Le talent n’est pas obligatoirement dans l’ADN…
Les soeurs Jeanne et Liz Cherhal (autoportrait)
Certains acteurs de communication devraient réviser le programme de génétique enseigné au Lycée. Ils se rappelleraient que, par les brassages inter et intra-chromosomiques, chaque parent assure à son enfant une transmission absolument au hasard de la moitié de ses gènes, qu’il n’en reste plus que le quart à la génération suivante, que des frères et sœurs peuvent avoir une proportion de gènes communs variant de 0 à 100 %, et que l’ADN ainsi passé peut se transformer, se recombiner, et n’avoir plus nécessairement la même valeur allélique d’une génération à l’autre. Ainsi la disposition pour l’écriture, la musique, l’interprétation n’est pas transmise telle quelle chez les enfants.
Par ailleurs, j’ai suffisamment interrogé d’artistes pour savoir que leur rapport à la chanson dépend surtout de leur environnement, de la place de la chanson dans l’écologie éducative familiale. C’est essentiellement cette ambiance qui a induit le goût pour cette forme artistique, et c’est la rencontre de ce climat éducatif et d’éventuelles dispositions qui est à l’origine de l’envie d’en faire sa forme d’expression, et d’en apprendre les techniques qui ne sont pas innées ! Dans leur immense majorité, les artistes ne sont pas des descendants de chanteurs, mais d’amateurs de chansons. Il n’y a pas d’hérédité du talent, juste éventuellement une prédisposition culturelle développée par le milieu familial. Faire croire que la qualité du spectacle du rejeton sera dans le sillage de celle de l’ascendant est une escroquerie.
Matthieu et Louis Chédid (photo prélevée à la toile)
Sur Arras, l’association Di dou da programme des artistes pour des festivals ou des soirées cabaret. Lorsqu’elle en assure la promotion, elle ne se retient jamais de mentionner l’ascendance des jeunes artistes. Avec une telle constance que c’en est même gênant… Ainsi, en 2009, sous la plume de Jean-Jacques d’Amore qui faisait diffuser le message dans toutes les radios du secteur, Liz Cherhal était « la petite sœur de Jeanne Cherhal » (sic). En 2012, on insistait sur la parenté de l’âme Fauve, puis sur celle de Jeanne Garraud, en 2013, sur celle de Fantine, en 2014 sur celle de Clémence Chevreau, et encore pour vendredi prochain 4 avril (venez nombreux !) sur celle de Céline Caussimon… Et les journalistes locaux exploitent évidemment un tel filon.
Ce genre de précision est une facilité qui évite d’avoir à définir le style propre de l’artiste. Il veut susciter une curiosité « people » qui n’a rien à voir avec le spectacle proposé, et qui donc risque d’induire en erreur. Mais surtout, il fait peu de cas du respect de la personne, en lui faisant entendre que les raisons de sa programmation ne sont principalement pas dues à son talent personnel ! Enfin, cela peut-être très contre-productif pour l’artiste lui-même dont l’univers se démarque de celui de son ascendant. Moyennant quoi, les chanteuses et chanteurs qui sont dans ce cas de figure préféreraient qu’on les juge sur pièces, sans avoir d’autres raisons parasites en tête.
Et les responsables de la communication sur les spectacles devraient se mettre dans la tête que le talent est loin d’être uniquement dans l’ADN et avoir le courage de trouver d’autres arguments en rapport avec les qualités intrinsèques de leur artiste.
Il y a quatre ans nous avions publié ce papier sur les fils de… http://www.nosenchanteurs.eu/index.php/2010/05/23/ne-potes/
C’est toujours ambigü ces histoires de filiation… Il y a bien 5 ou 6 ans j’avais découvert Liz (sans savoir qu’elle était Cherhal) dans une sorte de mini festival au Café de la Danse, seule à l’accordéon, avec ses Ronchonchons… Je ne me suis pas posé la question de quoi que ce soit, c’était bien… Cette situation ‘fils ou fille de… » ça peut faciliter le départ, mais après ? Le fils de Louis de Funés n’a pas fait grand chose, et rien après la mort de son père. En revanche Matthieu Chédid avait une vraie légitimité, tout comme Thomas Dutronc, qui a fait ses classes modestement dans le jazz manouche, avec des gens qui se foutent de savoir qui est qui, mais il faut assurer. Et avec Biréli Lagrène, on ne triche pas sur ce point. Chez les manouches, par exemple, les fils de… mettent un point d’honneur à se démarquer musicalement de leurs papas.. Ce qu’a fait aussi Izia…
Mais jouer sur les parentés pour faire la promo, ça peut être un peu désobligeant pour les artistes, sans compter qu’une partie du public est parfois très ronchonchon contre ‘les fils de … »
On ne peut plus d’accord avec vous, cher François.
Votre papa était, sans nul doute, d’une profonde bienveillance et d’une grande honnêteté…
D’où ça peut venir, ce systématisme des grands diseurs à remettre en question les actions des petits faiseurs?
