Ferré : buvons, Avalon
Même s’il en pleut comme à Gravelotte, particulièrement cette année, faisons fi des dates anniversaires dont les célébrations n’ont d’autre objectif que de nous pousser à la consommation. Ferré a vingt ans, la belle affaire. Vingt ans de vers qui ont fini par le bouffer tout entier. Restons sur ceux d’avant, alexandrins ou pas, des vers d’excellence, d’anthologie. Ne retenons de Léo que ses cailloux de chansons, parfois des pavés, qui, à la manière du petit Poucet, tracent plus sûrement qu’autre chose ces années-là. C’est par Vingt ans que débute cet album de reprises par Michel Avalon.
Avalon est un récidiviste. Jadis, en 2004, il s’était déjà permis tout un album à Ferré dédié. De ce premier répertoire il a gardé quatre titres (La mémoire et la mer, L’été s’en fout, Les assis, L’étrangère). Neuf après, celui qui est autant interprète d’autrui (son album Service public d’il y a deux ans rassemble des chansons de Laffaille, Brassens, Joyet, Leprest, Tachan, Prévert, Beaucarne et Avalon) que de ses propres textes remet le couvert. Et c’est convainquant.
Les notes, les instruments apportent autre éclairage, chaleur et nervosité : des couleurs, oui. Aux textes qui cognent et font des bleus s’adjoignent d’autres tons, d’autres couleurs. Accordéon, banjo, guitares et percussion ne sont pas pour rien dans l’intérêt de cette nouvelle offre. Autant qu’un timbre de voix voilé qui, passé la surprise, sait se faire étrange et enivrante séduction. Des titres en vue (les plus casse-gueule, soit-dit en passant, sur lesquels Avalon se révèle plus que probant) comme d’autres que, sauf à connaître tout Ferré, on ne sait pas, cette livraison discographique est d’un bel équilibre, vraiment, donnant raison à Marie-Christine Ferré qui tient De toutes les couleurs pour moment magique : « C’est toujours avec grand plaisir que j’écoute Michel Avalon interprétant les chansons de Léo avec cœur et inspiration. Il y apporte sa note originale, sa voix chaude et talentueuse. » Que dire de plus ?
Michel Avalon, De toutes les couleurs / Michel Avalon chante Léo Ferré, Exil prod, 2013. Le site de Michel Avalon, c’est ici
De belles références, et » une voix chaude et talentueuse » qui se boit comme du petit lait . Il nous ferait aimer Ferré si on ne l’aimait pas déjà .
Un excellent interprète en effet. Exigeant envers lui-même et, ce qui ne gâche rien, un ami qui a le sens de l’humour.
Et aussi un super guitariste, son arrangement guitare de « Marie » d’Apollinaire et Ferré est une merveille…
Il s’accroche, Michel. Un bon artisan qui trace sa route.
Hé oui … une belle découverte pour moi; et Michel sera là à notre soirée de soutien ! Preuve d’un bel engagement !