Dick Annegarn, un p’tit vélo dans la tête
Son plus récent album, Folk talk (2011), empruntait d’autres portées que les siennes, allant glaner aux Etats-Unis, de Woody Guthrie à Elvis Presley, les grandes chansons populaires, de rock, de gospel ou de blues. Là il nous revient vers des vers par lui plus familiers à nos oreilles, de ces chansons intemporelles, ludiques et magiques comme il sait si bien les trousser depuis quatre décennies, depuis qu’il plante des géraniums et se languit de Bruxelles. Quarante ans, oui, qu’il emprunte des sentiers, des chemins pas même carrossables, loin des autoroutes du métier, pour véhiculer ses p’tites chansons.
Là, c’est pas pareil, mais c’est du pareil au même : la plupart de ces chansons-là ont été créées pour autrui, des « vedettes » de la chanson : des Calogero, Raphael ou même Hallyday. Ils ne les ont pas voulues, ou pas reçues. Renaud, lui, les aurait remises tout de go dans sa guitare. Annegarn aussi mais, gros hic, le réalisateur de l’album, Freddy Koella, l’a persuadé de faire son disque sans guitare, adoptant cependant d’autres cordes: harpe et violoncelle, mandoline et marimba : « Les cordes s’étirent, jeu se joue. ». Dick interprète ces chansons rejetées et on s’aperçoit qu’il n’avait écrit là que des chansons à sa manière à lui, ajustées à sa voix, à ses manières, à ses p’tites et grandes préoccupations, du prêt à porter style Grand Duduche, pas du cousu main à l’encolure des stars. Des chansons pour lui, comme s’il ne savait faire autre chose. Ces chansons, les voilà et c’est tout lui. S’il dit chercher « une chanson à mon image » il en a trouvé.
Pause guitare certes mais toujours vélo. Tant et si bien qu’il en fait la chanson-titre, un truc sympa façon Tati, lui aussi grand amateur de bicyclettes pour jour de fête. C’est Vélo va et ça y va ! « Rien ne vaut le pédalo / Avec pédales et avec sans eau / Qui dévale la vallée / Avec sandales et avec ses pieds » Lui qui vit une partie de l’année au Maroc garde du sable dans ses chansons et nourrit ses carnets de voyages : « J’ai pris rencard à Karlsbad / Me faire masser de mains de mine / Une croisade plus qu’une balade / Une épopée de Lohengrin. » Sur ce disque encore, Annegarn alterne la tendresse au burlesque : ici il se prend pour une prune, là il navigue dans un piano. Et, deux mille ans après, fait même fortuitement se rencontrer deux apôtres, qui se racontent des histoires d’apôtres.
Bel album que celui-ci dont d’aucuns disent qu’il est un de ses meilleurs. L’avenir et le plaisir de souvent l’écouter nous le diront.
Dick Annegarn, Vélo va, Tôt ou tard, 2014. Le site de Dick Annegarn, c’est ici. Ce que NosEnchanteurs a déjà dit de lui, c’est là.
Benedictus Albertus Annegarn, quel joli nom pour ce pédaleur infatigable qui nous ballade sur ses chemins buissonniers depuis 40 ans avec sa voix nomade et ses chansons à rêver debout.
Dick n’a pas fini de nous surprendre!
Son vélo qui vole a été aujourd’hui la tocade de Mr Philippe Meyer dans son émission » La prochaine fois je vous le chanterai »
Très bon choix!