Après quoi vous courrez, les gars? C’est quoi votre kif?
Continuez à ouvrir votre gueule, pendant ce temps là, on existe…
Très cher François,
Permettez-moi d’utiliser le terme « Très cher » car vous n’imaginez pas ce que me coûte le fait de participer au débat découlant de votre article à portée culturelo-scientifique. Toutefois, et par libre-choix, j’ai décidé de casser mon Codevi afin de me permettre fantaisie.
Je vous remercie tout d’abord d’éclairer nos esprits incultes sur cette transmission d’adn, sujet que je suppose vous maîtrisez parfaitement de part votre passé d’enseignant en sciences et vie de la terre et de réussir à utiliser ce sujet pour introduire une fois de plus votre croisade contre le festival Faîtes de la Chanson et certains de ses membres.
Vous en devenez Oswald Avery de la chanson.
Je n’ai certes pas votre niveau scolaire, ni votre culture de la chanson, mais m’oblige à une certaine ouverture d’esprit.
Toutefois depuis quelques années, vous ne cessez d’être à charge contre cette association.
Ayant lu vos diverses diatribes, j’en suis arrivé à être attristé.
Attristé pour vous mon très cher François.
Quels martyres, quelles souffrances, quelles déceptions avez-vous subis par le passé pour en arriver là ?
Je suis profondément optimiste et crois en la nature humaine.
Je suis persuadé qu’il y a bien quelque chose de bon au fond de vous et vous souhaite vivement de le laisser surgir.
Maintenant pourquoi ne pas essayer de créer votre propre structure afin de démontrer au monde de la chanson que vous saurez faire mieux que ce festival?
A vous entendre, je ne pense pas que cela soit difficile pour quelqu’un de votre qualité.
Par transparence, je préfère porter à votre connaissance que ce festival et ses bénévoles me font vivre car je travaille pour eux (et également pour d’autres, étant travailleur indépendant), même si parfois je ne suis pas d’accord avec tout.
Alors Très Cher François, venez avec nous dans l’équipe de coordination nous faire profiter de votre substantifique moëlle, où il est coutume de dire bonjour lorsque l’on rentre dans une pièce, coutume d’un autre âge que vous ne jugez peut-être plus d’actualité.
En attendant mon Très Cher François, permettez-moi à l’érudit que vous êtes de partager une citation de Sacha Guitry (vous savez, ce petit dramaturge français qui fût suspecté de collaboration avec l’envahisseur en 39-45, par des personnes qui SAVAIENT la vérité…):
« Les critiques sont comme les eunuques: ils savent mais ne peuvent pas. »
Le débat est intéressant, mais on sort un peu du sujet, qui est l’utilisation publiicitaire de la renommée des parents… Le cas Reggiani est symptomatique, Stéphan était un ACI qui a été « parasité » par Serge, interprète. Et pas mal d’organisateurs ont joué sur cette ambiguïté, au détriment de Stéphan. (Qui s’est suicidé dans le lit de son père… Est-ce innocent?) Comment pourrait-on attirer le chaland sans le tromper en jouant sur le nom de Chedid? Les premiers spectacles de « M » étaient aux antipodes de ceux de Louis.
Je ne sais rien d’un éventuel contentieux entre les « partenaires-débatteurs » mais sur le fond, la communication, il y a du vrai. Ça ne remet pas en cause la qualité des artistes invités, qui ont tous leur légitimité, je les connais presque tous.
Et pour faire un peu le pédant, la phrase sur les critiques a été formalisée en ces termes par Marie-Joseph Chénier, vers 1790, lequel avait de bonnes lectures puisque c’est Voltaire qui avait épinglé « les petits folliculaires impuissants.. » Chénier a trouvé la formule concise, en bon communicant…
Plutôt d’accord avec vous François, même si j’ai la faiblesse de considérer que « bon sang ne saurait mentir ». C’est tentant, c’est sûr, de qualifier un artiste par son ascendant si celui-ci fut célèbre. Mais c’est dangereux de donner ça en pâture à des journalistes qui n’y connaissent rien, à des localiers peu sensibles à la nuance. Je me souviens de cette anecdote d’un Stéphane Reggiani surpris de voir tout un chapiteau plein rien que pour lui : c’était mis « Reggiani » en gros sur l’affiche, sans précision du prénom. C’est vrai qu’il n’est nul besoin de parler de Jeanne pour vanter Liz ou de Rémo pour vanter Jeanne. Autant que faire se peut, il faut éviter de trop évoquer de telles parentés. Bon, une fois dit ça, s’il ne nomme Bruno Brel…
C’est quoi le débat en fait?? C’est quoi le problème??? Comprends pas…
Gildas Thomas
cela me semble un peu un faux debat/ ce qui est important c’est la com en 2014:
95% de talent/5% de com et vous resterez un inconnu
5% de talent /95% de com et on devient tres connu ( apres il faut respecter les gouts de chacun mais il y a de très mauvais musiciens fort connus…)
Pour Jeanne Cherhal, outre qu’elle a du talent, sa communication est magnifiquement réalisée.. ( a enseigner en ecole de com..)
