Blanzat 2014 : Kent, juste quelqu’un de bien
Mardi 15 juillet 2014, 10e Rencontres Marc-Robine, Blanzat (63)
Incontestablement Kent a de l’élégance et son duo piano voix avec le berlinois Marc Hausmann n’en est que plus efficace pour dessiner au firmament de la Chanson ses lettres capitales. L’homme n’a plus 20 ans, et alors ? Qui songerait à s’en plaindre ? Il a le visage buriné de ces vieux loups de mer qui se sont aguerris à toutes les tempêtes, aux gros temps de la vie, aux coups de blues comme aux coups de sang. Le temps a laissé son empreinte mais nourrit sa création. Et sa silhouette est celle d’un jeune premier à vous en rendre jaloux, messieurs !
L’interprète debout derrière son micro, a la voix sûre et le geste précis sans jamais se défaire de cette maîtrise de tout incident en scène. Chaque mot dit est un mot qui fait mouche, sans rien qui pèse. On admire, oui, cette maîtrise là, qui laisse croire que l’échange avec le public est un don. Même quand larsen s’invite malencontreusement, l’humour de Kent sauve la situation ! C’est vrai qu’on eût aimé sans doute de meilleurs réglages sonores pour un tel concert. Mais ne faisons surtout pas grise mine. Ce serait tout bonnement injuste !
Simple et efficace Kent ! Et lorsqu’il esquisse au gré des chansons, guitare en mains, la chorégraphie du rocker du temps des Starshooter, il l’est tout autant ! Il n’a rien perdu des ses vingt ans, quoi qu’il en chante.
Le plaisir a plus d’une fois frôlé son zénith ce soir. « Et si c’était un jour sacré où la vie ne pèse plus des tonnes ? » comme il le chante en ouverture. Il nous promène dans les cheminements intimes d’un chanteur qui croise d’autres vies dont il dessine élégamment (encore!) les silhouettes, de l’homme aimant ébahi devant son amour qui résiste au temps, ou bien dans les souhaits et les regrets qui sont en chacun de nous, « rien n’est fait pour durer, ni les joies, ni les peines »… Lucidité sans perdre jamais l’envie d’en découdre. Volontaire toujours.
Dans ce florilège d’instants suspendus, retenons ceux offerts par la reprise de Brel, Avec élégance, chanson peu connue qui colle si bien au Kent d’aujourd’hui, et cette évocation quasi épique du parcours de l’humanité qui cherche à repousser les frontières de la nuit, de la flamme vacillante de la bougie au brasier nucléaire. Des balles de ping-pong jetées alors sur les cordes du piano à queue offrent une surprenante ambiance sonore où l’on retient plus encore la virtuosité du pianiste,discret et élégant partenaire !
Alors tout est réuni pour se dire : voici venu Le temps des âmes.
Le site de Kent, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit de Kent, c’est là.
Et merci à Danièle Sala pour ce qu’elle sait, qui nous permet cette correspondance en léger différé de Blanzat.
« Silhouette de jeune premier », et quel déhanché ! j’ai découvert Kent et Marc, son pianiste virtuose, hier soir sur scène, et c’est autre chose qu’une simple écoute d’album, malgré, il est vrai, quelques problèmes de sono. Une sacrée belle soirée, et en plus le plaisir de rencontrer Claude !
un remarquable artiste sur scène et dans ses albums – j’aime bcp !