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Nordine Le Nordec : séduction et persiflage, rare constance

photoSon précédent et premier album le présentait sur fond de peau léopard ; celui-ci le voit en un superbe maquillage mi tacheté mi zébré. Rare constance, donc. Explication de l’intéressé, façon Lavilliers : « Je suis le fils adoptif d’un léopard et d’une zébrette. Six mois après ma naissance, alors que nous survolions le massif vosgien, notre avion s’est écrasé. Je fus le seul survivant et n’ai échappé à la mort que parce que j’ai eu la chance d’être adopté par ces deux merveilleux animaux qui firent mon éducation. » Rare constance, y compris dans l’intitulé de ces deux opus. Le premier se nomme Ça commence mal, le suivant Ça s’arrange pas : on ne peut pas dire que Nordine Le Nordec trompe son monde. La seule et singulière rupture, c’est au niveau de la bande son : de musique manouche il passe à plutôt rock. Et ça lui va drôlement bien.

Le Nordec ? Des chansons bien secouées, sympas, faites d’entrain, de combats, d’autodérision et d’un traitement pour le moins singulier de l’actualité, des « chansons à la con » comme il le chante même si c’est pas vrai : comme ce « C’n'est pas grave si tout va mal / Ça ira mieux / Avec le retour de Dieu » où chaque couplet s’achève par un dieu différent : y’en a pas mal en catalogue. L’art de Le Nordec se situe entre Gotlib et Les Fatals Picards (La fin du monde aurait pu être chanté par eux…) : un ton plaisant, jovial, à peine au second degré, qui vous balance plein de choses importantes avec l’intelligence et le mordant du léopard. Mariage homosexuel, viande de cheval, régimes minceurs, conduite de vieux, livraison à domicile (bel inventaire de survie que cette chanson-là, cette s.a.r.l Nicolas-Hulot), tout y passe. Même, sur lit de violon et de piano, Une fille tellement jolie : là, le sujet est grave et la tonalité différente, c’est de violence que Nordine nous entretient…

Entre deux disques, deux zébrures, le talent et la technique de Nordine Le Nordec se sont affinés : le côté un peu amateur du premier s’est mué en un exercice solide pour chanteur aussi séducteur que franchement persifleur : précision presque chirurgicale des mots, solidité de l’interprétation, griffes soigneusement acérées à la lime à ongles, notes en folie. La forme tranche avec le fond, le rire le dispute à la colère, et c’est de cette querelle artistique que naît et vit ce registre si particulier, si probant, que nous ne pouvons que vous recommander. Qui plus est chaudement.

Nordine Le Nordec, Ça s’arrange pas , Baboeup/Art-Disto 2014. Le site de Nordine Le Nordec, c’est ici.

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Une réponse à Nordine Le Nordec : séduction et persiflage, rare constance

  1. Eva Daugey 17 juin 2014 à 14 h 34 min

    Hou purée j’ai cru que c’était Vincent Baguian ! Et j’aime bien il me plait le monsieur, merci pour la découverte !

    Répondre

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