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Louki/Leprest : Elzière et ses deux ailes…

Claire Elzière (photo Lionel Isy-Schwart)

Claire Elzière (photo Lionel Isy-Schwart)

C’est un bien bel endroit que le Théâtre de l’Opprimé, niché, caché presque, le long des voies ferrées de la gare de Lyon, au fin fond du XIIème arrondissement de Paris.

Ancien hangar industriel transformé en petit théâtre, équipé de confortables gradins, à la scène de plain pied adossée à un beau mur de pierres de taille apparentes, le tout est à échelle humaine, vivant, convivial tout simplement… 
C’est dans ce petit cocon que Claire Elzière se produisait ce soir-là, avec à ses côtés (et de quelle façon !) son guitariste Dominique Cravic ainsi que le fidèle Grégory Veux au piano, façon pour eux de roder un nouveau répertoire et de préparer le concert à venir à l’Européen en septembre prochain, le 27 exactement pour répondre aux plus impatients d’entre vous, chers EnLecteurs
Le-dit spectacle fêtera dignement la sortie (le 24 août, patience...) d'un album hommage à Allain Leprest, album présentant nombres de textes inédits mis en musique, entre autres, par Dominique Cravic, guitariste de Claire Elzière et pilier émérite des Primitifs du Futur.

Le-dit spectacle fêtera dignement la sortie (le 24 août, patience…) d’un album hommage à Allain Leprest, chez Saravah, album présentant dix textes inédits de Leprest ‘(ainsi que quatre reprises, avec les voix de Dominique Cravic, Pierre Barouh et Sanseverino)) mis en musique, entre autres, par Dominique Cravic, guitariste de Claire Elzière et pilier émérite des Primitifs du Futur. Nous reviendrons sur cet album lors de sa sortie.

La première partie de soirée fait la part belle aux créations de Pierre Louki, dont Claire Elzière était très proche et dont elle s’est attachée avec grand talent et grande sensibilité à faire vivre et revivre les textes souvent pétillants et poétiques.

Pourtant quelque peu desservie dans un premier temps par une acoustique un peu approximative (en tout cas pour de la chanson…), elle nous emporte bien vite dans son petit monde sans affèteries, maitrisant une parfaite expressivité qui fait d’elle une interprète hors-pair, ce qui est loin d’être donné à tout le monde, à commencer par certains artistes interprétant leurs propres créations…
Louki, donc, dont on retrouve avec grand plaisir certains titres comme Rimes ou Grand-père (dont la pendule tournait à l’envers), ou bien encore l’inénarrable Charlotte ou Sarah, mis en musique en son temps par un ami, un certain G. Brassens.
La belle connivence complice entre les trois artistes est palpable sur scène, et plus encore lorsque s’élèvent les premières notes d’une chanson de Leprest fraichement habillée des notes de maitre Cravic, et interprétée ce soir là pour la toute première fois en public.
Inutile de dire que ces instants ô combien émouvants donnent aux spectateurs présents l’impression de vivre un réel privilège et d’assister là  à une belle (re)-naissance.
Les titres s’enchainent, parmi lesquels L’horlogerMarabout tabouEntendez-voir ou Vie d’ange/vie d’ordure, et dans la salle, les poils des avant-bras sont au garde-à-vous, je vous garantis…
Pour quelques instants, un violon agile vient promener ses trilles entre les mots de Claire et s’envole, façon Didier Lockwood, en de folles volutes effarouchées se heurtant du bout de l’aile au toit du théatre.
Me retournant à un moment donné, je vous jure que j’ai vu l’Allain assis discrètement dans le haut des gradins, avant de s’éclipser en douce, un petit sourire malicieux au coin des yeux plissés…
Toute en simplicité et en épure, Claire Elzière donne vie ensuite à de très beaux titres de Juliette (Tu ronfles), Barbara (Mes insomnies), Ferré (La lune) ou Chico Buarque, traduit par Bia, ainsi que le très beau Tout ça n’a plus grande importance d’une certaine… Claire Elzière, eh oui..!
Campée au centre du plateau, le coeur aussi nu que les pieds, élégante et touchante, elle est sans conteste une des plus touchantes interprètes qui soit.  Allez, encore un petit Louki pour la route, par exemple l’extraordinaire farandole bastringue de La main du masseur mis en musique par Gainsbourg, un bel exercice de diction dont la belle se sort haut la main !
Déjà les rappels et, cerise suisse sur ce succulent gâteau, deux chansons qui ne nous font pas prendre l’Helvétie pour des gens ternes : Balade« de Bel Hubert, le chanteur-garagiste (« J’fais des boulettes avec le vent… ») repris à trois voix par les trois comparses, et puis le si beau Joli foutoir de Sarclo, un monument d’écriture et de tendresse (« La vie savez-vous n’est pas longue / et à faire les choses à moitié / on la traverse à peine et / voit qu’on est passé à côté… »).
Pas mieux !
 
