Manu Galure, un fabuleux histrion de la Chanson
Le Bijou, Toulouse, 22 avril 2014 (et jusqu’au 25),
L’adjectif « fabuleux » dit l’extraordinaire prestation, l’étonnante, la magique mais aussi et surtout la force de l’imaginaire, le merveilleux, l’irréel… Oui, c’était une échappée belle dans l’univers d’un artiste, auteur, compositeur, pianiste, acteur. Tout à la fois !
Pour cela il a tout chamboulé. L’équipe du Bijou s’en souviendra : la scène est devenue espace de spectateurs et la salle accueille le piano et les spectateurs autour. On ne peut rêver meilleure proximité.
Pour cela aussi il a préparé son entrée avec la déroutante et jubilatoire apparition d’un descendant de Luis Mariano en costume de lumières et la voix adéquate qui entonne Mexico, puis Maman tu es la plus belle du monde… Irrésistible ce Camille Artichaut, celui que l’on découvre un peu plus tard clarinettiste dans la fanfare qui fera quelques apparitions follement festives.
Galure ponctue son spectacle de récits plus décalés les uns que les autres dans la lignée de cette phrase qu’il aime nous servir : « Les chansons c’est un peu comme les enfants, des fois on les rate, on les garde quand même ! » On se laisse prendre à ce jeu là ne sachant plus s’il improvise ou si tout est orchestré à l’avance. Evoquons sa passion enfantine pour les dinosaures qui se mue en phobie des oiseaux, ou son idée de faire un thé gigantesque avec l’eau du lac Léman et le calcul qui s’en suit. Mais je pencherais pour la deuxième proposition car c’est aussi l’univers de ses chansons, un univers à la Boris Vian, celui de l’Ecume des jours.
On retrouve ce goût du merveilleux, de l’absurde, du cocasse, que ce soit en démontant les mélodies de célèbres chansons, en modifiant leur rythme comme Boum de Trenet, ou des chansons enfantines, Ah vous dirais-je maman, Le bon roi Dagobert ou l’hymne de Chantal Goya Ce matin un lapin, ou en offrant ses délicates et troublantes créations. Pêle-mêle, extraits de plusieurs chansons : « Je serais perdu si tu ne me trouvais pas comme il faut… Je me jetterais de 39 000 mètres pour tomber sur toi », « Je vais me refaire / Je vais me reconstruire avec des matériaux plus légers », « La tête entre deux collines, tu attends que je me réveille », « J’ai replié un coin de ta peau, je reprendrai où j’en étais ». Et ce refrain, comme une supplique : Ramène-moi à la maison. Et puis cette chanson sur l’enfance, qui dérange, fait sourire et fait mal : « Maman ne veut pas que j’écrabouille les gens, alors on sort pas ».
Manu Galure puise à toutes les sources, comme cette chanson « leste » de la fin du XIXème ou celle de Marie Dubas qu’il chante a capella. On pense à Trenet (dont il reprend le répertoire à destination des enfants), à Jacques Higelin. Le rapprochement est évident avec Que de la pluie, titre éponyme (ci-dessous en vidéo) de l’EP 4 titres actuellement en vente en attendant le prochain album
Pendant 1h30, Manu Galure a tenu le public dans sa main, sa voix, son souffle, Une échappée, une évasion, un temps suspendu. Tout ce que l’on recherche dans le spectacle vivant.
Le site de Manu Galure c’est ici.
20 ans et un fabuleux talent Manu Galure ! Votre article Claude, et l’écoute de ses chansons, me donne très envie de croiser son chemin un jour prochain pour partager ce « temps suspendu » , ce spectacle merveilleux et cocasse .
Là on entend vraiment Higelin ! Je Vais me Refaire, comme Ramène moi à la maison, sont tout autres ! Et c’est ce qui est bien…
Je suis un inconditionnel depuis l’avoir vu, entendu et rencontré il y a quelques années dans un village près de chez moi. Je n’ai donc rien à ajouter au papier de Claude, sinon dire que c’est un merveilleux magicien de la chanson.
Je n’ai pas vu ce spectacle et j’ai malheureusement manqué un très bon moment comme j’aime tant ….
Heureusement je croise souvent Manu Galure que j’adore mais j’espère quelques vidéos de ce spectacle merci d’avance à ceux qui en ont de publier !!