imaginons que chacun des Artistes programmés fassent la même chose sur des problèmes sociétaux, récurrents d’ailleurs , la cacophonie qui en résulterait, l’embarras dans lequel se retrouverait l’organisation déjà fragilisée chaque année un peu plus par la conjoncture.
Le public paie sa place il n’est pas venu pour un meeting politique.
La charte qui d’ailleurs devrait être établie par l’organisateur de ce fait n’est pas respectée.
L’engagement est dans la chanson de l’Artiste et uniquement, chacun des écoutants faisant son marché librement.
A bon entendeur, Salut!
Christian.
De quelle charte est-il question? Les artistes signent un contrat, il y a une charte en annexe ? Si j’ai bien suivi, le contrat définit le temps de la prestation, à respecter, pas le contenu… Si l’artiste choisit une chanson de 6 mn au lieu de 2 chansons de de 3 mn, c’est son choix… En engageant Rémo Gary, l’organisateur sait bien qu’il n’engage pas un néo-Barbelivien, ou Frédéric François, sans être désobligeant…
Franchement, soyons sérieux : que représentent quelques minutes du temps si précieux du spectateur, pour que l’on s’effarouche pareillement d’une prise de parole assumée d’un artiste ou d’un technicien en lutte ?
Et que cette prise de parole soit maladroite ou talentueuse, elle a le mérite d’exister : même si agir est préférable, mieux vaut parler que se taire…
Au vu de ce que nous -intermittents, intérimaires, précaires ou, tout simplement, citoyens- subissons de la part de ceux qui président à nos destinées, ne trouvez-vous pas légitime de profiter d’une tribune dont la majorité de nos semblables -les sans-voix- sont perpétuellement privés ?
Les médias (ceux qui parlent au plus grand nombre) ne se font en aucun cas l’écho de ce que ces mauvais marionnettistes manchots qui nous dirigent nous font réellement subir.
Et bien, pour ce qui me concerne, je préfère mille fois la parole révoltée d’un Rémo Gary -que l’on ne peut suspecter de calculs- à un silence si indigné soit-il, et d’où qu’il provienne.
À bon entendeur, salut.
@+ Franck Halimi (52 jours de grève de la faim, passés sous silence par les médias de masse, pourtant abondamment informés de cette action)
« C’est pas judicieux pareille intervention. » mais si je comprends bien, ça ne sera jamais judicieux, ni sur scène ni ailleurs !
« l’organisation déjà fragilisée chaque année un peu plus par la conjoncture. » mais c’est qui la conjoncture ?
Oui parlons-en… c’est parce que nous ne sommes pas assez à ouvrir nos gueules que tout devient de plus en plus fragile et que la culture, pour de plus en plus de gens, fait partie du « superflu inaccessible » et que les collectivités sont étouffées ! Dans son mot d’ouverture du festival, Edouard Chaulet, maire de Barjac, nous disait entre autres choses:
« Le paiement de la dette dépouille les collectivités et la culture souffre en premier des restrictions budgétaires.
Je n’ai aucune certitude pour l’an prochain sinon que comme dit V HUGO « le coût de l’inculture est la barbarie. »
Oui, le fond du problème est bien là, on se laisse bouffer la laine sur le dos, c’est aussi là que le bât blesse !
« La charte qui d’ailleurs devrait être établie par l’organisateur de ce fait n’est pas respectée. » mais c’est quoi, ça ? on voudrait bâillonner les artistes qu’on ne s’y prendrait pas autrement ! un artiste est aussi et TOUJOURS un citoyen, il me semble ? et dans son propos, l’artiste Remo Gary a juste été cohérent avec lui-même. Et comme l’a dit précédemment Franck Halimi, il a juste pris 5 mns sur le temps de son concert pour nous dire ce qu’il a sur le cœur, il n’y a pas passé tout son temps !
Allez Remo, chante encore, gueule aussi, tu ne seras pas tout seul !
Hello!
J’ai craqué, je m’étais promis de ne plus intervenir dans les commentaires sur les sites en général.
Difficile de se défaire de cette addiction au clavier de cette prothèse dont on se sert avec maestria, chacun convaincu de détenir la vérité et on descend de moins en moins dans la rue pour manifester solidarité et désapprobation.
Vous avez raison Franck à propos des médias nous ne le savions pas.
Je salue donc votre courage et votre détermination.
Mon commentaire se voulait juste un peu nostalgique de l’époque où le prétendant à la notoriété venait mouiller la chemise, se frotter aux quolibets, sans subsides et tenter vainement pour une grande majorité de se faire un nom en haut de l’affiche.
Un militantisme fédérateur dans un premier temps pour lutter plus efficacement contre les dérives que l’on retrouve dans toute corporation vous sera salutaire il me semble.
La Culture est sans relâche, menacée, bafouée, on sait pourquoi.
