Dick Annegarn, c’est simple comme le vélo
par Gérard Poli,
Dick Annegarn fête ses 40 ans de carrière, Olympia, 26 juin 2014,
Dick Annegarn, c’est simple comme le vélo; Vélo va est d’ailleurs le titre de son dernier album sorti chez Tôt ou tard. On découvrira, dans ce spectacle à « la grande MJC de l’Olympia » (sic), l’imagerie du vélo tant dans la scénographie avec de grandes roues en fond de décor, traversées de lumières tournantes, que dans la”dramathurgie” du spectacle. Il se suit telle une grande boucle amicale, où on fait étape dans différents paysages de passage.
Dick Annegarn fait son entrée sur scène en poussant une bicyclette : hollandaise ? Une guitare à l’arrière comme un sac à dos de grand ado. Il avance avec sa démarche de champion inoffensif et, petit à petit, son peloton de musiciens à cordes le rejoint : violoncelle, violon, alto, un guitare, harpe. Le ton est donné pour ce voyage musical : on empruntera un moyen de locomotion à hauteur humaine. Certes on y trouvera des péniches, des motos, des avions, des trams, mais le vélo ça se déplace à l’énergie humaine et c’est là le moteur de Dick Annegarn.
Ça commence par une chanson de solitude en attente d’amitié, puis, au gré des titres, on sort des sentiers battus, le cadre se tord, les paroles s’envolent vers de nouveaux sens, les harmonies s’aventurent vers des sonorités jazz ou blues. Les tempi se transforment en des cycles à cinq temps. Ça cahute, ça s’arrête, ça groove et tout ça roule.
On voyage au Maroc, en Tchéquie, en Afrique noire, sur les bord du Mississippi. Des échappées d’harmonica, de xylophone, des duos avec chaque instrumentiste auxquels s’en ajoutent d’autres avec des chanteuses : un avec Yael Naïm nous entrainant vers le gospel comme un chant premier, puis un autre avec Emily Loizeau où elle décolle à coté de notre drôle d’albatros… Arrive un acolyte masculin à veste frangée, aux faux airs de Dylan, référence commune entre Raphaël (c’est lui) et son ainé : des complicités douces, la déférence souriante des plus jeunes souligne la liberté du grand hollandais volant.
Et si on pense que certains artistes vivent dans leur chanson, que c’est d’eux même dont ils parlent, quand ils parlent si bien aux autres, Le bébé éléphant, est-ce notre Dick ? Ce grand enfant exilé recherchant sa tribu, avec ce long corps un peu encombrant : ”Quelle tribu voudrait m’adopter / Je suis un égaré sans carte d’identité /Je me plierai à vos coutumes / Si vous acceptez mon volume “. Et ce « zouave », tel qu’il se définit, serait toute proportion gardée comme Brahim Alham, un tirailleur combattant ayant passé des années en langue étrangère à servir la chanson de France. Puis on se laisse aller à se demander si Annegarn dans ces moments d’infortune, n’aurait pas retrouvé, chez son compatriote Vincent Van Gogh, comme un double : « Théo, c’est beau un tableau vivant / Théo, il faut que tu m’envoies de l’argent. »
Bien sûr Bruxelles, Mireille, Sacré géranium, Ubu, sont des classiques d’étapes qu’on redécouvre ici, et avec elles de nouvelles contrées, peuplées d’oracles, de piano, d’enfant, tout simplement de gens.
On se retrouve debout à applaudir sans même avoir eu à réfléchir. On est là heureux d’avoir vu un homme de spectacle, un homme libre, sans imposture, nous donner envie de le retenir par la manche pour qu’il reste parce que on vient juste de se retrouver… Et puis… il faut toujours partir….
On quitte l’Olympia un peu nostalgique, fredonnant quelques notes approximatives, certain que Dick Annegarn c’est comme le vélo : ça ne s’oublie jamais !
Le site de Dick Annegarn/Tôt ou tard, c’est ici. Ce que NosEnchanteurs a déjà dit de Dick Annegarn, c’est là.
Belle balade en vélo cet article , un vélo ailé qui nous mène en musique dans un voyage fraternel et coloré .