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Biblio : Dicale questionne Brassens

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J’aime à ce qu’on bouscule un peu, qu’on rudoie même, ce que j’aime, ceux que j’aime.
J’aime Brassens au point de le poser délicatement tout au sommet de la chanson, en son point culminant. Mais pas de l’idolâtrer. Brassens m’est simplement un copain du quotidien, mon Jiminy Cricket à moi, coffre de trésors et catalogue des ressources à la fois. Par bonheur je n’ai pas bien le sens chrétien et ne bave devant personne ni le béatifie, le canonise. Saint et Brassens ne se conjuguent pas en moi, sauf à l’oral, pour parler des petits seins de Margot où va se réfugier son chat : « C’était tout c’qu’elle avait, pauvrette, comm’ coussin… »
Même pas idole païenne le père Brassens, juste un repère important de bon sens, de bonté, de malice, de poésie aussi.
Qui saura me dire tous ces artistes qui, pour une chanson, pour tout un disque ou pour la totale, se sont mis en bouche Brassens, se sont mis à la pipe pour à leur tour faire tabac ? Ils sont quasi innombrables. Pour la plupart avec un respect, une révérence, qui confine au religieux même et surtout quand ils entonnent La Nonne.
Aussi nombreux sont les bouquins de toutes sortes qui fleurissent souvent, et particulièrement aux anniversaires de notre trépassé. Tous aussi révérencieux, tous plus ou moins réussis, avec leur lot, souvent maigre, de révélations qui, chaque fois, font reluire plus encore la statue du commandeur.

« C’était tout c’qu’elle avait, pauvrette, comm' coussin… » Dessins (des seins ?) de Dany (extrait du livre "Brassens", 1989, Éditions Vents d'Ouest)

Là, non. Bertrand Dicale vient à son tour d’écrire son ouvrage sur Brassens. Qui s’intitule simplement Brassens ?, avec un point d’interrogation qui, forcément, change la donne. Dicale va à contre-courant, se donne le mauvais rôle, celui du méchant, s’en va titiller la douteuse sainteté dont on a affublé Brassens et énerver « brassensologues » patentés et docteurs es-brassensologie, confrérie au sein de laquelle mon estimé confrère ne se fera pas que des amis. Passionnant parfois, irritant aussi, ce livre toujours bien écrit (c’est du Dicale) est une respiration bienvenue dans une débauche d’idolâtrie, consensus lassant d’un artiste devenu, malgré lui, le plus officiel qui soit, presque pris la main dans le corsage de notre Marianne nationale. D’où vient Brassens ? Quelles sont ses sources ? Quelle est sa morale ? Est-il vraiment de gauche ? Est-il vraiment si antireligieux ?… Dicale se pose des questions et tente d’y répondre. Et se poser des questions, c’est déjà ça.

Brassens ?, Bertrand Dicale, 2011, 279 pages, Collection Pop culture, Flammarion.

Une réponse à Biblio : Dicale questionne Brassens

  1. joan 5 mars 2011 à 20 h 12 min

    Brassens était un génie: un parolier d’exception et un sacré mélodiste. Peut-être le plus grand « ACI » français.
    Mais quelle plaie que certains de ses fans ! De vrais ayatollahs.
    Tant mieux si ce livre comme votre bio de Lavilliers décoiffe le turban des idôlatres !

    Répondre

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