Chantal Grimm : un livre et un disque pour la (re)découvrir

Chantal Grimm (photo non créditée)

« Car il faut rester demain / Mutine et corsaire / Lutine et solaire / C’est un beau chemin… » On dit que c’est dans les vieux pots… Que Chantal Grimm ne m’en veuille pas de parler ainsi d’elle et de ce disque. Mais il est vrai qu’elle n’est pas de prime jeunesse et que ce disque est un vrai délice. Quoi qu’en soit le propos, anecdote personnelle ou considération plus politique, chaque texte ou presque musarde vers la fable, presque la comptine, aidé par pléthore d’instruments (une quinzaine !) et presque autant de musiciens. Mine de rien, ça devient rare, c’est grand luxe. Et ça illustre les vers de toutes les couleurs.

Couleur chagrin parfois, comme dans ce superbe hommage, A un ami, à Claude Duneton, historien de la chanson s’il en est.

Dans chaque chanson, plusieurs niveaux de lecture au sens où chaque écoute vous en apporte plus encore, perce les dessous de vers qui ne savent aucun hasard. Et toutes les graduations de l’émotion, par une voix qui certes trahit son âge, mais qui est belle.

Vous me direz que Grimm vous ne connaissez pas. C’est simplement que parfois vous n’êtes pas très attentifs. Chantal Grimm est auteure-compositrice-interprète, ce depuis les années 70, où elle vécut la fin des cabarets Rive gauche. Chanteuse pour tous publics et conteuse pour enfants (on parlera en conséquence de nouveaux contes de Grimm). Elle anime ici et là, en France comme à l’étranger, des ateliers d’écriture. Elle est aussi historienne de la chanson : c’est à ce titre qu’elle cosigna, sous le nom de Chantal Brunschwig, le dictionnaire Cent ans de chanson française (Seuil, 1972) : une référence, vous le savez déjà.

En fait, ce CD est une des deux productions récentes pour Chantal Grimm, toutes deux millésimées 2019. Avec ce livre, paru aux éditions de L’Harmattan, Chansons, sketches et fratrasies (1). Où, en guise de préface, elle fait retour sur elle, sur son passé, sur comment la chanson lui est venue, comment elle lui est devenue indispensable. Notamment par un cabaret, le Cabaret de Minuit, dont on lui offrit la direction, juste sous l’appartement de Georges Moustaki qui parfois venait en voisin. Comment elle devint elle-même chanteuse… Ce livre, qui est surtout un recueil de chansons et de textes de scène jamais réunis, met en évidence l’humanisme et le féminisme de Chantal Grimm. Le CD ne chante pas autre chose…

Si ça vous est important de réparer des lacunes, d’aller plus loin encore en chanson, conviez la Grimm à vos yeux, à vos oreilles. Vous en ferez grand festin.

Chantal Grimm, Chansons, sketches et fatrasies, L’Harmattan 2019. 190 pages, 21 euros. Mes lunes, disque autoproduit 2019. Le site de Chantal Grimm, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit d’elle, c’est là.

(1) La fatrasie est un genre littéraire du Moyen Âge (à partir du XIII ^e siècle et jusqu’à Rabelais). Elle regroupe les poèmes où le sens cède l’initiative au son, utilisant notamment des systèmes de répétition de syllabes (Wikipédia).