CMS

Camel Arioui, l’émotion qui se livre

Camel Arioui, 10 avril 2010, Espace culturel Albert-Camus au Chambon-Feugerolles.

Camel Arioui (photo d'archives DR)

« C’est une offense envers une rose / Une insolence envers la nature / Il manque la plus belle fleur au jardin de mon cœur… » Il y a en Camel Arioui une poésie pareille à celle du chanteur Madjid Ziouane (dont je ne tarie pas d’éloges) : l’amour d’une belle construction littéraire, qui, en consciencieux jardinier du verbe, s’en va chercher les racines des mots dans le fertile terreau de la chanson française. Fils de harkis, Arioui ne chante vraiment que ce qu’il est, son histoire, celle de sa famille. En une chanson lettrée, choix de mots délicats, vers délicatement pesés, joliment imagés : « J’ai du sang indigène / Qui coule dans mes veines / J’ai le spleen de Verlaine / Ba da ba da ba doum / Mon cœur est un loukoum… » Camel Arioui est un roman, un livre d’histoire à lui tout seul, retraçant en des anecdotes personnelles un pan entier de notre Histoire : guerre d’Algérie, rapatriement, enfance… « Conjuguer au présent / Se souvenir d’avant / Nous rappelle le bon temps. » Je n’aime pas le mot intégration qui n’évoque en moi que les actuelles politiques répressives ; mais c’est vrai qu’il peut aussi évoquer le vivre ensemble, la mutualisation de nos richesses. C’est ça l’histoire que nous chante Arioui, avec une chaleur à nulle autre pareille, et l’émotion qui sans mal nous étreint. Une chaleur qui n’a d’égale que celle de sa voix, de ses rythmes arabo-andalous, de ce violon omniprésent dont l’archet d’Émilie Montet caresse tendrement et sans relâche les cordes. Récital autobiographique émouvant où se retrouve l’enfance (« Mais n’a jamais rien demandé à personne / Question de fierté ma daronne / Quand ça faisait ding dong / Dans nos ventres affamés »), le frérot mort il y a longtemps à qui il envoie des lettres « en espérant que le facteur du paradis relève le courrier », les années d’écrou (« La fiancée du Bosco / Elle a le cœur en lambeaux / Elle a le cœur hisse et haut / Sur les remparts de Saint-Malo »), tout ce qui est et fait Arioui. L’écouter c’est lire un livre, pages toutes ouvertes, papier soyeux encore humide d’émotion, encre sympathique, élégante typographie. Part de lui, part de nous, il nous est vite important, plus même.

Le myspace de Camel Arioui.

Image de prévisualisation YouTube

Si vous aimez la chanson, abonnez-vous à ce blog : vous recevrez en temps réel la notification de tout nouvel article sur NosEnchanteurs. Cliquez en haut à droite de cette page-écran : c’est facile, c’est sympa, c’est gratuit.

7 Réponses à Camel Arioui, l’émotion qui se livre

  1. Mô Ewanjé-Epée 13 avril 2010 à 6 h 41 min

    Encore une fois, voilà un bien joli dessein de ce Camel-là.
    Merci Monsieur Kemper.

    Répondre
  2. La Pépée 13 avril 2010 à 9 h 50 min

    Un texte qui ressemble à l’homme : sensible et fort.

    Maryse

    Répondre
  3. mylène 3 mai 2010 à 22 h 14 min

    Bonjour. Eh ! bien belle image de mon ami Camel, il fait encore parler de lui, ça c’est chouette. Merci à vous Michel pour ce bel article c’est bien lui ! À bientôt sur les routes de la chanson française.
    MYLENE

    Répondre
  4. CRISAVIGNON 13 juillet 2010 à 13 h 12 min

    Je viens de découvrir Camel le 12/7 au Festival d’Avignon (le MAZOUING, sur l’ile de la Barthelasse). Cela a été pour moi une révélation : la voix, les textes, la musique… et en plus accompagnée par une superbe et talentueuse violoniste !…. J’ai trouvé ce spectacle très prenant… A tel point que je suis repartie avec son CD pour prolonger l’instant !…. Hélas Le public était clairsemé, mais il a été rappelé avec chaleur.. Tout le monde était conquis !… Alors festivaliers, ne le ratez pas, c’est le moment ou jamais ! Je souhaite un long parcours à ce duo , il le mérite !… et encore BRAVO Camel et Emilie !….

    Répondre
  5. ricoti 2 août 2010 à 9 h 11 min

    POURAI JE AVOIR UNE ADRESSE UN NO DE TEL
    POUR ME PROCURER LES NO ALBUM
    GROS COUP DE COEUR RTHME ACCENT PAROLE MUSIQUE MERCI POUR L INFO

    Répondre
  6. Camel 6 décembre 2011 à 14 h 36 min

    Merci pour ce texte.

    Répondre
  7. Odile 7 décembre 2011 à 9 h 18 min

    Très belle chanson, accompagnée merveilleusement bien au violon.
    Comment m’avait-elle échappé en avril 2010 ?

    Réponse : Je vais sans doute bientôt revenir sur Camel Arioui, son nouvel (en fait son premier vrai) album vient de sortir : faut-il dire qu’il me semble remarquable ? Parce que je viens de réaliser la bio officielle de Camel (qui me l’a demandé suite justement à l’article paru sur NosEnchanteurs, nous ne nous connaissions pas du tout auparavant), je n’ai pas voulu faire doublon. Mais il est important de porter ce disque et cet artiste à la connaissance des lecteurs de ce blog. MK

    Répondre

Répondre à mylène Annuler la réponse.

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

*

code

Vous pouvez utiliser ces balises et attributs HTML : <a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <strike> <strong>

Archives