Giro, phare d’un ailleurs breton
C’est comme un Gaëtan Roussel, plus impliqué, plus écorché encore, avec un son, un phrasé breton. Pas trad, non, mais pas loin… et breton, d’une musique têtue. Sur le titre suivant, c’est un Gabriel Yacoub qui s’impose comme rare évidence, aussi bouleversant. Et sur d’autres… On peut se livrer au jeu des comparaisons, des associations. A faire le tour, Giro ressemble à pas mal de gens et ne ressemble à rien. Ce premier disque est un choc, une baffe pour qui s’imagine que la chanson ronronne. Chaque titre surajoute à la précédente impression. Surprise et fascination. Jusqu’à cette reprise de De la main gauche, de Danièle Messia. Je tenais pour référence absolue celle de Louis Capart, sur son « Rives gauches de Bretagne et d’ailleurs ». Ils seront deux à présent.
Après long parcours dans les musiques traditionnelles bretonnes, Sylvain Giro (son vrai nom est Girault) fait œuvre personnelle, fusion de pas mal de genres, roots et rock, pop et hip-hop, jazz et musiques improvisée. Et trad. « Tout ce qui claque et qui brûle, tout ce qui vit et qui joue, tout ce qui ne fait pas de concessions à l’industrie du divertissement. » Longtemps chanteur du groupe Katé-Mé qui, déjà, mêlait le chant traditionnel de Haute-Bretagne aux influences actuelles, Giro n’en continue pas moins de se produire en solo, lors de fest-noz ou non, dans un répertoire traditionnel. De même il se produit dans La Dame blanche, spectacle fondé sur le répertoire populaire para-religieux de Loire-Atlantique, concert entièrement acoustique qui se joue dans les chapelles et mêle oud, flûte traversière en bois, chant monodique et polyphonique, conte et mise en lumière. Il fait enfin partie du collectif trad-world Le Jeu à la nantaise.
Avec ce Batteur de grève, Giro prend certes la tangente de la pure création, d’une carrière d’auteur. Mais nourrie à l’envi de tous ses acquis précédents, simplement affranchie de ses codes, de ses tics, en toute liberté. Qui plus est d’une interprétation peu commune.
Sylvain Giro, Le batteur de grève, 2011, Coop Breizh. Le site de Giro, c’est ici.
Très beau papier, Michel. Et très juste. Il FAUT découvrir Sylvain Giro, un des plus fascinants alchimistes à avoir débarqué cette dernière décennie sur notre planète musicale.
J’AIMAIS BEAUCOUP AVEC KATÉ MÉ ET LA JE SUIS ABSOLUMENT CONQUIS. BEL ARTICLE POUR GRAND ARTISTE.
Je ne connaissais pas, merci pour la découverte !
Complètement d’accord avec vous : une rare rencontre entre un homme et la chanson. C’est évident, éclairé, habité. Merci à lui.
Merci pour cette nouvelle trouvaille : le talent du type est impressionnant. Il a l’étoffe d’un héros ce Giro, et pas d’un zéro.
On y entend un peu de Yacoub, peut-être, mais c’est plus un air commun dû à une inspiration partagée, celle où la musique ancrée dans un terroir largue vite les amarres et s’en va voguer au ciel. Comme le fait toujours le vrai, bon et grand folk.
Sylvain Giro sera les 7 et 8 décembre au Théâtre de La Reine Blanche à Paris. A en croire l’inventivité de l’album, la force et la sincérité du bonhomme, ça donne envie d’écouter cela de plus près… Merci pour la découverte, Michel.