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Le monde des concerts file un mauvais coton

« Le monde des concerts file un mauvais coton » pour Jean-Claude Barens, le boss du Festi’Val de Marne, qui, fort du soutien de son équipe, a rédigé cette lettre ouverte adressée à toute la filière « live ». C’était il y a un peu plus de trois ans, en décembre 2008, à l’issue de la 22e édition du festival. Soyez certains que, depuis, la situation a peu changée, que les professionnels continuent à scier la branche sur laquelle ils sont posés…

Lettre ouverte aux producteurs, tourneurs, régisseurs, artistes, et à tous ceux qui se sentiront concernés.

Bonjour,
Nous vous remercions pour votre participation au 22e Festi’Val-de-Marne. Celle-ci a permis au public de partager de beaux moments avec les artistes accueillis qui, malgré la conjoncture, ont été applaudis par près de 30 000 spectateurs. Du strict point de vue comptable, le bilan n’est pas négatif.
Il n’en va pas de même si l’on considère les difficultés croissantes rencontrées par tous nos collaborateurs pour simplement mener à bien la réalisation des spectacles programmés. Notre secteur d’activité a-t-il perdu, depuis quelques années, tout sens de la réalité ? Toujours est-il que les dérapages se multiplient, venant parfois de personnes avec qui nous travaillons depuis longtemps.
Nous avons donc pris le temps de lister toutes ces difficultés, en cinq points : programmation, contrats, technique, accueil, relations humaines. Ce bilan ne vise personne en particulier, c’est une compilation des différents problèmes rencontrés depuis plusieurs années.
Nous espérons que ce travail nous aidera à avancer ensemble en remettant rigueur, humilité, solidarité et respect au cœur de nos relations et en effaçant certains comportements ou mauvaises habitudes qui rendraient l’avenir bien sombre pour nos métiers s’ils se perpétuaient.
Jean-Claude Barens et toute l’équipe du Festi’Val-de-Marne

I – LA PROGRAMMATION
– Explosion des montants des contrats de vente… Si ça continue « faudra qu’ça cesse », comme dirait l’autre. Autrement dit, l’abus risque de tuer le spectacle.
– Difficulté à avoir des artistes confirmés et porteurs, pourtant programmés et aidés (aide à la création, à la diffusion) à l’heure de leurs premiers pas dans le métier.
– Refus des premières parties de la part d’artistes confirmés. Ont-ils oubliés que c’est grâce aux marches des premières parties qu’ils sont aujourd’hui tout là-haut ? L’Alzheimer semble précoce chez les tourneurs et artistes.
– Changement de projet artistique (distribution ou fiche technique) entre la confirmation de la date et le jour du concert.
– Non-respect de la clause d’exclusivité (sur Paris/Région Parisienne 1 mois avant -1 mois après, ce qui ne nous semble pas excessif). Paris étant un véritable aimant pour le public (et les professionnels !), même résidant en banlieue, la fréquentation est parfois loin d’être à la hauteur des attentes et de l’investissement.
– Annulations sans raison objective et réelle, jusqu’au dernier moment : absence d’un musicien, stress de l’artiste (quand ça n’est pas son évaporation dans la nature !), problèmes d’emploi du temps, problèmes internes dans l’entourage de l’artiste, journées promo à assurer, maladies imaginaires avec ordonnances bidons. Nous aurions remporté bon nombre de procès, mais aurions mis quelques sociétés sur la paille si nous avions saisi les tribunaux.

II – LA COMMUNICATION
De plus en plus de productions/tourneurs nous contactent très, trop régulièrement pour connaître l’état des ventes de leurs artistes. Par contre, nous sommes étonnés de la relative pauvre collaboration sur la communication/promo des concerts de leurs artistes.
– Nous avons en effet des difficultés à obtenir les kits de promo (CD, photos, bio, affiches). Plusieurs relances sont nécessaires. Il nous est arrivé de recevoir les affiches après la date du concert.
– On a tendance à mettre la faute sur les labels ou maisons de disques qui, d’ailleurs, ne sont ni nos interlocuteurs, ni des partenaires de qualité tant qu’ils considéreront la scène comme le support du disque et ne comprendront pas le pouvoir des concerts sur les ventes de disques.
– Nos dates sont trop rarement signalées sur les sites, tracts ou espaces pubs. Nous aimerions que les producteurs/tourneurs accordent un peu plus d’attention à la promo des concerts s’ils veulent que leurs artistes aient le public qu’ils méritent.

