Roujan 2014 : From et Ziel, élargisseurs de mots
L’un palabre et ne fait que ça. L’autre pianote de touches en touches : les noirs et les blanches se grisent à la friction du verbe et de la verve. Féconde faconde qui t’éructe des perles de mots. ‘L’a l’art et la matière, le From, qui vide, pille le dico, trousse la rousse, en jouit, éjaculant des mots d’une rare musicalité qui redondent sous les doigts, sous les touches de Ziel. Les deux versifient en notes, en double notes, en plein comme en déliés, calligraphes qu’ils sont du son, prometteurs et promoteurs d’émotions. Avez-vous déjà vu, entendu, From et Ziel ? Ils vous emportent dans la sagesse et le torride de leurs mots, la luxuriance du verbe au doux accent des veines des Cévennes. Ce n’est ni la parler de la Canebière ni celui de la Haute, ni le parler pointu ni l’académisant, juste un slam beau comme il est guère possible, comme eux savent le dire, l’un de sa bouche, l’autre de son piano.
A une époque où le SMS réduit la pensée au format du string, eux élargissent la surface des mots, lui rendent son intelligence. Cousins des Allain Leprest, Loïc Lantoine et Oxmo Puccino, aux mots titubant pareil, tutoyant l’intelligent, ils en convoquent un autre : Ferré comme compagnon de route, comme passeur de témoin.
« Femme plurielle » c’est que des femmes : eux ont remplacé au pied levé une Melissmell malade à qui ils n’ont cessé de rendre hommage. Nous n’avons rien perdu au change.
Le site de From et Ziel.
Je trouve aussi qu’il y a du Nougaro en eux, cette façon de faire danser les mots, en saccades , et la « luxuriance du vocabulaire » . Et ils ont été doublement récompensés par les auvergnats , les 5 et 6 avril dernier : 1er prix et prix du public au tremplin carrefour de la chanson de Clermont-Ferrand .