Vania Adrien Sens, 1946-2019
Vania Adrien Sens (photo prélevée à son site)
C’est au Centre Gabriel-Prévost (Apprentis d’Auteuil) où cet enfant de la DDASS fut placé après nombre de fugues, que Jean Pierre Adrienssens fut jadis initié à la musique. Vania ? un surnom qui lui fut donné dans son enfance par une famille russe immigrée. Il le conservera comme nom de scène.
Il fut vendeur de poissons, déménageur, ouvrier du bâtiment. Fréquentant le milieu artistique, il débute comme comédien en 1967. Un de ses premiers spectacles fut autour des textes et des chansons de Boris Vian : l’actualité du moment y trouve alors un singulier écho. Il joue, il chante aussi. On le retrouve dans le quartier Mouffetard en 68, à jouer dans un bus où on commence à chanter quand le véhicule est plein. C’est au cœur du quartier latin qui bientôt s’embrase. Vania Adrien Sens en est, avec enthousiasme, à occuper le Théâtre de l’Epée de bois, à chanter sur les campus et dans les ateliers en grève, à faire de l’agit’prop’ avec son groupe, Les Barricadiers. Un disque collectif, Ah le joli mois de mai, en témoigne, qui fut vite interdit.
Les années 70 le voient chanter dans la marge, proche qu’il est des milieux libertaires. En fin de cette décennie il est un de ceux, avec notamment Gérard Pierron et Bernard Meulien, à nous faire connaître les textes de Gaston Couté, à réhabiliter ce Beauceron, paysan-anarchiste absent de toutes anthologies de la poésie. Au-delà de Couté, Adrien Sens ne cessera dès lors de chanter, de valoriser le répertoire poétique de la chanson française. Ainsi, en janvier 2018 à La Vieille Grille puis en janvier 2019 au Forum Léo Ferré, avec pléthore d’amis (Michel Bühler, Nathalie Solence, Francesca Solleville, Anne Sylvestre, Marc Havet, Bernadette Delchambre, Annick Roux, Rémy Tarrier, Agnès Collet, etc) il célébrait la mémoire de Jacques Serizier – Une idée de Marie Volta à l’origine – en une « intégrale » sur trois jours.
Conteur et chanteur de rue, il n’aura de cesse de balader son orgue de barbarie sur les quais et les marchés de Paris. Il tint aussi quelques rôles au cinéma, comme en 2010 sans Bernard, sans dieu ni chaussettes, de Pascal Boucher.
Son orgue et ses cartons vont être sans emploi : après « un long combat en réanimation à l’hôpital Saint Antoine », Vania Adrien-Sens est décédé durant la nuit du 7 avril 2019, « sur un fond de musique douce ».
Merci à NosEnchanteurs même si c’est pour apprendre encore la disparition de l’un d’eux, qu’on aimait du temps où il était mince, avec une guitare, puis après, quand il l’était moins, avec un limonaire.
On nous communique quelques précisions en ce qui concerne les soirées « Serizier » évoquées dans l’article.
Ces dernières ont été initiées par Vania Adrien Sens. Collectives dès le début, elles ne proposaient pas l’intégralité des chansons. Elles ont commencé dès 1995 avant de s’appeler « Le Temps de la Serize ». Plus de 100 représentations depuis lors.
« L’Intégrale Serizier », à savoir la reprise de toutes ses chansons sur scène, est à l’origine une idée de Marie Volta qui, pour avoir pendant 8 ans organisé l’Intégrale Brassens à la mairie du 9ème arr. de Paris, en a soufflé mot à Nathalie Solence. 5 co-organisateurs/trices ont organisé L’intégrale Serizier : Nathalie Solence essentiellement, Claude Gaisne, Vania Adrien Sens, Nicolas Duclos et Marie Volta. Toutes et tous aussi participant-es, avec 15 à 20 autres artistes.
L’Intégrale n’a été donnée que deux fois : en janvier 2018 à La Vieille Grille et en janvier 2019 au Forum Léo-Ferré.
Merci pour l’hommage. Je me permettrai d’ajouter toute la période « Au Limonaire », depuis la rue de Charenton et « la feuille de zinc » jusqu’à la cité Bergère.
Vania me paraissait indestrutible. Homme de coeur, cet artiste rencontré une fois ne pouvait s’oublier ensuite.