III – LES CONTRATS
– Demande d’acomptes de plus en plus fréquents (chez nous, c’est simple, c’est NON !)
– Manque de clarté lors des négociations au sujet des postes hébergements/ voyages/défraiements.
– Le droit du travail interdisant la consommation d’alcool, aucune demande d’alcool ne devrait apparaître dans les contrats des productions (qui sont employeurs).
– Captations audiovisuelles (enregistrements audio ou vidéo) à la demande de l’artiste ni prévues au contrat, ni par un avenant.
– Malgré de nombreuses relances, les contrats nous sont parfois fournis la veille, le jour ou le lendemain du concert.

IV – LA FICHE TECHNIQUE
Les fiches techniques (l’ensemble des demandes en matériel du groupe, nombre de micros nécessaires, etc) reçues avec les contrats sont très peu adaptées aux salles du Festi’Val-de-Marne : un effort d’adaptation est nécessaire ! Il serait pourtant simple pour les productions de réaliser des contrats techniques selon la destination : grande salle, salle moyenne, petite salle (certaines le font).

1) Sonorisation :
– 90 % des contrats techniques réclament du matériel très haut de gamme, alors que le niveau du groupe et de compétence du technicien ne le justifie pas.
– Il est inadmissible d’avoir des exigences du genre « pas de numérique » ou « que du numérique» voire des effets de studio qui ne font pas forcément partie du parc des prestataires. Tout le matériel non standard devrait être fourni par la production (ce qui se fait de plus en plus pour les ear monitor).
– Idem pour le backline (les instruments pour la scène), dont les demandes croissent d’année en année, à croire que les groupes ne possèdent pas de matériel, se branchent sur leurs chaînes hi-fi et tapent sur des barils de lessive.
– Il y a aussi une inflation du matériel demandé au niveau des retours (les enceintes posées sur la scène, à l’usage du groupe), qui induit une augmentation de la puissance façade, qui induit la mise à disposition de bouchons d’oreilles pour le public, ce qui est une aberration !
2) Lumière :
Quel que soit l’équipement des salles, il faut toujours fournir un autre matériel car il y a beaucoup d’effets de mode.
– De plus en plus de spectacles utilisent des machines, ce type de matériel doit être fourni par la production avec le technicien adéquat, pour des raisons de compétence en programmation et de connaissance des pupitres.
– Pour les spectacles théâtralisés, le temps nécessaire aux réglages est souvent trop long et les plans de feu difficilement adaptables.
– Pour les spectacles utilisant de la vidéo, les contraintes sont nombreuses et difficilement adaptables à la scénographie des lieux, ainsi qu’aux connaissances techniques en place.
3) Décor :
– Dans la grande tradition du théâtre, le décor est fourni par le producteur, nous sommes donc toujours étonnés de voir des demandes de guéridons, sofas, et autres éléments décoratifs à fournir par l’organisateur.
4) Contraintes :
– Non-respect des horaires prévus : c’est préjudiciable pour tous, les autres artistes, les équipes techniques, et surtout le public !
– Non-respect des contraintes techniques des autres artistes, et il est vraiment question de respect : lorsqu’une répartition des tranches (le nombre de pistes disponibles sur une console de mixage) est faite sur une console, il est vraiment mal élevé de se servir une nouvelle tranche !

