21 juin, fête de l’Higelin !

Jacques Higelin (photo prélevée à la toile – DR)

Jacques Higelin, 21 juin 2013, Fête de la musique à Firminy (42),

« La nuit promet d’être belle / Car voici qu´au fond du ciel / Apparaît la lune rousse… »

Place du Breuil, scène face à l’église. « Ça ressemble à une fusée mais ça ne décolle jamais… » remarque celui qui tient la scène, y fait le Jacques. Des milliers de gens face à lui, de tous les âges, même si la plupart des jeunes se tiennent à l’arrière : Higelin est un ovni dans leur culture musicale. C’est pourtant ce vieux fou qui est là, en pleine forme, rayonnant, irradiant. La foule de devant lui est acquise : des fidèles qui ne le louperaient pour rien au monde comme ceux, plus nombreux encore, profitant de la belle aubaine : Higelin devant soi, gratos, pour la fête de la musique. C’est pain béni devant l’église ! On attend comme toujours de ces chansons qui ont parsemées nos vies : Higelin en fera peu (La rousse au chocolat, L’accordéon désaccordé, Champagne, toutes trois dans l’épure), économe de souvenirs, mais nous gratifie de sa première chanson, celle que jadis il essaya, tout timide, dans une chambre devant ses potes Areski et Brigitte (Fontaine) : « J’suis mort / Qui qui dit mieux / Ben mon pauv’vieux / Voilà aut’chose / J’suis mort qui, qui dit mieux / Mort le venin, coupée la rose / J’ai perdu mon âme en chemin / Qui qui la r’trouve s’la mette aux choses / J’ai perdu mon âme en chemin / Qui qui la r’trouve la jette aux chiens… » Et une ou deux autres vieilleries, guère plus. Lui se chante au présent, sillonnant la scène, courant, dansant, du piano au devant de la scène où il est tantôt à la guitare, tantôt à son autre piano : celui à bretelles qui lui ceinture le poitrail. Belle équipée, bel équipage de musiciens rodés, impliqués, d’où surgit au fond le fidèle Mahut.

En ce premier jour de l’été, de cette année orpheline de printemps, Higelin est bucolique : « le retour des beaux jours et de la saison des amours champêtres / L’alouette et l’hirondelle, le merle et les moineaux chantent à tue-tête… » C’est quand il chante le vent, le soleil, le ciel, l’eau, l’eau de l’au-delà qu’il est le plus prenant : sa poésie cogne en nous, martèle son rythme, coule en nous comme sève au printemps. Tignasse blanche aux reflets argentés, ça n’automne vraiment que dans le capillaire chez le Jacques. Car tout est douce folie, pure poésie. Et amour toujours. De la salle d’attente de la gare de Nantes à ce Rendez-vous en gare d’Angoulême, l’amour et la mélancolie vont bon train en ce récital fait aussi de rêves, de combats et de trêves, de hasards et de destins. De hauts et de bas, de pensées si belles, de décibels. Et d’hommages. A son père, à Fréhel et à Damia, à Piaf. A Barbara…

Higelin est pour toujours cadeau. Beau repère que ce 21 juin avec lui, de notre soif de soleil et de jours heureux. Lui trace la route et dégage le ciel. La lune éclaire la place et l’église est toujours immobile. Les dernières notes sont souvenir. Un ange est passé.

Le site de Jacques Higelin, c’est ici.