Laurent Louvel : d’humeur, d’humour et d’amour

« Merci chère auditrice / Merci cher auditeur / Merci d’avoir mis ce disque / De Laurent Louvel dans ton lecteur. » C’est rare un tel accueil, un tel discours (chanté) de bienvenue, directement du producteur au consommateur. Tel est Laurent Louvel, franc du collier, tenant d’une chanson qui ne négocie pas ses mots, appelle un chat un chat même s’il préfère sa femelle, fait dans l’humour mâtinée d’humeurs… et dans l’amour sans qui l’industrie du disque ne serait pas : « N’y tenant plus j’ai voulu l’embrasser / Mais ça lui a pas plu, elle m’a giflé. »

Louvel est un observateur en prise avec la vraie vie, celle des files obstruées du supermarché, des droguées aux drogueries (maniaques de l’ammoniaque et fanatiques de l’encaustique), des sirènes deux-tons des pompiers et ambulanciers, des visites au musée, de la France d’en haut qui s’ébat avec ses couilles en or, des étonnantes métamorphoses de la vie (quand notamment le cochon se mue en saucisson…), d’une maitresse d’école qui ma foi n’a rien à envier à celle de Brassens, de l’amour physique et culinaire, du temps qui passe… On a toujours a priori un peu peur de la chanson qui se pare d’humour, oubliant que, de Pierre Perret à Ricet Barrier, nous avons de bien jolis vers à nous mettre en bouche. Pareil pour Laurent Louvel qui, une maille à l’endroit une autre à l’envers, nous tricote de joyeuses chansons, efficaces et essentielles, fourbies de malice et de rimes qui glissent, qui ripent, de celles qu’on a plaisir à fredonner à son tour, à partager. Et dont l’art est à deux faces : pile j’t’amuse mais face je dis ce que j’pense sans grand détour en des chansons gratte-poils qui me démangent le manche (de la guitare).

Louvel n’est pas né de la dernière rosée. Ça fait plus de dix-huit ans (désormais quatre albums et plus de 350 concerts au compteur, principalement dans le sud de la France et la région Rhône-Alpes en des formules scéniques qui vont du solo au quintet) que ce presque grenoblois trimballe sa bonne humeur et ses coups de gueule sur des musiques triturées dans de savants alambiques : un peu de swing, du rock et un soupçon de reggae, du finger-picking, même du tango qui chaloupe les mots qu’il faut, quand besoin est. Le carburant idéal d’un moteur à explosion, l’antidote à toute morosité.

Laurent Louvel, Ventre à terre !, Objectif scène 2013. Le site de Laurent Louvel, c’est ici. 

Extraits concert trio 20 janvier 2012 Médiathèque Sassenage :