V – L’ACCUEIL
Changements innombrables jusqu’à la dernière minute : tout a un coût, et les dommages collatéraux ne sont pas anodins :
– Succession de fiches techniques différentes pour un même spectacle, jusqu’à la veille du concert : on passe des heures à modifier les bons de commande.
– Demandes de matériel finalement amené par le groupe le jour même : location et immobilisation inutiles.
– Demandes d’achat de baguettes (ça, c’est nouveau !) pour un batteur.
– Transports locaux non prévus et demandés à la dernière minute.
– Demandes de changements d’hôtels qui entraînent la perte des acomptes versés par le festival.
– Modification de la rooming-list (l’attribution des chambres d’hôtel) sur place sans concertation avec le festival.
– Demandes de day-room (location d’une chambre en journée) pour une attente de 6 heures, alors que l’artiste habite Paris.
– Demandes de runners non utilisés au dernier moment : véhicules et personnel immobilisés.
– Pick up (le fait d’aller chercher l’artiste chez lui) : on nous demande un véhicule pour 7 personnes + siège enfant, finalement 2 adultes montent dans la voiture.
– Abus sur les défraiements, le nombre de défraiements demandés est supérieur au nombre de personnes présentes.
– Catering (la cantine pour les musiciens et techniciens) : si les demandes de repas hallal ou végétarien sont légitimes, certaines exigences sont totalement hors de propos (marques exclusives, produits difficiles à trouver – ce qui est rare est cher, on n’est pas loin de l’avantage en nature…)
– Alcool : voir chapitre Contrats
80% des conversations tournent autour de l’hôtellerie et de la restauration !
– Nous sommes en banlieue, les restaurants (quand il y en a) ne servent pas tard : il faut que les groupes se conforment aux horaires spécifiés, on ne les donne pas par hasard, ni par sadisme !
– Ordres et contre-ordres : il faut se taper 25 pages pour trouver que le Coca a été remplacé par du Red Bull !

VI – LES RELATIONS HUMAINES
Il semblerait qu’il existe un sérieux problème de communication entre les tourneurs et les régisseurs, et nous en faisons les frais. Soit les tourneurs n’informent pas des conditions prévues au contrat, soit les régisseurs n’en tiennent pas compte :
– Multiplications des appels et des relances pour avoir des informations importantes (nous avons de plus en plus souvent des stagiaires comme interlocuteurs) : perte de temps, préparation remise de jour en jour, stress de dernière minute.
– Nous faisons très souvent le secrétariat des régisseurs, qui demandent par exemple : « tu peux me forwarder (faire suivre) ta fiche technique, la prod a dû merder, j’ai rien sur ta date »- Incapacité des régisseurs à prendre des décisions, on s’entend répondre : « pour le son tu vois avec machin, pour la lumière avec truc, les bières et les serviettes c’est moi.»
– Artiste pas toujours informé des conditions de passage et des avertissements du festival (partage du plateau, type de lieu, prix des places…).
– Non prise en compte par les régisseurs des premières parties pourtant négociées dès le départ (et systématiques au Festi’Val-de-Marne).
– Changement de régisseur à la dernière minute, le nouveau ne connaît pas le dossier.
– Les tourneurs et les régisseurs semblent incapables de maîtriser les demandes non justifiées des artistes.
– Nous pensons que le travail de régisseur consiste aussi à valider par des écrits les conversations et les accords téléphoniques. Seuls 10% des régisseurs le font. Sur place, les contacts avec les régisseurs sont du type : « Tu as dealé avec Machin de chez Zeprod, mais moi je représente le groupe et c’est moi qui commande. »
On se demande vraiment si le régisseur sert l’intérêt de la prod’, de l’artiste, ou de lui-même.
Alors que fait-on ? L’organisateur signe le contrat avec le régisseur ? Ou la production assume son rôle et exige de son régisseur de tournée qu’il travaille en bonne entente avec TOUS ses interlocuteurs, dans l’intérêt commun de l’artiste, de la production, de l’organisateur, et du public !
Nous n’en ferons pas des pages sur les comportements décevants et incohérents de certains artistes (leur entourage n’y est pas étranger) par rapport à l’image de simplicité et d’intégrité qu’ils donnent par ailleurs. On aimerait que nos équipes techniques et celles des salles n’aient pas à se plaindre de l’attitude des groupes, or cela arrive trop souvent.

En conclusion :
Nous ne sommes pas une BANQUE, ni une ÉPICERIE FINE, ni un TOUR OPÉRATEUR, ni le CLUB MED : nous sommes UN FESTIVAL ! C’est uniquement à ce titre que nous resterons volontiers votre interlocuteur.

PS : Comme, il vaut mieux en rire qu’en pleurer… En annexe, quelques perles lues dans les riders (la liste des boissons et friandises demandés par les groupes dans leurs loges) !


