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Prémilhat 2012 : Peste ! la Pestel

Véronique Pestel (photo Catherine Cour)

Deux pianos à queue qui se regardent, se tutoient, mastodontes noirs se partageant la scène. Conversation de pianos. Sur laquelle s’ordonnent des mots, des populaires et des lettrés qui font cause commune, des ludiques et des graves qui s’apostrophent en une insolite magie, en un insondable mystère… Qui ne sait Véronique Pestel est comme amputé de la chanson, privé de ses riches heures, de l’humble majesté de ses mots, d’une diction délicate et précise, de phrases qui s’aventurent en pure poésie, de tableaux de voix qui n’ont rien à envier aux plus grands peintres. Elle est comme son collègue Rémo Gary (dont elle reprend Pauvre ça ne rime à rien), même amour du mot, même soucis de lui redonner sa dignité et ses élans, ses combats et ses chimères. Comme cet autre collègue Gilbert Laffaille dont elle reprend La chanson des sans voix… Il y a l’excellence et l’exigence du juste mot, celui qui décrit, celui qui pourfend, celui qui ose le sentiment, l’émotion. Le mot juste, d’une voix sans exemple, exemplaire, qui honore chaque syllabe, qui de sa sonorité fait danser le verbe, qu’elle peigne des natures vives ou égrène des litanies de maux comme sauterelles s’abattant sur des cultures.

Duo de pianos. Elle et Michel Précastelli. Deux artistes, quatre mains, vingt doigts, du grand art vraiment, en stéréo. Et des chansons qui nous instruisent de Camille Claudel, qui s’inquiètent des roses du voisin défunt et par là du sort du hameau, qui se font gamines au sortir d’un travail, d’un partage avec des tout petits, qui s’interrogent sur le handicap, qui nous parlent d’amour et d’indépendance, d’un loup en proie aux doutes, qui observent comme rarement les mutations de la nature et de ses saisons, chansons dans lesquelles s’insinuent la vie, la vraie, souffle du vent comme feuilles qui tombent : « Les chemins nous mènent par le bout du nez / À la p´tite semaine, ça nous fait l´année. » Dieu que ça fait du bien d’applaudir Pestel en scène, d’admirer, de savourer le sans faute, de se sentir privilégié comme rarement, d’abdiquer tous les bonheurs du monde pour celui-là, luxe des humbles, total raffinement. Véronique Pestel est un honneur, un avantage, une des très grandes de la chanson mais ça, vous le savez.

Le site de Véronique Pestel c’est là. NB : « Peste ! » expression qui marque l’étonnement. Car, même après l’avoir vu vingt ou trente fois, on est toujours étonné de Pestel. Image de prévisualisation YouTube

 

3 Réponses à Prémilhat 2012 : Peste ! la Pestel

  1. Odile 4 novembre 2012 à 19 h 40 min

    Merci Michel de nous parler si bien de cette grande Dame.
    Cela fait trop longtemps que je ne l’ai pas revue sur scène!
    Si le loup pouvait sortir du bois, ce serait un honneur et un bonheur!

    Répondre
  2. Marc POMMIER 6 novembre 2012 à 22 h 33 min

    Incontestablement, je ne peux que saluer cette belle chronique tant et tant à chaque fois, je suis enchanté et heureux après ses concerts !

    J’eus la chance de l’entendre le même soir que Michel BOUTET et Michel BUHLER ! quel plateau ce fut ce soir là aux rencontres Marc ROBINE !

    Répondre
  3. martine caplanne 12 novembre 2012 à 18 h 33 min

    C’est toujours un bonheur de l’écouter.
    Merci de parler d’elle, continuez !
    Amicalement
    Martine

    Répondre

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