Barbara, avec Barbarie

Nous étions restés il y a quelques mois sur un disque hybride (Le chant de la gitane), pour moitié cédé, pour l’autre dévédé fait de démos et de clips, comme un luxueux catalogue de savoir-faire à destination de possibles programmateurs, qu’on propose toutefois au grand public. De quoi donner le goût sans étancher la soif. Frustrant. Revoici Barbarie, cette nantaise, cette fois-ci de retour dans son récital Barbara. Récital qu’à défaut d’y avoir assisté, nous ne connaissions que, là encore, par un disque de promo, un échantillon vieux d’il y a cinq ans, au même visuel, au même intitulé. Là c’est tout le récital, capté en public en janvier dernier au TNT de Nantes. En ce semestre où on célèbre (le 24 novembre prochain) le quinzième anniversaire de la disparition de la chanteuse de Nantes et de L’aigle noir, cette sortie est judicieuse, amplement méritée.

L’ami Jean Théfaine écrivait ceci, dans les colonnes de Place publique, sur ce spectacle : « Un mélange de respect et de culot, qui sans jamais sonner platement ‘à la manière de’, malgré un grain de voix et un phrasé ne manquant pas de troublants points communs, justifie à lui seul l’aventure. Une vraie belle émotion qu’aucune lourdeur ne vient altérer. »

S’il est à l’évidence difficile ici de ne pas songer à la longue dame brune que fut Barbara, ce n’est point copié-collé. Sans s’affranchir de Barbara, avec cependant parfois de réelles audaces, Barbarie a la force et le talent de se saisir de ce répertoire d’excellence sans rien cloner. Ce n’est pas Barbara qui vit sur scène, ce sont ses chansons qui trouvent là une bien belle interprète.

Barbarie, dont le nom de scène renvoie tant au titre d’un livre de Mouloudji qu’à une chanson de Léo Ferré, fut l’interprète d’un spectacle sur Prévert. Forte aussi d’un répertoire en propre, elle n’est pas la femme d’une seule voix. Celle qu’elle prête à l’illustre Barbara peut nous laisser sans voix.

Barbarie, une femme qui chante Barbara, 2012, Productions Mistiroux/Edito Musiques/L’autre distribution.