La visite à Brassens
La belle et forte fréquentation de ce blog tout neuf me semble, à tort ou à raison, imposer un rythme de parution quasi quotidien. Pas facile à alimenter au jour le jour, sauf à puiser de temps à autres dans des papiers de derrière les fagots, ceux qu’on reprend comme on réécouterait un bon vieux disque. Celui-ci remonte à janvier 1998 et nous parle tant de Brassens que de Le Forestier…
Que peut-on dire de ce récital offert par Le Forestier à ces sept cents spectateurs du Majestic, en attente depuis plusieurs mois ? Rien. Ici, pas de surprises particulières, sauf à considérer que chaque chanson est un cadeau en soi. Pas d’effets spéciaux, pas d’éclairages sophistiqués, pas de scoop. Rien, vous dis-je. Simplement deux heures à côtoyer plus que l’ombre de Brassens, sa précise présence, son air frondeur et coquin, par Maxime Le Forestier interposé, sensible et respectueux.
«Nous ne sommes pas au concert, mais dans le cadre d’une soirée Brassens, c’est-à-dire entre amis. Et, dans une soirée Brassens, le hasard est très important». Par une forme de loterie désormais largement éventée, Maxime interprète, au hasard des numéros lancés à tue-tête par un public radieux et conquis, des titres de Brassens, sans hiérarchie aucune, sans calcul, sans privilège. Sans durée précise fixée à l’avance, tant il est vrai qu’on ne calibre pas l’amitié.
Allez, l’artiste lance le premier numéro, aussi léger qu’une anisette : cinquante et un ! Et Brassens-Le Forestier de chanter Le Pluriel… Le hasard ravît qui sort de l’ombre des petites perles trop souvent occultées par les écrasants standards de l’homme à la pipe qui disait d’ailleurs savoir mieux fumer que chanter. Hasard qui fait se succéder les titres à ne pas se mettre entre toutes les oreilles et fait rougir ou tordre de rire toute une salle : Le Blason (en votre honneur, mesdames…), La Religieuse, La Fessée, Don Juan, Misogynie à part et quelques autres du même cru, aussi crues.
Pour autant, incontrôlables, d’autres numéros nous amènent de ces «incontournables» gorille et parapluie, et puis, évidente attente d’une salle bondée, de ces «petites nouvelles», les dernières de Brassens, celles sorties en cédé en 1996 (1) sans doute commanditées de tout là-haut par tonton Georges avec à ses côtés Oncle Archibald et Le Vieux Léon…
Pour copie conforme Maxime Le Forestier. Et pas vraiment en fait. L’artiste s’est mis en bouche et en guitare (oh le son clair et précis de celle-ci !) l’œuvre de son évident maître. C’est pas du sous-Brassens et ne risque pas de l’être : Le Forestier habite ces chansons, se les approprie, les adapte à sa voix, à ses tempos, à son histoire, à ses désirs et plaisirs musicaux. C’est drôle, coquin, gaulois parfois, puis tendre, prenant, sensible. Oui, sensible. On savait, par son œuvre perso de déjà un quart de siècle, que Le Forestier comptait parmi les grands de la chanson. Avec ce qu’il fait de Brassens, il se hisse à un rang difficilement accessible dans cet art : au dessus de la mêlée, incontournable, définitivement incontestable.
Sept cents personnes viennent de vivre une soirée «entre amis» avec Le Forestier et Brassens, sans risque aucun, qualité et confiance obligent. Par la voix et l’humilité du chanteur de Né quelque part (par aussi de très nombreux autres interprètes), l’œuvre du «vieux» se transmet de bouche à oreille, à travers toutes les générations.
Fut-il gigantesque, Brassens n’est pour autant qu’un pan de la chanson française : tout le reste est et reste à découvrir. Soyons tous vigilants à ce qui vit dans la chanson. Immense loterie, elle aussi, elle est pleine de numéros superbes et insoupçonnés. Tous gagnants !
(1) 12 Nouvelles de Brassens (petits bonheurs posthumes), par Maxime Le Forestier. Polydor.
coucou Michel, formidable récit, nous sommes très touchés par cet incroyable mouvement de coeur vers toute l’équipe et plus spécialement les maître à bord, Mauricette et Fred, à qui tu peux transmettre nos amitiés puisque nous ne pouvons pas les joindre actuellement. Merci de ton temps donné, offert à Chorus. Nous ne pouvions être des vôtres physiquement, et ce n’est pas l’essentiel les artistes présents sont bel et bien mieux montés au front,et cela résonnera c’est sûr. Remercier cette magnifique solidarité, peut-être même fraternité, un mot qui fait si peur de nos jours. Et puis les journalistes qui ne baissent pas les bras, merci d’ensemble.Nous sommes là, avaec Mauricette et Fred, en parlons dans nos concerts et faisons la chaîne
Excellente la réplique de Nilda !!!
Vous avez dû passer une superbe soirée hein !!! veinards, on vous aime fort
Vyvian et Jean-Yves