Marion Rouxin, nature
Nous l’avons souvent dit ici : bien souvent les voix féminines, formatées, auto-formatées, se ressemblent toutes, tant qu’en posant un disque sur la platine, fut-il nouveau, fut-il d’une inconnue la minute d’avant, on a l’impression de l’avoir déjà entendu dix fois, cent fois.
Ce n’est pas le cas avec Marion Rouxin, l’ex du groupe Paul et Robin. Là, convenons qu’il y a de la personnalité, du caractère, une voix qui vous bouffe l’oreille, vous hante, vous réveille. Et une diction parfaite qui sculpte chaque mot. Rien que pour ça, votez Rouxin dès le premier tour !
C’est le troisième album solo de la dame (après les deux autoproduits que sont Je t’écris et Légère). Troisième pleine réussite. Peu ou prou on n’y parle que d’amour, de passions, de corps et de cœurs amoureux : « Je me suis couchée là / Où je pouvais coucher / Mon corps dans de beaux draps / Mon corps désaltéré. » Le vocabulaire du tendre, ici renouvelé, se mêle à celui de la nature, de la boue, du brouillard et du vent, de l’argile et de l’eau… « La nature comme source d’inspiration. La nature comme matière pour exprimer une émotion, un sentiment. Il a fallu pétrir les mots, sculpter la parole comme de la terre, de la roche, du sable, du bois. Il a fallu enregistrer les graviers et la mer. En digérer le rythme, la lumière, la respiration. Il a fallu marcher des heures et chanter dans les arbres… » en dit l’artiste.
La nature et le désir, osmose. De l’amour on peut faire sirupeuses et indigestes chansonnettes. On peut aussi faire de superbes, de lumineuses chansons, taillées à sa juste dimension, ajustées aux corps comme une seconde peau.
On aurait du mal à élire dans ces dix-huit titres des perles plus somptueuses que d’autres. J’avoue ma préférence pour Au détour, C’est beau et Quoi d’autre. Les entendra-t’on en playlists ? Signalons aussi ce duo avec Florent Vintrigner, l’un des trois de La Rue Kétanou, sur D’ici, chanson qui interroge sur les racines.
Marion Rouxin est wamp, irrésistible diva. Sur un lit de notes qui parfois parfois prélèvent au jazz, sonnent rock ou fanfaronnent, parfois se rappellent l’enfance, elle commet par ce disque un sans faute qui en font pièce de choix de toute discothèque.
Marion Rouxin, Land art, Coop Breizh 2014. Le site de Marion Rouxin, c’est ici.
Des chansons taillées dans la matière brute des éléments qui font corps avec sa propre nature . C’est bien conçu, et ça s’énonce clairement, passionnément, ça vient du fond des paysages terrestres, du fond des paysages humains . On reçoit ses mots de coeur à coeur, de corps à corps , et c’est envoûtant …Irrésistible .