Voici quelques demandes lues dans les riders :

1 – « Nous exigeons un régisseur général sobre et compétent » : à la page suivante du rider, il était demandé : 48 bières, 3 bouteilles de whisky, 6 bouteilles de bon vin et de la vodka !
2 – La bouteille de champagne est devenue un classique, voire même la Cristal Roederer.
3- Les recommandations sanitaires recommandant de boire 2 litres par jour sont bien suivies. Dans un rider pris au hasard, il nous était demandé 54 litres (toutes boissons confondus) pour 9 personnes, ce qui représente 6 litres par personne!
4 – “Rock’n’Roll never die”, “Sex, drugs and Rock’n’Roll” are still alive : du thym frais pour certains, des plantes vertes pour un autre et 70 bières + 2 bouteilles de vodka + 1 bouteille de bon champagne (6 litres d’alcool) pour 3 autres. Ces derniers ont du renverser ou perdre quelques bouteilles, parce qu’ils sont toujours vivants.
5- Ne prévoyez plus de cocaïne, le Red Bull a réussi à s’installer !
6 – Les musiciens ne sont pas partageurs, à chacun sa marque de gâteaux, sucreries et boissons. Les riders sont des véritables annuaires alimentaires. Un conseil ; achetez des actions chez Danone, c’est la marque la plus citée !
7 – Les artistes, surtout les méchants metalleux sont de vrais petits gourmands : Nutella, chocolat, Yop, barres chocolatées, Special K de Kellogs, Cruesli chocolat… D’autres préfèrent la collec’ Kinder (Délice, Country, Bueno).
8 – En plus de devenir des épiceries ambulantes, les festivals vont devoir demander la licence de vente de tabac et ne pas oublier de prévoir les feuilles à rouler. Des cigarettes, du tabac, des feuilles à rouler… Et puis quoi encore, ils veulent pas qu’on les leur fument à leur place.
9 – L’espace « Boulangerie » est aussi indispensable : pain blanc, pain de mie, Wasa, 100% seigle, Sandwich Daunat, 100% épeautre, pain complet, sans farine de froment…
10 – Quel que soit l’heure d’arrivée des artistes, un buffet très complet (fruits divers, légumes divers, fromages divers, charcuteries diverses, desserts divers, sucreries diverses) nous est demandé. Comme on peut s’en douter les équipes qui arrivent entre 15h00 et 18h00 finissent par picorer, l’heure du repas n’étant pas loin. D’où un gâchis important. D’ailleurs certains nous recommandent « d’éviter le gaspillage »… mais ne
touche pas le plateau commandé !
11 – Prévoyez aussi un service de livraison de repas dans les hôtels même si vous avez un bon catering ou de bons restaurants à côté de l’hôtel.
12 – Bio, végétarien, végétalien, sans poisson…le métier de cuisinier de catering s’est compliqué ces derniers temps.
13 – Et puis, il faut aussi faire le marché tôt pour le thym frais, le saumon fumé, les sardines, les fruits de mers, et les fleurs.
14 – On fournit souvent des “petits déjeuners continentaux”, des “petits déjeuners à l’anglaise”, mais cette année un « petit déjeuner scandinave » nous a été demandé. Il y a bien un lac à côté de l’« espace chapiteau », mais celui-ci n’était pas gelé pour y pécher un quelconque poisson nordique.
15 – Faites bien attention à la lecture des riders, des produits bizarres comme des enceintes à brancher sur un ordinateur y sont demandés.
16 – Autre élément technologique demandé dans les rider, sûrement par des accros de Arnold et Willy ou de Les feux de l’amour puisque cette année pas de Coupe du Monde de foot, ni de rugby : le fameux téléviseur.
17 – Et n’oubliez pas de fournir la table de ping-pong, sinon l’annulation du concert peut avoir lieu.
18 – Si un manageur a deux artistes dans la même soirée mais dans deux endroits différents, il y a de fortes chances qu’il vous demande un transport local parce qu’elle n’a pas le permis ou pas voulu prendre sa propre voiture.
19 – Rika Zaraï a aussi fait des adeptes chez les rockers en les convertissant à « la grande bassine remplie de glaçon » dès la fin du concert.
20 – Des baguettes d’une marque bien précise pour un batteur qui n’avait déjà pas amené sa caisse claire, ni ses cymbales. Il devrait d’équiper d’une boite à rythme, il en existe des très petites.

