Hervé Akrich, à qui il arrive quelque chose
Ses tours de chant « cherchent sans cesse l’équilibre entre un humour potache, un intime apaisé et un réalisme rebelle. Parce que l’amour, l’humour et la colère sont les ingrédients qu’on passe son temps à doser au mieux pour se concocter les plus beaux des jours. » Vu sous cet angle-là, Hervé Akrich nos concocte ici un album en public d’un bien bel équilibre, alternant les ambiances, les sentiments, dans un classicisme qui se fait rare et peut nous faire songer à Serge Reggiani. Pour lourde qu’elle puisse être, la comparaison me semble assez évidente et Akrich configuré ainsi, avec des textes solides (les siens) qui peuvent être des charges sans jamais se départir d’un salutaire humour, fut-il à l’interstice des vers (ainsi ce « Comment ça fait » qui interpelle la conscience des champions du Cac 40, chanson qu’il faudrait songer à traduire en grec et en espagnol). Du Reggiani vous dis-je, non pour dire qu’Akrich copie (ce qu’il ne fait pas) mais s’inscrit dans une tradition solide, un rapport à la scène et au public, aux mots, qui honore cet artiste pas encore tout à fait rattrapé par les trompettes de le renommée. Avec des chansons de toute beauté, même si le mot « beauté » fait drôle parfois, notamment quand on évoque ce trou dans « La photo de classe », angle de tir cruel et déchirant sur les reconduites à la frontière. Avec un répertoire plus impliqué, qui va plus volontiers sur l’histoire collective que sur les destins individuels. Une chanson d’engagement, de société (d’amour et d’humour aussi, parfois des deux simultanément, tel cet « Ah l’amour » d’anthologie), dont la subtile écriture échappe aux trop faciles slogans. Akrich taille ses textes dans un matériau vivant et le rend pareillement au public, serti de musiciens sensibles, qui chacun caresse les mots et amplifie les émotions. On ne listera pas ici les chansons, tant chacune mérite attention et, ma foi, sincères félicitations.
« Faudrait qu’il m’arrive quelque chose » chante-t-il, tant qu’il en fait le titre de ce double album. On peut le lui souhaiter en appelant reconnaissance et succès à cet artiste-là. Car il est certain qu’il arrive quelque chose à celui, à celle qui écoute Akrich. Même si les propos entre les chansons manquent de fougue, de charisme, dès l’entame d’une chanson vous êtes immanquablement dedans, partenaire et solidaire.
Cet enregistrement en public (à Reims, chez le champenois qu’il est) n’est pas, signalons-le, la reprise des chansons de précédents albums, mais bien un nouvel album en soir : dix-huit des vingt-deux titres sont tout neufs. Largement de quoi faire ripaille.
Hervé Akrich, Faudrait qu’il m’arrive quelque chose, autoproduit, 2012. Le site d’Hervé Akrich, c’est ici.
Un très joli moment passé avec Hervé Akrich, on souhaite qu’il lui arrive quelque chose comme la reconnaissance d’un talent certain .
Une belle plume, des musiciens au top !
Il ne peut que lui arriver de belles choses !
Merci pour la découverte…