Concèze 2012 : Aurenche, la ride et la vague

(photo DR)

«  Elle vient comme elle vient / La ride au visage / La vague au rivage. » C’est un roc, une masse, propos libertaires et cheveux rebelles. Il est tout de noir vêtu, contraste avec cette crinière qui tire méchamment sur le blanc. La voix est éraillée et forte, qui impose le respect et l’écoute. Il a le visage qu’on imagine d’un vieil indien dans sa réserve de mots indociles, jamais compromis, ni mariage ni crémaillère avec le showbiz. Anar et populaire dans ses thèmes, comme en ces fresques marines tant il est vrai que vrai que l’esprit frondeur, solitaire et solidaire d’Aurenche va bien avec l’idée du marin face à la mer, à la houle, au vent : « Je ne t’appartiens pas / Je vais au gré du vent. »

C’est une chanson d’Homme, d’humain, debout, fière, majestueuse, tonitruante. Une chanson de bon sens, de dignité, d’absolue tendresse aussi. Qui va chercher en nous ce qu’il y a de bon, même en ce mercenaire : « Tu es mort en terre étrangère / Par des salauds qui te payaient / Mercenaire » Pure poésie aussi qui manie le verbe avec dextérité, avec passion.

On fera – on a toujours fait – l’élégant parallèle entre Aurenche et Ferré. On est effectivement sur cette voie… En cette chanson de marge, de maquis, qui n’a jamais eu vraiment l’espace de s’exprimer. Qui l’a moins encore. A un public venu, en grande partie, pour d’autres artistes que lui, Alain Aurenche a montré que cette chanson existe, qu’elle est vivante, qu’elle se nourri d’un rien, d’un souffle, d’une fleur, d’une colère et en fait presque symphonie, fête du verbe où on en sort repu de mots, satisfaits. Et c’est bien.

En ce jour du 15 août, pile un an après, Alain Aurenche sera le seul, ici, sur cette scène, au détour d’une chanson, à évoquer qui on sait : « Rencontrer Leprest / Qui navigue encore / Putain con ! » Grand merci !

Sur demande: L’amitié