Anne Vanderlove, 1943-2019
Rien que de savoir qu’elle est de mère bretonne et d’un père peintre néerlandais, ça suggère en nous des effluves de pure poésie, de celle que, plus tard, chanteuse, Anne van der Leuwe, notre Anne Vanderlove, fit le miel de ses chansons. En 1965, de passage dans la Capitale, notre Bretonne découvre des chanteurs des rues et se met à écrire et composer des chansons. Qu’elle interprète Chez Georges, un cabaret d’alors. Deux ans plus tard, le grand public la découvre sur les ondes, quand s’y répand sa Ballade en novembre, qui fut un grand succès, son succès, incontestablement un titre d’importance légué pour toujours au patrimoine de la chanson : « Qu’on me laisse à mes souvenirs / Qu’on me laisse à mes amours mortes… » De sa voix cristalline elle chante la vie, l’amour, la mer, ses racines, tout en criant ses révoltes. On la surnomme un temps la Joan Baez française, voyant en elle un avenir tout tracé, au succès fulgurant. Mais son protest-song (et particulièrement ses prises de position sur le Viet-Nam et sur l’avortement), comme ceux de sa consoeur Colette Magny, n’ont pas l’heur de plaire aux médias bien trop corsetés pour laisser grouiller de tels vers. Et c’est dans l’ombre qu’elle fit l’essentiel de son parcours (on n’ose dire alors sa carrière) pour un public bien plus restreint, dans les réseaux parallèles que furent les MJC, les fêtes politiques… Avec de longues traversées du désert, comme on dit pudiquement.
Parmi les faits d’armes d’Anne Vanderlove, notons sa participation, avec Giani Esposito, à l’album La mort d’Orion, de et avec Gérard Manset, en 1970. L’essentiel de la discographie (quatorze albums en tout) de la chanteuse tient à l’autoproduction, trop confidentielle donc. La dernier pressage discographique connu est cette compilation en deux CD et 41 titres parue il y a quelques mois chez EPM : entre ses chansons, son inspiration bretonne et ses reprises celtes, c’est toute une poésie, une mélancolie, superbes, qui s’échappent des sillons. C’est là qu’on se dit qu’on est passé à côté d’une grande artiste. Lucien Nicolas a dit d’elle qu’a « vrillé dans nos mémoires cette voix qui ne s’éteint plus ». En écoutant encore, en réécoutant Anne Vanderlove, on peut en être persuadé.
Anne Vanderlove est décédée des suite d’un cancer. Elle a été inhumée dans la plus stricte intimité.
J’avais chroniqué son CD « Bleus » pour la revue « Vinyl, musique hors business ». Suis très triste de cette nouvelle. Pensées vers Anne.
Très triste nouvelle !
Même si les liens qui nous avaient rapprochés dans les années 80/90 s’étaient distendus avec le temps et l’éloignement géographique, je ne peux oublier sa voix, ses yeux, son charme et sa gentillesse naturelle.
Prisonnière du fulgurant succès de « Ballade en novembre » sans lendemain si ce n’est le succès d’estime de la chanson « Les petits cafés », et sans doute mal conseillée, sa carrière s’enfonça dans l’ombre médiatique qui engloutit tant de talents.
Notre dernière rencontre remonte à 2010, où elle partagea l’affiche du Festival de Concèze, aux côtés, entre autres, d’Hélène Martin, Isabelle Mayereau, Jean-Pierre Réginal, Bernard Sauvat ou du regretté François Corbier qu’elle est partie rejoindre au paradis des artistes.
« Qu’on me laisse à mes souvenirs,
Qu’on me laisse à mes amours mortes,
Il est temps de fermer la porte,
Il se fait temps d’aller dormir. »
Partie pour une grande ballade en juillet…
Le showbiz t’as oublié, nous nous t’oublierons pas !
Michel Kemper, je sais bien que vous faites votre travail, et même que vous le faites très bien, mais je dois dire que chaque fois que vous annoncez la disparition d’un chanteur ou d’une chanteuse, j’ai un coup au coeur. Et je me dis : »Aïe! l’étau se resserre… »
J’ai l’âge d’avoir connu Anne Vanderlove à ses débuts, donc depuis l’inoubliable « Ballade… » Je l’avais vue sur scène à l’Espace Jemmapes, en 1990. Un circuit « parallèle » comme vous dites. J’avais acheté plusieurs de ses disques (et cassettes). Et parmi les 33 tours auxquels je tiens le plus, il y en a un, simplement intitulé « Anne Vanderlove » [Pathé Marconi 1981] Toutes les chansons et l’interprétation sont magnifiques. Parmi celles-là: « Le clown » (de Gianni Esposito), « La grande marée » (Bernard Lavilliers), « L’arsenal » (Anne Vanderlove). On n’entendait plus parler d’elle depuis déjà un certain temps. Mais il y a des artistes dont on se dit que, même si on ne les entend plus, le fait de les savoir vivants, cela aide aussi à vivre.
Oui, Conceze en 2010, souvenir de son émotion quand on a tous repris en choeur « sa » chanson…une grande dame, une belle personne, c’est une triste nouvelle
Triste nouvelle toute ma peine associée à celle de sa famille (Sandrine et Charles)
Je garde en mémoire une collaboration avec Anne en 2011/2012
Et nos échanges dans les loges ainsi que ces mots posés à jamais maintenant.
A cette grande dame au regard irréellement bleu…
« C’est un grand oiseau blanc qui traverse mon ciel
Et le temps,
Entre pluie et soleil, et le vent.
C’est un rocher d’enfance, à jamais amarré
Contre vents et marées
Et l’errance… »
Lola
Je m’associe à la peine des intervenants précédents même si je n’ai pas eu la chance comme certains de côtoyer cette belle personne.
Il est évidemment bien dommage que le « grand public » ne retiendra d’elle que la « Ballade en novembre » alors qu’elle a écrit d’autres chansons magnifiques autour des années 2000.
Hervé Cristiani, Nino Ferrer et d’autres sont aussi connus pour un seul titre malheureusement.
Anne refusait d’être complice du star système. Elle est partie en ballade dans les étoiles…
Salut et respect pour celle belle auteure, compositrice et interprète à la voix d’une pureté sublime et au regard si profond, à la femme d’engagement, sans concession, même au prix d’erreurs et de fausses routes tout au long de sa vie.
Je prends le temps de retrouver sa biographie merci Anne où tu es et Paix a tes proches. D un breton
J’ignorais jusqu’à aujourd’hui la mort de cette grande dame de la chanson française. Je n’en ai pas entendu partie.Elle est partie discrètement, hélas oubliée de beaucoup.
D’où le rôle de NosEnchanteurs d’informer sur l’actualité de la chanson et, hélas, de compter ses morts.
Anne Vanderlove est partie, mais elle nous reste. Tous ceux qui l’ont connue, ou entendue, en gardent un sel, une saveur unique, celle de la liberté de vivre et d’être ce que l’on est.
C’est grande dame nous manque ! Nous avons décidé de la faire revivre et lui offrir le sceptre de l’éternité qui lui est dû. Alors … Vous avez des informations, des témoignages, des images, venez les partager avec nous. Nous lui dressons une stèle, nous parlons d’elle. Nous lui rendons justice. En son souvenir et en toute amitié.
Enrichissez nos souvenirs, partageons les :
Merci de nous contacter et de témoigner: gavaris01@gmail.com