Babilotte chante Reggiani, deuxième !
L’album que j’ai dans les mains est d’une sobriété qui nous parle de l’interprète. Simplicité, discrétion. Plaquette blanche avec le titre en son centre, discrètement souligné de volutes grises et noires. Dominique Babilotte offre là un hommage digne et d’une remarquable efficacité sous la direction artistique du contrebassiste Xavier Lugué. Les chansons ont un habillage jazzy, piano, contrebasse, saxophone, qu’aurait aimé, à n’en pas douter, Serge Reggiani disparu, comme Nougaro, en 2004. Dominique a mis sa voix à son service et l’on devine à l’entendre les heures d’écoute pour lui rester fidèle, tout en offrant sa propre couleur.
« Ce n’est pas moi qui chante / C’est les fleurs que j’ai vues ». Comme ce vers de Jacques Prévert colle bien à ce projet ! Il a vu en effet son aboutissement dans un studio éphémère, à l’école de musique de Ploërmel (56) ! On devine par là une histoire d’amitiés, un partage authentique que restituent les chansons. On devine qu’il a fallu choisir dans le vaste répertoire de l’artiste disparu, il a fallu ordonner les morceaux…
Le résultat est un vibrant hommage à la vie, un hymne à l’amour. Il s’ouvre sur Le Grand Couteau, un texte de jaloux qui joue à se faire peur en prétendant avoir ouvert une lettre, « Je vais tuer peut-être / un jeune homme charmant […] Je vais aller attendre / avec mon grand couteau / caché sous mon manteau/ et je m’en vais le fendre… » L’atmosphère nous transporte alors dans ce film de 1952 où Reggiani excella dans le rôle de Manda aux côtés de Simone Signoret, Casque d’Or. Oui, on revoit le duel au couteau et le drame qui s’en suit.
S’enchaînent alors ce cri de Boris Vian, J’voudrais pas crever, cette célébration ultime de la vie face à la fin qui grouille et qui s’amène, avec sa gueule moche, l’histoire de Thomas né « entre le charbon et la bière », parti vivre dans le midi et qui fait la route à contre-vent, pour mourir au pays, les célèbres Mensonges d’un père à son fils (au petit Simon), Hôtel des Voyageurs où se joue le jeu des amoureux, T’as l’air d’une chanson, deux textes du talentueux faiseur de chansons, Jean-Loup Dabadie. C’est en compagnie de Moustaki (encore un hommage bienvenu !) que s’achève l’album. Hommage à la femme aimée s’il en est, Sarah - bien sûr aurait-on envie d’écrire – et les mots de Baudelaire en prélude : « Cette bohème là, c’est mon bien, ma richesse, ma perle, mon bijou, ma reine, ma duchesse… » Enfin, Ma Liberté, celle que l’on s’empresse de sacrifier pour une prison d’amour, chanson que l’on peut tous fredonner, parce qu’elle appartient un peu à chacun d’entre nous.
Quant au Barbier de Belleville, le « roi du ciseau / de la barbiche en biseau », vous savez bien, celui qui rêverait de chanter à la Scala mais qui n’a pas de voix, franchement, on ne se lasse pas de l’entendre.
Dominique Babilotte nous aide à croire que Reggiani est encore là ! Et c’est une chance pour la Chanson.
-Claude FEVRE
Le site de Dominique Babilotte, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit de lui, c’est là.
C’est impressionnant ! Dès les premières notes , les premiers mots, on croit entendre Reggiani , et même le physique , les gestes la façon d’interpréter . Une belle chanson qu’on ne se lasse pas d’écouter . J’aime bien aussi la version de Karim Kacel .
Des frissons comme lorsque je l’écoutais interprétée par Serge Reggiani.
Et aussi belle plume que l’auteur de la publication.
je ne savais pas qu’il y avait quelqu’un qui interprétait si bien Serge Reggiani, et ce quelqu’un vous en parlez si bien.
Merci Dominique Babilotte de me faire revivre des moments d’émotions intenses …
Splendide!!
Excusez moi de vous le dire, mais vous n’avez pas du tout compris le texte de la chanson le grand couteau. L’homme dont il parle est peut etre un pervers narcissique. C’est ça le sens de cette chanson
Si vous voulez, je vous envoie des poemes que j’ai moi-même écrit, comme ça vous comprendrez que je sais très bien de quoi je parle