Pauline mise à nu

Pauline Croze en solo aux Oreilles en pointe. C’était hier au Chambon-Feugerolles, dans l’agglomération stéphanoise.

Pauline Croze (photo Annabel Salesa)

« Du lundi au dimanche / Mise à nu / Mes jours sont des nuits blanches… ». Mise à nu, oui, comme hier au soir sur la grande scène de la Forge, elle, si menue. Et seule, avec pour uniques compagnes ses guitares, acoustique et électrique, et pour parures ses chansons, transparentes et délicates, dentelles de mots, petits bijoux de construction. En solo, sans l’alibi de somptueuses orchestrations, sans la parade d’un habile jeu de scène, sans musiciens pour lui donner le la, la réplique, pour la mettre en exergue, presque l’embellir. Bel et périlleux exercice en soi que de se livrer ainsi, les yeux dans les yeux, n’ayant pour soi que son charisme, que ses tripes, que son commerce de chansons. Et son instrument de bois qui tente la résonance. Pauline Croze fait fragile d’apparence. Tant qu’on n’ose vraiment s’en approcher. Sa voix fait le reste, à transporter les mots, les sentiments vers nos oreilles. « T’es beau, t’es beau comme un cri silencieux… ». Et nous d’écouter respectueusement, presque religieusement, cet exercice de haute voltige, ce chant singulier qui darde l’épiderme, s’insinue en nous et fait lentement son ouvrage. C’est beau. Deux albums sont ainsi explorés sur cette scène minimum. Et l’esquisse d’un autre à venir. On sent son corps vibrer, le mental dans ses chansons et les gestes qui appellent le public à venir la rejoindre, à danser sur elle.
Au-delà de son indéniable charme, de sa remarquable présence, Pauline Croze fait montre là de son talent. Ainsi mise à nu, elle n’a alors plus que ça. Et c’est d’abondance.