Vous êtes les Artisans de ce combat pour lutter contre la médiocrité de nos sociétés et pour abonder à la fontaine de Jouvence de Laurent, combattre l’ignorance et le mépris, terreau d’un populisme grandissant et préoccupant.
Bien cordialement,
Christian.
Allons Rémo, c’est pas sérieux ! « Totalement niais », « simplifications désopilantes » s’est même permis de dire un certain « Rob » (comme il est facile d’insulter sans le moindre argument !) Et oser une vraie parole d’engagement, « ce n’était pas le lieu » a renchéri Marc Gicquel. C’est vrai, quoi , Rémo, tu pourrais faire attention à ce que tu dis en pareil lieu. Tu pourrais par exemple, sur le ton de la plaisanterie, critiquer les élus – mais de tous bords évidemment – faire rire en te gaussant des mésaventures conjugales ou extra conjugales de tel ou tel, t’insurger contre la guerre en général, évoquer avec des trémolos la misère dans le monde, dénoncer le manque de libertés dans les dictatures, amalgamer mine de rien Castro et Bachar, renvoyer dos à dos le peuple de Palestine et les dirigeants d’Israël, et à la rigueur verser une larme sur le sort des intermittents du spectacle, mais sans insister. Voilà les comportements que l’on attend d’un saltimbanque, et qui ne t’auraient pas attiré les foudres de Monsieur Rob.
Mais qu’est-ce qui t’as pris ?
Depuis quand un chanteur peut-il ainsi prendre fait et cause pour le peuple palestinien ? Passe encore au théâtre, et même là, ce Genet, était-il vraiment fréquentable ? Et ce Gatti ?
Mais un chanteur ! Impensable ! Et oser émettre une opinion politique, critiquer un gouvernement, fût-il un ramassis de menteurs, non, vraiment tout cela est bon pour le café du commerce, qu’il a dit le monsieur.
Il faut te le tenir pour dit : un chanteur qui se mêle d’être un citoyen, c’est inconvenant !
Cela me rappelle ce ministre du temps de l’ORTF qui donnait pour consigne au directeur de la télé à propos de Jean Ferrat : « qu’il chante à la rigueur mais surtout qu’il ne parle pas ! »
Mais revenons à cette soirée de Barjac. C’en était comique, la tête des bien pensants, des tenants de la gauche molle à la fin de ton speech. On aurait dit qu’ils se sentaient morveux. Très mal à l’aise aussi lors de l’accueil chaleureux réservé à Madame Leïla Shahid. Oh ! Les mines contrites de quelques sionistes plus ou moins honteux ! Vraiment, ce maire de Barjac, il exagère lui aussi ! Il « abuse » de son « pouvoir ».
Bref, tout cela est plutôt attristant, le pire étant de laisser entendre qu’une fois sur scène, un artiste doit laisser ses opinions au vestiaire au nom de je ne sais quelle charte déontologique. Autocensure obligatoire ! On croit rêver.
Mais ces réactions sont normales – tu les attendais – et c’est surtout pour ces personnes là que tu as pris la parole ! Et au final deux ou trois « réactions réactionnaires », c’est assez peu. Et qui sont bien pauvrement étayées, en comparaison de la double intervention de l’ami Daniel Maillot. Si j’ai ajouté mon grain de sel, alors que je ne suis jamais intervenu dans aucun site de discussions, c’était pour qu’il se sente moins seul.
Et surtout, Rémo, ne cède rien, continue ton travail de chanteur citoyen. Comme aurait dit le camarade Fajardie, tu es « un homme en harmonie ».
Si je me permets, Bernard, de répondre à votre message, ce n’est pas pour intervenir dans ce débat. Car c’en est un et, que je sache, tout le monde a le droit d’y intervenir. C’est moi qui ai pris l’initiative de publier ce texte (avec l’accord de Rémo Gary) car il me semble que c’est un document intéressant qui peut nous éclairer plus encore sur cet artiste – et par lui sur l’état de notre société – que nous suivons ici particulièrement (tant que j’ai parfois l’impression d’être un peu son biographe). Non, si j’interviens, c’est pour réagir à ce mot passe-partout, valise, de confort, qu’est celui de « réactionnaire ». Le terme est stupide et ne veut rien dire. Ou alors nous sommes tous le réactionnaire de l’autre. Rob comme Marc ne sont pas plus réacs que vous et moi : ils ont juste donné ici, en commentaire, leur point de vue. Qui est, comme le vôtre, comme le mien, infiniment respectable, responsable. Il nous faut éviter d’utiliser des termes bien plus gros que nous, que nous ne contrôlons pas : redonner de la valeur aux mots, ce n’est pas les dévaluer en les utilisant n’importe comment, à tort et à travers.
Ceci dit, à titre perso, j’aime beaucoup votre commentaire.