 

 

 

 

 

14 Réponses à Le monde des concerts file un mauvais coton

  1. erwens 16 mai 2012 à 7 h 59 min

    Je vous laisse mes coordonnées, pour ma part je viens juste pour le prix de mon cachet au demeurant modeste… Le reste je n’en ai pas besoin !!!! Et je ne dois pas être le seul à envoyer des docs qui partent à la poubelle… Quand je vois tout ceci je me demande pourquoi je continue à faire ce métier…..
    Quelle injustice ! lol

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  2. Fred Fantaisie 16 mai 2012 à 8 h 30 min

    Je suis un peu perplexe devant la sur-médiatisation de cette lettre aujourd’hui alors qu’elle était passée inaperçue à l’origine. Est-ce que ce serait lié à la renégociation du statut des intermittents l’automne prochain ?
    Le rapport de la cour des comptes il y a deux mois tombe fort à propos aussi. Le buzz est un métier maintenant. Les infos ne sortent pas par hasard.

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  3. Dblocnote 16 mai 2012 à 8 h 56 min

    On l’a déjà lu maintes fois ce texte, et moi qui ne suis que spectateur et contribuable je dirais simplement à cet organisateur « et si vous refusiez de travailler avec ces gens aux exigences indécentes et aux tarifs exorbitants ? »
    En tant que contribuable, je ne vois vraiment aucune raison à ce que les billets d’entrée ne couvrent même pas la moitié du coût d’un spectacle : faut-il que la taxe d’habitation de la mamie qui perçoit une retraite de moins de 1000€ contribue à un cachet de plus de 100 000€ pour des entrées qui ne descendront au dessous des 30€ ?
    Les programmateurs qui se plaignent de ces artistes me font penser aux téléspectateurs qui se plaignent des programmes et qui passent de plus en plus de temps devant leur écran. Qu’est-ce qui les oblige ? Rien, sinon une certaine paresse intellectuelle.

    Réponse : Ce texte est de fin 2008 et, effectivement, nombre de personnes en ont déjà pris connaissance. Il entre ici dans la rubrique « Merci, Collègues ! », collection de textes pouvant faire éclairage sur tous les aspects de la chanson et amener de salutaires débats. Celui-ci sur des pratiques courantes dans un certain milieu de la profession. Quant à l’utilisation des fonds publics… faut-il que la mamie paye pour la crèche municipale, pour la bibliothèque de prêt, pour…? C’est un autre débat où il se méfier d’une trop facile démagogie. MK

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  4. Gamper 16 mai 2012 à 9 h 13 min

    Ces constatations pourraient amener à une réflexion plus poussée sur le choix de programmation. Qui marche aujourd’hui et pourquoi ? La France regorge d’artistes engagés aussi dans une démarche globale humaniste. Des gens qui ont pris le temps de travailler sur eux. Ces gens, forcément, ont plus de 25 ans mais ils ont vraiment quelque chose à dire, le disent bien, ont du métier, se respectent et respectent les autres. Peut-êtreserait -il temps que les programmateurs et les journalistes s’intéressent à eux !

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  5. VEUJOZ Jean-Baptiste 16 mai 2012 à 9 h 27 min

    J’ai lu cette lettre ouverte et sur le coup, j’étais assez estomaqué de ce qu’elle contenait et d’accord avec le bonhomme. En y réfléchissant plus, il y a une chose qui me gène : la généralité. En ne citant personne, en disant « les artistes », « les producteurs », « les entourages », « les techniciens » on fait un joli amalgame dans lequel se retrouvent pris ceux qui, comme Erwens, moi et des milliers d’autres vivent de cachets minuscules, jouent dans des conditions techniques minimales et ont la plupart du temps des relations humaines fortes et respectueuses avec les gens qui les accueillent.

    Pourquoi ne pas dire « l’entourage de Machin » ou « les exigences de Unetelle » ? Ca serait bien plus courageux et permettrait aux autres organisateurs de savoir à quoi s’en tenir avec Machin et Unetelle …

    Une suggestion : si les salles arrêtaient de vouloir uniquement les artistes qui font le buzz et tournent déjà comme des dingues, ça aiderait ces artistes à être plus modestes et le public aurait probablement le loisir de découvrir d’autres gens, souvent très gentils et bien moins chers … mais ça veut dire prendre des risques et ce n’est plus dans l’air du temps, sauf dans les milieux confidentiels et alternatifs…

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  6. erwens 16 mai 2012 à 9 h 45 min

    Je suis entièrement d’accord avec toi Jean-Baptiste mais, hélas, les organisateurs sont assez frileux. Et, malheureusement (vaste débat) sans médiatisation, nous les petits, sommes quantité négligeable… Pas bankables et pas en position d’exiger quoi que ce soit… Du coup les organisateurs se voient pris en otage par le système !! Bien dommage que tout ceci !