Un homme est passé, laissant une trace indélébile. Que de tristesse, ami, laisse ta disparition. Reste le bonheur de t’avoir cotoyé et aimé. A toujours, Jean-Pierre.
Triste d’apprendre sa disparition! je m’en rappelle au milieu des années 90 il était venu a l’église st François d’Assise à Vanves à l’occasion d’une fête, j’étais avec feu mon père j’avais 16 ans à l’époque et cette personne avais apporter tant de joie et de bonne humeur que j’y repense parfois et malheureusement après de multiples déménagements je ne retrouve plus la K7 audio que je lui avais acheté ce jour là et je peine a retrouver des morceaux interprétés par lui et son orgue! si quelqu’un possède des morceaux comme : met 2 tunes dans l’bastringue, barbarie, la guinguette a fermé ses volets, les escalier de la butte…, ça me ferais une grande joie de les réentendre pour me rappeler de ce jour avec mon Papa et cette homme que je ne connaissait pas et qui à apporté beaucoup de joie ce jour là, paix à son âme pour ce brave homme.
Bonjour, avec Dominique Regef (vielle-guitare-chant), et moi (guitare-chant), nous avons tourné un petit spectacle intitulé « Vian-Couté » dans des lycées, dans quelques « Clec » (centres culturels de quartier) de la ville du Havre, entre 1970 et 1972.
Le concept était de s’appuyer sur la notoriété de Boris Vian pour faire découvrir Gaston Couté, dont l’essentiel de nos spectateurs ignoraient l’existence.
Nous avons ainsi associé 2 approches d’une chanson critique et/ou comique de la société et de ses fausses valeurs humaines.
Je suis retombé sur Vania vers 2015/2016 rue Mouffetard, et on a chanté un peu ensemble sur le tapis musical de son limonaire, instants émouvants.
Vania, un vrai écorché, révolté, un anar et un grand coeur.
Le premier volume de la Collection NosEnchanteurs, double CD paru l’an passé chez EPM, est consacré justement à Gaston Couté, avec vingt-sept interprètes. https://www.epmmusique.fr/fr/cd-chanson-francaise/2997-gaston-coute-jour-de-lessive.html
Vania ! Je l’avais rencontré alors que nous avions chacun un tour de chant dans le Bus – un authentique bus parisien transformé en cabaret, installé sur un terrain vague de la rue Mouffetard, on montait par la plateforme et la scène minuscule était à l’avant – puis au Pétrin, un peu plus bas dans la même rue, la cave d’une ancienne boulangerie, où nous faisions monter la pâte de la poésie et de l’humour.
Je commençais à troquer ma guitare pour une vielle à roue dont je m’étais entiché, dénichée chez Alain Vian, qui était alors antiquaire spécialisé dans les instruments de musique « bizarres » rue Grégoire de Tours, entre l’Odéon et St Germain des prés (un « Quel bon Vian vous amène? » malicieux m’accueillait chaque fois que je poussais la porte de son magasin, une véritable caverne d’Ali Baba…)
Je chantais aussi en duo avec Richard Debail (voir ci-dessus) des chansons médiévales et traditionnelles, puis quand nous avons abordé les chansons communardes, Vania s’est joint à nous, avec sa fougue et sa gouaille.
Il chantait aussi beaucoup Gaston Couté, et nous Boris Vian, alors nous avons eu l’idée d’associer les deux, dans un contraste saisissant et pourtant deux regards acérés et concordants sur l’humanité. En plus des chansons, le spectacle était parsemé de mini-sketches, où nous puisions joyeusement dans les aphorismes vianesques et les anecdotes parisiennes de Couté.
Vania était un personnage indomptable et généreux. Je l’ai perdu de vue dans sa période « orgue de barbarie », mais à coup sûr cet instrument de rue a trouvé en lui un vrai complice.
Je ne peux m’empêcher de penser aussi à la disparition récente de Bernard Meulien, ce comédien hyper sensible qui incarnait un Gaston Couté plus vrai que nature, et qui a enregistré avec le chanteur Gérard Pierron.
Il se produisait aussi au Pétrin, ce lieu unique qui a révélé tant d’acteurs-poètes flamboyants de cette période débridée de l’après-68.
Francoise me l a fait decouvert avec gaston gouter
Je l ai entendu et filme au pied de la butte ils nous avait offert son.memoire
Je souhaite etre eb contact avec des nostalgiques de gaston houte et de la feiille zinc
Gilles tel 0688844733