Ces prix privés de sous et de soutiens
Barcella, grand prix « révélation scène » au Charles-Cros 2013 (photo DR)
Des prix de la chanson il y a a cent, mille, plus encore. Trop sans doute pour une bonne lisibilité, une bonne efficacité. A NosEnchanteurs, nous avons fait le choix d’en suivre au moins deux (1), différents dans la forme et dans l’esprit. Un qui est le doyen, le plus respectable, de loin le plus respecté : le Grand prix de l’Académie du disque Charles-Cros. Rien que d’en lire le palmarès force le respect. Et un autre tout jeune, en devenir : le prix Georges-Moustaki de la chanson indépendante et/ou autoproduite. Tous deux sont farouchement étrangers aux puissances de l’argent. Corollaire : il n’en ont pas et bientôt crèveront de ça.
Quant le chaud bizness veut faire étalage de son art, c’est en prime-time, devant les caméras de France2 et une cohorte de journalistes et de photographes. Les Victoires de la musique (on ne dit pas « de la chanson ») ne célèbrent que le bizness (où la qualité d’ailleurs n’est pas toujours absente). Mais c’est le bizness qu’on fête, pas la chanson, ou si peu. Et, même en période de crise, on y met les moyens.
Après la quatrième édition qui vient de récompenser Govrache et Robi, on peut se poser la question : y aura-t-il un cinquième Prix Georges-Moustaki ? Car l’argent est le nerf de la guerre et, là, il n’y en a pas : le seul mécène étant le Service culturel de Paris-Sorbonne. La récompense du Prix Moustaki ? : un diplôme de papier et le prestige d’une récompense qui fait lentement son chemin dans les esprits (signalons toutefois que des partenaires offrent des prestations ou des programmations aux lauréats). Si autant de journalistes sont membres de son jury, c’est dans l’espoir de retombées médiatiques qui seront utiles tant pour les lauréats que la chanson en son ensemble. Mais la presse audiovisuelle y brille par son absence. Même France-Inter n’y est plus représenté du tout mais c’est vrai qu’on y a supprimé quasi toutes les émissions sur la chanson.
Barcella, prix Barbara 2012 (photo DR)
L’académie Charles-Cros a été créée il y a 67 ans. Musique classique, jazz, blues, chanson… son champ de compétences est large et ses prix jamais remis en question. Il fut un temps où le simple sticker « Prix Charles-Cros » sur un disque vous encourageait à l’acheter, de confiance. Le jury ? Que des spécialistes dans leurs catégories respectives : des pointures et pas le moindre Manoukian ! La récompense ? Un simple diplôme de papier remis en public chaque année lors d’une cérémonie dans les locaux de Radio-France. Sans télés hélas : l’intelligence et la beauté ne faisant pas l’audimat. Sans coup à boire non plus : pas de pince-fesses car pas de sous vous dis-je.
Quand la télé n’est pas là, comment voulez-vous attirer mécènes et sponsors ?
Le ministère de l’aculture, qui en temps normal méprise (comme toute l’élite) la chanson, a créé son propre prix de la chanson. Si, si. C’est le prix Barbara. Barcella en fut le lauréat en 2012 et Maissiat en 2013. Le prix est remis chaque année sous les ors du ministère, rue de Valois. La ministre se fend d’un beau discours écrit par autrui. A-t-elle au moins écouté les disques des lauréats ? Un prix qui a les moyens. Et un buffet digne de ce nom. Mais, au fait, qui connaît ce prix Barbara ? Personne !
Au lieu de financer dignement cette autorité morale, artistique et historique qu’est l’Académie Charles-Cros, au lieu de donner quelques sous au jeune Prix Moustaki, le ministère finance son propre prix. Après quoi on ne pourra pas dire qu’il ne fait rien pour la chanson.
Le Charles-Cros et le Georges-Moustaki crèvent et la ministre s’en fout.
Allez on en reparlera après le remaniement de dans quelques jours. C’est qui, au fait, le prochain ministre de l’aculture ?
(1) nous suivons aussi le Prix Jacques-Douai, remis chaque année lors du Festival « Chansons de paroles » de Barjac.
Je ne sais pas si la ministre a écouté les chansons et lesquelles, pour le prix Barbara, mais on ne peux pas reprocher au jury d’avoir choisi des nuls . Barcella et Maissiat sont de belles références . Quant à Robi pour le dernier prix Moustaki, c’est discutable !
Bien sûr cette question est celle de la place de la Chanson dans la Culture, au Ministère ou ailleurs.
Une quantité de tremplins, concours ont fleuri sur tout notre territoire. C’est d’ailleurs dans cette floraison que Festiv’Art est né il y a plus de 10 ans . Depuis 2011, nous avons souhaité dépasser cette étape mais pas une seconde je n’exprime un regret ! Le plateau que nous choisissions avec soin était une belle illustration de la chanson et c’est dans ce vivier amical et artistique que je puise encore le plus souvent, tant il y eut de qualités.
J’en connais qui font encore très bien ce travail là et c’est une façon de défendre l’émergence, de souligner l’incroyable vitalité de la chanson, de lui donner un espace qu’elle a perdu avec la disparition des « cabarets » qui, soit dit en passant, se moquaient alors du statut de l’intermittent.
Offrir une programmation, une résidence, des journées en studio pour un premier album, me paraissent être un précieux soutien et tout à fait répondre aux besoins de ces artistes.
Bien sûr, j’exprime cette idée en pensant aux plus jeunes comme c’est le cas du Prix Claude Nougaro de la Région Midi-Pyrénées.
Pour ceux qui « tournent » …c’est autre chose bien sûr et que la récompense reste honorifique ne me dérange pas. Pouvoir accoler à son nom l’Académie Charles Cros par exemple, me paraît toujours un gage de réussite pour le programmateur et un encouragement pour l’artiste …et ça n’a pas de prix !!
L’organisation d’un Prix, comme celui de « Vive la Reprise » du Centre de la Chanson, dans un lieu prestigieux à Paris, en invitant un jury, des professionnels (prestigieux pour certains !) venus de la France entière, a un coût que je peux imaginer… alors bien évidemment on en revient au nerf de la guerre, comme pour tout, comme partout !
J’avoue que souvent cette question m’agace un brin, moi qui œuvre bénévolement dans ce monde de la Chanson et qui, pour cette raison, m’interroge toujours sur ma légitimité. La passion, la rigueur, l’honnêteté ont-elles un prix ?
Allez Thomas Pitiot, si tu es dans les parages, chante nous vite 1901, s’il te plaît !!!
http://www.youtube.com/watch?v=qGehreVmWQc
Merci, Claude, de soutenir ainsi de cette belle façon le tremplin « Vive la Reprise » du Centre de la Chanson, cela fait chaud au coeur ô combien plus que des critiques subjectives, fussent-elles constructives…
Claude a raison ce soutenir « Vive la reprise ». Je n’ai pas voulu le citer dans mon papier, de peur de réveiller ces commentaires désagréables de l’époque.
La première qui l’a eu ce prix Barbara, ce fut Carmen Maria Véga, le ministre c’était Frederic Mitterrand et c’était en 2010 …
avec Barcella et Maissiat, « L » (Raphaelle Lanadère) ce prix Barbara montre un bel éclectisme … et avec Carmen Maria Vega pour le premier, je ne peux qu’applaudir avec enthousiasme..