CMS

Frédéric Bobin, la chanson fraternelle

bobin 001Quatre ans nous séparent du précédent album, Singapour, quatre ans pendant lesquels Frédéric Bobin a laissé sa trace sur de nombreuses scènes et s’est illustré dans de multiples concours et festivals, confirmant le mariage réussi du « stylo du poète » avec cette guitare aux accents teintés de folk et de rock, quatre ans d’attente enfin pour mesurer à quel point l’alchimie créée dans ce creuset du Creusot par les frères Bobin pouvait nous donner de belles surprises. Parfaite symbiose, encore une fois prouvée, entre Philippe, fin lettré, qui cisèle des textes délicats, pleins de finesse et d’humour et Frédéric, fort de sa riche expérience musicale, de ses talents de guitariste, nourri de ce qu’il y a de mieux dans la scène française et anglo-saxonne et dont la voix réussit la prouesse de porter haut et fort ces compositions sur le ton de la confidence. Cette chanson fraternelle, cette cuisine des frères Bobin est un mélange raffiné de légèreté et d’humour, d’insolence, de tendresse, et de poésie. On y devine l’amour des mots, un goût immodéré de leur saveur.

Comme dans leurs précédentes compositions, les deux frangins déclinent avec subtilité, souvenirs nostalgiques, états d’âme intimistes, portraits ciselés et fables sociales. On y retrouve cette saveur de l’enfance, au son lointain,  mais si présent à la mémoire, de « L’autoradio de mon père » ou l’irruption soudaine de cette Guerre des Etoiles qui fit devenir cet enfant « Comme un jedi ». Avec toujours ce même sens du portrait, de l’esquisse, ils nous font rencontrer quelques personnages habilement brossés, Paulo « Rocker Local » ou « Tatiana sur le périph », entre le sordide des trottoirs de Vincennes à Montrouge et cette ukraine natale  qu’elle espère regagner les bras chargés de cadeaux. A travers eux, comme dans d’autres titres, les frères Bobin, sans discours tonitruant, par petites touches, avec tendresse et parfois ironie, ne se privent pas de porter un regard lucide sur l’état du monde. Avec « Des corps », ils dénoncent le culte du corps, la course à l’apparence a tout prix : « On est des corps / Pauvres d’esprit », « Trop de tout » stigmatise la surabondance, « la société du spectacle », l’illusion collective. Dans la même veine, « La pyramide » s’attaque à cet édifice social qui voit s’échelonner sans cesse « les princes et les forçats / Toujours de haut en bas ».

Désabusés mais lucides, Frédéric, avec le concours de Philippe, nous promène dans un univers mélancolique, celui des illusions perdues. Avec cette conscience aiguë de la vanité de toutes choses, « Torrents de bière » et « Éphémère » évoquent, eux, la fuite du temps. On retrouve cette même mélancolie dans le titre plus intimiste et de toute beauté qu’est « Ma fugitive », Enfin, contrepoint à tout cela, « Le premier homme »,  qui n’échappe pas pourtant au regard critique et acerbe, se donne comme issue, une renaissance par l’amour.

Avec ses sonorités folk-rock, remarquablement arrangé et avec la complicité de Jonathan Mathis et Mikael Ciointepas, ce disque s’écoute, avec plaisir, puis s’immisce en nous pour ne plus nous lâcher… Et ces chansons, sans que l’on n’y prenne garde nous collent au cœur… Chansons fraternelles !

Frédéric Bobin, Le premier homme, !ahbon/Pan record 2012. Le site de Frédéric Bobin, c’est ici.  Image de prévisualisation YouTube

Une réponse à Frédéric Bobin, la chanson fraternelle

  1. Danièle 13 juin 2013 à 19 h 19 min

    Encore un article que j’avais raté ! et pourtant, j’ai tous les albums de Frédéric Bobin , et dédicacés ! …Et vous en parlez très bien Francis , oui, ses chansons nous collent au coeur , et ses albums tournent souvent à la maison .

    Répondre

Répondre à Danièle Annuler la réponse.

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

*

code

Vous pouvez utiliser ces balises et attributs HTML : <a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <strike> <strong>

Archives