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Séranne : qui va sans piano va bravo

Philippe Séranne (photo non créditée prélevée à sa page facebook)

Philippe Séranne (photo non créditée prélevée à sa page facebook)

Vendredi 1er août, entre quatre montagnes. Silence dans la salle. On ne tourne pas, on voyage. Les images défilent à un rythme qui suit la pulsation. « Il porte contre son vieux cœur tendre / Une fleur serrée et une flamme dorée » : Séranne pose les derniers mots de Riga qui sonnent, longs en bouche, cymbale et contre-chant de l’accordéon perpétuant les mots. « Ça, c’est fort », entend-on ici et là, parmi l’auditoire de l’Anecdote.

Revenu sur la petite scène perchée du Vercors chez d’autres « Barj’ de la chanson » où l’on ne compte plus ses passages, Philippe Séranne, le fou voyageur, a toujours l’amour et l’humain à la langue serrée de vers… et le goût pour bien s’entourer. On le connaissait jusqu’à présent accompagné de son piano (entre autres instruments) ; c’est sans qu’il nous revient, et cela lui va fort bien.

Après sa dernière formation sur Je suis le fou arrangée par Serge Folie, puis des duos piano-chant flottants et piano-percussions, il semble en effet avoir trouvé le juste équilibre, folie sans compromis mais en mesure avec Patrick Reboud et Mickaël Paquier, deux musico-trafiquants de génie autant à l’aise sur accordéon et batterie que sur tringle à rideau et casseroles. Le « saltimbanque mondialisé » et ses musiciens seraient-ils tombés dans cette mode de la récup’, recyclant non seulement instruments mais aussi chansons usagées ? À en croire le silence qui s’installe dans la salle emplie, on parlerait davantage d’énergie renouvelée. Comme dit Musil – un autre génie en son genre – « au lieu de vouloir être originaux, les gens devraient apprendre à s’approprier. » Et c’est bien cela, c’est la musique rendue aux mots et le mot sublimé de musique ; une musique qui ne creuse plus le ciel à la Baudelaire mais nos âmes tripant en nos peaux, toucher d’un Apollinaire de la percu, doigté d’un Dionysos de l’accordéon. À chaque amorce, on croit entendre un nouveau texte, mais bien vite mots et mélodies se font familiers, il y temps et espace pour que son se libère ; et les mots qui serrés au piano vous étourdissaient, tout gorgés de poésie, s’énoncent tranquilles, énergisés des arrangements de Mickaël et Patrick qui ne se contentent pas d’une simple batterie ou d’un accordéon, mais des sonorités plus « exotiques » (exotisme d’origine anglo-saxonne) d’un dulcimer et dulcitone. « Avec ces instruments, on est emmenés, on voyage dans des univers différents », commente une spectatrice, visiblement envolée.

En voilà en effet un vent agréable dans la chanson ! Devant un texte roi, la musique se fait sa place : ce n’est plus un accompagnement, c’est un dialogue,et du même coup un chant plus maîtrisé et une interprétation qui prend de l’aile. Et entre ces quatre montagnes, on en ressort avec eux tout revigorés aux nouvelles textures d’un Séranne qui désormais va sans piano.

 

Le site de Philippe Séranne, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit de lui, c’est là. http://www.dailymotion.com/video/xgyam2

4 Réponses à Séranne : qui va sans piano va bravo

  1. Norbert Gabriel 3 août 2014 à 18 h 26 min

    L’extrait de spectacle me rappelle Gérard Ansaloni, qui faisait ce genre de grande envolée lyrique de mots et de musique, c’était chez Saravah, il y a bien 15 ans … J’aime beaucoup de genre d’artiste. Bravo Séranne !

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  2. Danièle Sala 3 août 2014 à 23 h 14 min

    Un magnifique plaidoyer pour la terre et pour l’homme universel , avec un accompagnement musical discret et efficace .

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  3. Philippe Séranne 5 août 2014 à 17 h 33 min

    super Agnès… quel pied de te lire, de se lire dans ta plume !
    et pour mon vieux compagnon d’ivoire et d’ébène, je ne résiste pas à donner en lien ce petit reportage flottant…
    http://api.dmcloud.net/player/pubpage/4e709e80f325e11e5f000025/539c19549473991075463051/f1994a3482a4485791bf7e99e5dcd054?wmode=opaque

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  4. Agnès André 7 août 2014 à 17 h 53 min

    Au plaisir de venir flotter au gré de nuances d’ivoire et d’ébène.
    Danièle, je dirais même plus qu’un accompagnement pour cette dernière formation: une conversation (sans sourde oreille) magistralement instrumentée!

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