Zorozora, du classique et ça décoiffe !
« Un concert pas classique », Hélène Duret, Charly Astié et Sylvain Rabourdin, mise en scène Richard Navarro, 15 novembre, salle Isabelle-Sandy à Foix,
Quand deux médaillés de conservatoire, l’une à la clarinette, l’autre au violon rencontrent un certain Charly (pas primé du tout !) à la guitare dont il joue en autodidacte mais définitivement amoureux fou des mots et de la scène, on obtient ce trio inclassable. On les a même connus à Foix, encore mineurs, avec d’autres copains en scène ! Ils n’ont rien perdu de la spontanéité, de l’ardeur de vivre de cette époque là ; nous avons pu le vérifier ce soir.
Mis en scène par Richard Navarro, leur concert a tout pour séduire n’importe quel public et particulièrement les plus jeunes, nombreux dans la salle ce soir, bien que probablement tenus à distance de la musique classique comme de la Chanson, hélas !
Alors voilà, ce « concert pas classique » est à géométrie variable selon l’angle d’observation. C’est de la musique, très classique parfois, quand Sylvain adopte un accent allemand irrésistible et se lance dans une démonstration technique de polyphonie, tente de nous faire découvrir d’où vient la spiritualité dans le violon, au son de Johann-Sébastian Bach. La « Chaconne », excusez du peu ! C’est de la franche comédie quand Sylvain accumule les maladresses, se lance avec ses comparses dans une série de blagues « carambar » à deux sous, quand Hélène dans son fourreau noir, largement fendu sur le côté, joue la diva courroucée et capricieuse, quand elle écrase de son talon le pied de son partenaire, quand Charly essaie de maintenir l’ordre ou se défoule soudain dans des accords et des postures très rock.
Et les textes, direz-vous ? Ils sont apparemment sans prétention et ne vous inciteraient pas à classer le concert dans le monde exigeant de la chanson « à texte ». A voir ! Ils méritent sûrement un peu plus d’attention. Sous cet habillage musical de haute tenue, et cette comédie désopilante se cache un propos faussement innocent. On découvre assez vite que l’ont rit de notre monde déglingué et de ses relents d’apocalypse, que la chanson nous sauve de la tentation de la désespérance.
Ces trois là confirment d’ailleurs leur engagement si l’on se réfère à l’amplitude de leurs activités et de leurs créations, ensemble (nouveau spectacle, Homocordus, consacré à l’histoire de la musique) et séparément.
Pour Charly, ateliers d’écriture, de human-beat box, spectacle solo Quand on écrit le mot arbre, on se plante. Pour Hélène, spectacle jeune public, enseignement de la clarinette, Syrto trio, (musique des Balkans et improvisation). Pour Sylvain, jazz, musique traditionnelle, on le trouve notamment aux côtés de Richard Galliano, Cali, Michel Portal, Nicolas Bacchus, Iaross, Corentin Coko…
Est-ce assez pour vous convaincre d’aller vite les écouter ?
Voilà une façon délurée et délirante d’aborder la musique, classique ou pas , c’est jubilatoire . Oui, Claude, moi, je suis convaincue que ça vaut le coup d’aller vite les écouter .