Tubes, V.I.P. et vi-eil-les peaux

Emile & images, tubes inoxydables (photo DR)

Ne croyez pas que la chanson soit pour moi religion et que je n’écoute en boucle, en génuflexion devant mon autel, que de l’Anne Sylvestre ou du Pascal Rinaldi, de la sainte-trinité (Brel, Brassens et Ferré), et de la goualante de Piaf ou de Ribeiro. Non, il m’arrive aussi de surfer sur les programmes télé, le doigt scotché sur la télécommande.

De tomber (le canapé est bas, la chute est bénigne) sur des émissions de variétés, si, si, et même d’y prendre plaisir, pervers que je suis.

Là, c’était sur W9, la rediffusion du RFM party 80’ de l’an passé, une de ces émissions qui font leurs choux gras du revival.

Trente ans après, les « stars » (rien que ce mot, je pouffe !) viennent nous refaire leurs tubes : je mets ça au pluriel mais, parfois, elles n’en ont qu’un à se mettre sous la dent (vu leur âge : sous leur dentier).

Bon, j’ai pris l’émission en cours, j’y peux rien. Et ne sais où le concert a été capté. Putain y’avait du monde, bien dix mille spectateurs sinon plus. Tout ça pour revivre le temps d’une soirée les traces sonores de sa jeunesse, bain de jouvence, « miroir oh beau miroir, suis-je toujours aussi belle que quand Jean-Luc Lahaye me chantait Femme, je t’aime ? »

Il est là, le Lahaye, cuir moulant faisant avantageuse bosse qu’il ne cesse de caresser (il met une coquille ou quoi ?). De tels gestes à pile soixante ans (six de moins selon son site officiel !), ça fait vieux pervers. Mais c’est qu’il porte beau, le Jean-Luc. Lui ou les autres, tout est fait pour masquer les outrages de l’âge. Tiens, Lio : de face, on se dit qu’elle n’a pas changée ; de profil on compte ses rides comme on recense le nombre de points sur la coccinelle pour imaginer son âge. Je dis ça mais j’aime beaucoup Lio, qui à mes yeux ne compte pas pour une prune : « Et la Joconde / A moins qu’on la tonde / C’est quand même bien une brune ! »

Si je le dis, c’est de voir comment tout le monde triche ici. Le public pour partie ménopausé qui fait mine d’avoir trente ans de moins, d’être de nouveau désirable, malgré les seins lourds de trop d’amours. Les artistes qui – c’est l’évidence – ne peuvent qu’être jeunes, toujours et toujours : ils sont condamnés à l’éternité ! Si Laroche-Valmont chante T’as le lock, coco, c’est grimé sous une casquette et des lunettes noires : le pauvre n’est pas passé par la case chirurgie esthétique et fait plus que son âge encore. Samantha Fox, elle, y est allée ou je me trompe de beaucoup. Et Début de soirée, qui « jerke sur de la musique pop », fait triste fin de nuit. Berk.

Bon, une telle tournée peut compléter la proche retraite de ces artistes-là, qui n’ont pas toujours bien cotisé au temps béni du succès.

La belle énergie, on la trouve avec Emile et images, ces toulousains toujours en activité, qui tournent encore avec leur collection de succès, Les démons de minuit, Ville de lumière, Capitaine abandonné… Eux sont parmi les seuls à ne pas avoir recours à l’insupportable play-back dont la voix d’origine colle si mal aux lèvres désormais asséchées. Eux (et Lio, je vous le dis, c’est ma préférée… : quand elle reprend C’est l’amour à la plage de Niagara, je me verrais bien la masser de crème solaire, lui vider ses tubes) sauvent la soirée.

Voilà, je continue à vous tenir au courant de l’actualité de la chanson. Là, c’était en léger différé de ma télé.

Lio sur NosEnchanteurs, c’est un seul article, mais c’est le meilleur de tous : c’est ici. On lira aussi, dans la même veine, « L’hospice des idoles déchues » sur la tournée Age tendre et têtes de bois. Et, pour compléter le propos, le « Faut-il achever les vieux chanteurs ?«