la « famille » peut jouer en faisant acceder aux medias ( plus rapidement)
Ah mais faut-il vraiment s’étonner ? C’est écrit par François Bellart, un désabusé de la chanson…j’avais déjà évoqué le sujet, mais il n’est pas le seul. Cela dit, sa façon de charger une association témoigne de bien peu d’objectivité. Bah sinon niveau côté écriture, c’est très bien écrit, hein.
http://lucmelmont.canalblog.com/archives/2010/07/21/18634436.html
Ce que j’ai lu dans cet article soulève un vrai problème de com’, un peu comme celui qui est arrivé à Aznavour dans l’histoire de Narbonne l’an dernier… Et je ne suis pas sûr que ça plaise tant que ça à Céline Caussimon d’être dans la liste promo en tant que fille de … Sinon, il y a plusieurs échos sur des contentieux que je ne connais pas, et que je n’ai pas à connaître, mais si ces contentieux doivent mener à convenir que 2+2=5 pour ne pas être taxé de parti pris, j’ai du mal à suivre..
Je trouve désagréable de lire ici, surtout de la part d’un confrère, de telles attaques d’une telle méchanceté. François Bellart illustre son propos, cohérent et bien écrit, par ce qu’il vit à proximité de chez lui (qu’il soit dit que, personnellement, je ne connais pas le contexte local). Au lieu de réactions épidermiques, dans lesquelles je sens beaucoup de vomis, j’attends des contradicteurs que vous pourriez être des arguments. Hélas je ne lis que de la haine et des considérations qui n’honorent pas leurs auteurs.
Je témoigne ici de la pleine confiance de NosEnchanteurs en François Bellart, une des belles plumes qui soit du journalisme Chanson. NosEnchanteurs est fier de le compter dans son équipe. On peut ne pas être d’accord avec une opinion, un constat, un propos d’un membre de notre équipe rédactionnelle ou de moi-même. En ce cas on peut réagir : en tant que modérateur et responsable de ce site, je validerai sans problème le commentaire, vous le savez. Mais pas, plus avec de tels pauvres arguments et une telle prétention à juger qui est désabusé ou non, qui écrit bien ou non…
Bon, sincèrement je ne vois pas bien où est le débat, la polémique … c’est une question récurrente dans les médias et pour me faire l’avocat du diable : je ne vois pas non plus pourquoi un programmateur aurait à taire une filiation nettement assumée par ailleurs par le fils ou la fille de… Il n’y a pas à s’étonner de voir des chanteurs ou des acteurs, des musiciens, des cinéastes donner à leur progéniture le goût ou l’envie d’endosser la carrière de papa ou de maman…comme pour n’importe quelle profession. Pour moi la question n’a pas vraiment d’intérêt … et ce n’est sans doute pas si simple de se faire un prénom dans ce monde là en se hissant à la hauteur de son célèbre ascendant !
Cela dit je laisse notre modérateur rappeler quelques règles minimales de bienséance !
Mais au fait peut-on m’expliquer ce déferlement soudain de commentaires quand on a vu nombre de chroniques restées sans écho…?? Bizarre ! Vous avez dit bizarre ?
Nombre de commentaires, oui, en raison du caractère un peu polémique de ce billet, non sur le fond mais sur la localisation (ah, être « Né quelque part » !). Je l’ai dit à plusieurs reprises ici, sur ce site, depuis presque cinq ans : on peut ne pas être d’accord avec un article et le dire avec courtoisie, avec politesse, en ayant d’autres arguments que l’insulte. Ainsi un autre commentaire, de totale surenchère et d’insultes, n’a pas été validé. S’il y en a d’autres de cette « courageuse » tonalité, ils ne le seront pas plus.
Amusant, j’aime beaucoup Rémo Gary et Jeanne Garraud, mais je ne connaissais pas leur affiliation
Comme quoi, même si l’info est sympa à savoir pour qui apprécie ces deux artistes, elle n’est pas nécessaire et peut, parfois, apporter un trouble, une lecture erronée. Mieux vaut apprécier les artistes pour ce qu’ils sont, non pour leur arbre généalogique tout prestigieux fut-il.
Idem pour moi, la première fois que j’ai vu Liz, je ne savais pas qu’elle était Cherhal, et la première fois que j’ai entendu Arthur H, il y a bien longtemps, à la radio, rien sur la filiation avec Jacques H …
Quant à moi, je l’avoue humblement, j’ignorais totalement jusqu’à aujourd’hui que le grand Peter Gabriel écrivait en ces lignes sous un pseudonyme pourtant transparent…
Moi aussi j’ai été surpris de l’apprendre … et encore aujourd’hui, je me pose des questions …