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  7. Aron'c Le groupe 16 mai 2012 à 9 h 57 min

    Je pense qu’une lettre ouverte concernant les dysfonctionnements et les abus des organisateur de concerts et de festival serait nécessaire et je pense que, perso, j’aurai de quoi en remplir une bien plus longue que celle ci… J’ai pas que ça à foutre donc je ne ferai pas la liste exhaustive de toutes les saloperies et les comportements abusifs de certaines personnes et organisations mais je peux en faire déjà un petit résumé : népotisme, copinage, machine a fric, non respect du rôle de soutien aux artistes locaux alors que ces personnes touchent des subventions payées par mes impôts !!! premières parties verrouillées par les prods et donc non accessibles aux artistes indé, refus régulier de payer pour des premières parties (« Attend tu vas jouer devant 500 personnes c’est déjà super »…), accueil des artistes souvent déplorable, relation avec les artistes à la tête du client (si t’es connu on se roule par terre devant toi ; si t’es pas connu on te traite comme de la merde)… enfin je ne parle même pas des abus pratiqués dans les festivals « off  » où, là, carrément on profite de la notoriété et de l’engouement pour un événement pour exploiter des artistes gratuitement… J’en ai encore des kilomètres mais j’ai pas que ça à foutre encore une fois… Moralité : si on veut se faire la guerre on a tous des arguments recevables mais essayons plutôt de trouver les choses qui nous rassemblent et qui nous permettent de travailler ensemble à commencer par la musique et non par le fric…

    Répondre
  8. Eddy Bonin 16 mai 2012 à 10 h 43 min

    Je suis entièrement d’accord avec Jean Claude, qui m’avait d’ailleurs adressé cette lettre en 2008.
    Mais se pose-t-on la bonne question ?
    Qui doit être maître de sa programmation ? De ses choix ?
    Si TOUS les festivals refusaient ces conditions, que feraient les artistes et les tourneurs voraces ? Ils plieraient tout simplement.
    En programmant des artistes de moindre notoriété, mais très souvent, beaucoup plus intéressants musicalement parlant, les exigences et cachets seraient moindres…le prix des places également de ce fait ! Et tout le monde s’y retrouverait.
    Alors bien sur, certains vont parler de sponsors et autres institutions qui veulent des « noms » sur les affiches pour se faire mousser auprès de leurs clients ou élus… Mais où est la musique là-dedans ? Nulle part !!!
    C’est un choix à assumer…

    PS : je suis tourneur de groupes de diverses notoriétés et aussi programmateur occasionnel…je suis des deux côtés du problème, mais je me refuse depuis toujours à rentrer dans ce jeu de surenchère !!!

    Répondre
  9. Dblocnote 16 mai 2012 à 11 h 48 min

    Complètement d’accord avec Mr Bonin, aux programmateurs d’avoir un minimum de courage et aux politiques d’arrêter d’utiliser des têtes d’affiches coûteuses pour faire leur campagne aux frais du contribuable.

    en réponse à la comparaison entre la subvention d’un évènement culturel et une subvention pour une crèche, qui paie les retraites et les allocations dépendance des personnes âgées sinon ceux qui ont des enfants?
    Comparer des spectacles largement subventionnés à plus de 20 ou 30€ l’entrée avec des bibliothèques ou médiathèques gratuites, me fait tout simplement sourire, ce doit être une question de priorités personnelles.
    On parle souvent de démagogie quand on évoque le gaspillage des fonds publics, histoire de légitimer les petits fours et les danseuses diverses des élus de tout bord.

