Pierre Tourniaire, de nouveau dans le circuit
On dit que l’industrie discographique investit deux fois moins dans la recherche de nouveaux artistes, en signe deux fois moins. Ça se sent. Remarquez que, toujours, elle a laissé nombre d’artistes sur les bas-côtés d’une possible renommée. On n’ose imaginer ce que seraient devenus certains chanteurs d’alors s’ils avaient pu bénéficier d’un tel soutien, d’un indéfectible suivi. De guerre lasse, nombre d’entre eux ont changé de métier, remis leur guitare dans l’étui et les articles de presse jaunis précieusement pliés dans des cahiers ou des boîtes en métal, à l’abri du temps.
Pierre Tourniaire est d’Annecy. Il y a longtemps il a tourné le dos à ses ambitions de chansons. Pour devenir prof de ferronnerie d’art. De 1973 à 1984, il a pourtant vécu les années vinyles avec un réel et estimable succès au national. Les années quatre-vingt furent cruelles qui n’ont fait de cadeau à personne : gros dégraissage au rayon chanson. Lui s’est réfugié ailleurs, replié dans sa Savoie. Longues années de silence. Et, un beau jour, longtemps après l’oubli, l’envie se fait sentir, qui vous tenaille à nouveau. Des joies et des tristesses à dire, à chanter. De nouveaux accords qui s’imposent sur les cordes. Plus rien à gagner, et surtout plus rien à perdre, la démarche est d’autant plus sincère. On se trouve de nouveaux compagnons musiciens, des lieux pour à nouveau y rencontrer un public. On réédite ses chansons sur laser, on en écrit d’autres. Et un beau jour on confie ses textes de chansons au papier d’un livre à la typographie précieuse : « Et la musique près des rivières » est sorti l’an passé aux éditions de l’Astronome.
Vous situer Pierre Tourniaire, c’est convoquer et combiner les voix de Georges Chelon et de Michel Bühler. Ainsi que (presque) leurs répertoires, prélevant à l’un sa douce nostalgie, à l’autre ses colères et ses utopies. Tourniaire a un sens évident de l’écriture, de la poésie. Du beau travail à l’ancienne et des chansons qui alternent l’humour, la tendresse et la révolte. A (re)découvrir, forcément.
Le site de Pierre Tourniaire, c’est ici.
Belle idée que d’avoir mis Pierre Tourniaire à l’honneur !
Votre article m’a donné envie de réécouter « Rendez-vous » ce que j’ai fait avec beaucoup de plaisir. La parenté avec Georges Chelon et Michel Bühler est bien vue, je retrouve également des accents poétiques à la Frederik Mey. Cet ensemble de talents réunis donne un artiste singulier qui mérite bien que l’on s’intéresse à lui.