Le site de Claire Elzière, c’est ici.
 
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9 Réponses à Louki/Leprest : Elzière et ses deux ailes…

  1. Odile 3 juillet 2014 à 8 h 41 min

    Encore une belle surprise de Claire et ses musiciens!
    Je me régale avec « le voyage de Django ».
    Pierre Louki, Allain Leprest, voilà de quoi nous combler avec cettre grande interprète!
    Merci Claire

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  2. Norbert Gabriel 3 juillet 2014 à 11 h 03 min

    Claire Elzière et Louki, c’est une belle histoire, qui a amené Pïerre Louki à rencontrer la bande à Cravic, ces formidables Prim’Duf’, qui lui ont donné, enfin, un environnement musical en harmonie avec sa poésie loufoque et jubilatoire. C’est aussi un bel album, « Un original 13 originaux » des chansons que Louki avait laissées dans ses cartons, et qu’il a confiées à Claire, mises en musique par Gregory Veux et Dominic Cravic.
    C’est aussi un bel entretien – 93 mn- qui figure dans un DVD concerts de Pierre Louki (filmé par Jean-Claude Guiter, suite à une rencontre entre un auteur de 4 fois 20 ans et sa jeune interprète qui a commencé vers 25 ans à se « Loukiser » … DVD chez Frémeaux, en 2008.

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  3. Norbert Gabriel 3 juillet 2014 à 15 h 11 min

    La violoniste aérienne, c’est l’excellente Mathilde Febrer, une violoniste swing de haut vol…

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  4. Patrick Engel 3 juillet 2014 à 15 h 35 min

    Mais quel talent, mon cher Norbert !
    Et merci pour cette précision supplémentaire…

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    • Norbert Gabriel 3 juillet 2014 à 17 h 32 min

      Entre Claire, Greg, Dominic et moi, c’est une vieille histoire de 15 ans.. Déjà…Il y en aurait des choses à dire …

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  5. Odile 3 juillet 2014 à 16 h 28 min

    Ces messieurs ont vraiment du talent pour décrire , ces trois complices , avec l’envol du violon cela fait quatre!
    Le charme de Claire opère, n’est ce pas Patrick et Norbert?

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  6. Norbert Gabriel 3 juillet 2014 à 17 h 13 min

    Entre les 3 mon coeur balance (en tout bien tout honneur) les 3, Claire, Grégory et Dominic… qui sont indissociables dans cette belle histoire, plus de 15 ans de complicités -au pluriel- et de belles rencontres … Avec la bienveillante attention de Pierre Barouh et Henri Crolla… deux magiciens de l’art des rencontres. Même 40 ans après sa mort, Crolla continue à provoquer des rencontres exceptionnelles …
    J’ajoute que je dois aussi à Claire et Dominic, la découverte du Bel Hubert, la première fois que je l’ai vu (en scène) il a enfilé une suite de chansons gaudrioles assez… lourdingues. Mais la chanson que Claire a mis a son répertoire est un bijou… Comme quoi, tout peut arriver… Tout comme la chanson de Sarclo, un bijou…

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  7. Patrick Engel 3 juillet 2014 à 17 h 56 min

    Heureusement que ce n’est pas Norbert qui a commis le papier ci-dessus, là pour le coup, il y avait corruption active et recel d’influence caractérisé, c’est très à la mode en ce moment…

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  8. Eddy Bonnebouille 7 juillet 2014 à 6 h 10 min

    Le même (beau) concert, vu sous un angle un peu différent: http://www.froggydelight.com/article-15022-Festival_MigrActions_7_edition_2014_1er_jui.html :-)

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