« Eric Nadot (qu’il me permette de le citer) m’a répondu lors d’un échange le lendemain, que sans doute Rémo avait l’impression que les gens écoutaient ce qu’il chantait, sans pour autant l’entendre,« »
C’est quand même ce qui arrive assez souvent, à pas mal d’artistes, même très connus, comme Lavilliers qui voyait une foule danser en riant sur une chanson parlant d’une guerre civile tragique… Une chanteuse, auteur, a entendu un radioteur qui venait de zapper plusieurs chansons de son album, (trop sérieuses, ou pas assez dansantes) choisir une chanson plus guillerette pour ses auditeurs, car la musique était entrainante, certes, pour parler d’une femme qui meurt sous les coups de son chéri … Mais un de ces jours, on pourrait bien entendre « Nuit et brouillard » en version disco pour frétiller dans les dance-rooms, après tout Ferrat avait pensé à twister les mots pour mieux les diffuser, mais est-ce qu’on les aurait mieux entendus ?
Merci, Michel et d’accord avec la remarque sur le mot « réactionnaire ». Et mille excuses si cela a pu froisser qui que ce soit.
Vidéo de Martine Fargeix. Merci.
Tommie Smith et John Carlos levant le poing à Mexico… hors contexte sportif, ce n’était pas le lieu ??? Picasso dessinant Guernica… caricature ? Balavoine apostrophant Mitterrand à la télévision… ce n’était pas l’endroit ?
J’étais ce soir là à Barjac et j’ai applaudi Rémo Gary qui a eu le courage de dire ce qu’il ressent aujourd’hui de ce monde qui ressemble tant à tous les mondes qui nous ont précédés. Les leçons de l’histoire n’ont servi à rien. Des hommes, des femmes, de tous temps se sont dressés, révoltés pour que ça change. On les a tués, bâillonnés, emprisonnés. Aujourd’hui, la liberté d’expression en France, héritage du siècle des lumières, de Rousseau, de Voltaire, existe. Et voilà que soudain, il ne faudrait plus rien dire… chanter oui… et encore, si ça continue, ne pas chanter trop fort en s’excusant presque d’être là. A l’aube noire du réveil de la bête immonde, se taire et attendre. Quels artistes aujourd’hui en France ont encore cet esprit de révolte et de partage, ce courage de conserver leurs convictions et de prendre le risque, car c’en est un, de vouloir les partager, d’éveiller ou de réveiller les consciences endormies ou ignorantes? Les détracteurs de Villon, de Richepin, de Brassens, de Ferré ont fait une belle descendance… Remo Gary a cette noblesse d’être un homme de conviction avec peut être ses maladresses mais c’est un homme debout. Debout comme je l’ai été ce soir là à Barjac tandis que quelques uns étaient restés assis. Je terminerai en rappelant que lors de la lecture de ce texte, lorsque de très nombreux spectateurs ont applaudis, Remo Gary a eu ce geste de la main paume ouverte, un geste de pudeur incitant à la retenue. Remo Gary est simplement un citoyen qui ce soir là a tenu à déclarer, à partager son engagement et ses convictions dans cette société, dans ce monde mais n’avait rien d’un tribun embrigadeur ou exhorteur de foules. Merci à lui pour ce qu’il est et surtout qu’il ne change pas.
Oui, il devient extrêmement compliqué de simplement « dire les choses telles qu’elles sont ».
Et celui qui « ose profiter » d’une tribune -quelle qu’elle soit- se voit immédiatement « réduit » et caricaturé (et souvent par des « bien-pensants »).
Même si je n’aime pas particulièrement Guy Béart, il a chanté des choses jusqu’alors tues et, en particulier, dans sa chanson « La vérité » (ré-écoutez-là vraiment : elle illustre bien le présent débat).
Et si je reviens aujourd’hui sur cette discussion, c’est aussi parce que hier, des copains de la Coordination des Intermittents et Précaires ont occupé le chantier de l’hôtel de luxe Le Lutetia : allez donc faire un sur le site http://www.cip-idf.org pour comprendre pourquoi, depuis 11 longues années, nous croisons nos intelligences pour comprendre ce qui est en train d’arriver à la société.
Et vous finirez peut-être par comprendre pourquoi mettre la tête dans le sable n’a jamais empêché de se prendre des coups de pieds dans le cul…
J’aime pour ma part ce rebondissement des commentaires qui démontre bien que ce site est vivant ! Merci à vous tous qui y participez avec tellement de pertinence.
Je crois qu’ici nul ne contestera jamais les qualités d’ »homme debout » de Rémo et je dois ajouter aussitôt qu’ils sont nombreux à l’être comme lui, du moins dans ce que je peux entendre très régulièrement dans les chansons d’aujourd’hui.
Quelle superbe référence que le tableau de Guernica puisque c’est bien avec toile et pinceaux, avec son talent de peintre que Picasso a laissé ce cri de révolte et non avec un discours semé quelque part dans un espace où il aurait exposé, pour simplement poursuivre la comparaison..!
Toute la question est là !