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Syrano, son émeraude est un bijou

Le visuel est un collage, cité idéale faite de multiples architectures prélevées au monde entier. Le disque à l’intérieur est pareil, picorant au monde, à ses cultures, à ses musiques. Syrano revient d’un long voyage et ce quatrième opus est comme carnet de voyage, photos au grain sensible qui ajoute chaque fois le son, l’émotion glanés ici et là, à Porto Alegre comme à Erevan, à Beijing comme à Rome. Grand voyage, comme une initiation… Comme les Compagnons font leur tour de France, lui a fait son tour du monde et, au terme, réalisé son chef d’œuvre de Compagnon, enregistré ici et là, au contact de musiques captées in vivo, in situ, samplées ou restituées. Si des sons nous sont familiers, d’autres moins. Dhôl, erhu, mandoline, doudouk, oud, târ, banjo, kanoun, clarinette et piano unissent leurs sonorités pour un disque sans ligne musicale affirmée, négociation entre chanson à texte et rap, et musiques trad plein la musette… La palette est large, est passionnante, comme l’est l’œuvre de ce Syrano, ici nourrie de plein d’autres influences, de la beauté du monde aussi et surtout. Les cités d’émeraude, c’est un peu ça, un artiste doué et prolifique qui s’en va, loin, à la source de possibles inspirations, de futures restitutions. Il y a un peu du travail d’ethnologue ici, un peu. Surtout de celui de reporter, qui  juxtapose sa démarche, ses obsessions, ses générosités à la matière accumulée, qui, donnant-donnant, troque son art contre celui rencontré, laissant un peu de lui sur place, fort de son deal. Carnet de voyages, mais pas sans saveur ni odeurs autres que celles de tout voyage ; ce qui importe à Syrano est l’importance de l’échange, de l’ouverture d’esprit, « seules vraies armes face à la déshumanisation du monde. » Pas mal de « guest stars » parsèment de leurs chants ce disque copieux, généreux, des américain, malgache, français (Simon Mimoum, de Debout sur le zinc), tunisien, chinois, italien… Si l’industrie discographique à la fâcheuse tendance à niveler les cultures, à n’en faire qu’une sono mondialisée, une bouillie unique, certains artistes ont le mérite d’au contraire valoriser les cultures et particularismes. En ce domaine comme en d’autres, Syrano a le nez creux.

Ce disque est sorti simultanément avec un livre quasi éponyme, Les cités d’émeraude, réflexions d’un artiste en voyage (édition Les doigts dans l’zen)

Syrano, Les cités d’émeraude, 2012, L’Autre distribution. Le site de Syrano, c’est iciImage de prévisualisation YouTube

 

2 Réponses à Syrano, son émeraude est un bijou

  1. Catherine Christian 15 septembre 2012 à 17 h 41 min

    Très bel hommage au travail de Syrano. On pourrait juste ajouter que l’homme derrière l’artiste est d’une grande générosité et que sa palette de talents est très large (chants pour enfants, dessin…).
    Si vous ne connaissez pas son univers, plongez-y et goûtez-y … mora mora ;-) Des fans conquis de Belgique.

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  2. Valérie Sonzogni 15 septembre 2012 à 18 h 17 min

    Merci Michel pour cet article. Il y a longtemps que j’attendais que tu t’exprimes sur ce merveilleux petit CD !! pourquoi petit ???
    J’aime ta plume et je suis heureuse que l’ami Syrano t’ait conquis ! attendons impatiemment le prochain  » Les cités d’émeraudes ~dernière escale  »
    mes amitiés

    Répondre

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