    Répondre
  10. Jean-Louis Chinaski 16 mai 2012 à 16 h 01 min

    Bien fait ! A force de dérouler le tapis rouge à des imbus d’eux-mêmes, voilà ce qui arrive ! Qui sème le vent récolte la tempête !
    Y z’ont qu’à nous inviter nous : les artistes sans prétention, ceux qui continuent dans la pénombre !
    Et à nous inviter dans des conditions correctes !
    Parce que sinon, quand on sera connus, nous aussi, peut-être, on aura des exigences pour se « venger » des années, où on nous aura pris pour des cons !
    ;-) Ciao viva !

    Répondre
  11. Delorme 17 mai 2012 à 14 h 51 min

    Chers camarades de l’ombre et sans prétention,
    Tout ça me rappelle, il y a quelques années, une auditrice courroucée qui reprochait à des « vedettes » de faire des pubs, parce que disait-elle, cela volait le boulot aux acteurs inconnus !
    On lui avait répondu gentiment que c’était précisément en raison de leur statut de vedette que ces personnes étaient choisies pour tourner des pubs. N’est-ce pas la même chose en ce qui concerne les programmations de festivals ou autres dans le domaine de la chanson Si on remplace les « vedettes » et leurs exigences débiles par des chanteurs de l’ombre aux exigences plus modestes (par la force des choses!), il n’y aura plus de public et donc plus de festival. Là, c’est sûr que le problème sera réglé.

    Répondre
  12. Yann Malau 18 mai 2012 à 11 h 42 min

    Oui et non, Pierre Delorme, de même pour Erwens, Aron’C et tous les autres. Le débat est beaucoup plus large que le simple fait de programmer un artiste de l’ombre ou une star médiatique, sachant que la référence pub est valable pour un festival. D’en avoir parlé avec certains organisateurs, malgré son non à nous programmer, certains ont les choix qui leur sont imposés par le maire, le conseil général, le régional, etc. Tous ceux qui financent de près ou de loin veulent l’artiste qui représente une réussite pour afficher la leur au grand jour, comme dans la pub. Oui, la star fait vendre et ces grosses structures ne sont plus que des vitrines pour les offices de tourisme. d’ailleurs, ils ont presque tous lieu en été et pompent environ 60% des budgets régionaux de la culture.
    Essayez d’organiser une soirée avec des artistes inconnus et il n’y aura presque personne, à part quelques amis, deux trois touristes perdus et qui viennent passer le temps et, au bout du compte, vous payez tout juste la pub.
    Organisez un festival chanson, hors saison et votre dossier n’est même pas lu, ou, les mêmes pour lesquels nous votons, ne prennent pas la peine de vous répondre.
    Peut-être est-il possible d’instaurer une dose de proportionnelle (mot à la mode en ce moment) et de mélanger les stars avec des artistes de l’ombre, comme du vieux temps des 1ere parties.
    Il faudrait simplement que toute la profession se mette autour d’une table pour construire un nouvel avenir. N’a t’il pas été crié très fort « Le changement, c’est maintenant ». Alors, soyons une force pour leur rappeler leurs promesses.
    Ce n’est pas parce que l’artiste indépendant crachera sur les produits des gros labels qu’il se fera entendre, ni l’inverse d’ailleurs.
    Une vrai table ronde et une vraie remise en question.

    Répondre
  13. Delorme 19 mai 2012 à 9 h 15 min

    Une remise en question pour quoi faire ?
    La chanson vivante se porte bien, les stars remplissent, le public crache au bassinet, et même si la vente de cd est en baisse pourquoi voulez-vous que la profession se réunisse autour d’une table ronde ? Y a-t-il un scandale ? Le nombre de postulants au métier de chanteur ne cesse d’augmenter, tout le monde ne peut pas prétendre en vivre etc. Rappelez-vous, chanter n’est pas un droit, on n’est pas artiste par obligation, on tente sa chance c’est tout. Les dés sont-ils pipés ? Si on le pense, pourquoi ne pas faire autre chose de sa vie ?

    Répondre
  14. Évelyne Girardon 22 mai 2012 à 10 h 57 min

    Pour Jean-Claude Barens : Comme Erwens, je vous encourage, si cela vous tente, à vous tourner vers des artistes qui n’en demandent pas tant et ne sont pas adossés à de grosses machines de guerre technique et marketing. La simplicité, la qualité artistique et la culture relationnelle existe, si si ! Mais sans doute que vos difficultés sont le prix à payer pour une programmation qui génère un public nombreux et déjà capté.
    Vaste débat …

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