François Buffaud, chansons à massages

Sans tout à fait s’engager, ce limougeaud fut longtemps un chanteur à massages, kiné le jour et auteur-compositeur-interprète à ses temps perdus. Jadis il fut aussi le leader d’un groupe, Aller-Simple. Sans retour. Ça fait sept ans qu’il a fait le choix de caresser une autre profession, d’être chanteur à temps complet, de remonter le bas du do autrement. Si son premier opus d’amateur, Ça dépend des trains qu’on prend, remonte à 2002, c’est en professionnel que François Buffaud réalise huit ans plus tard Les cabines de plage (prix Sacem de l’album autoproduit). Et désormais La Passerelle, du nom de la salle, à Limoges, où fut enregistré ce disque en public.

Buffaud est un discret, trop sans doute, dont la modestie fait barrage à l’expression de son talent. Voix grave et douce à la fois (il y a des intonations à la Louis Chedid), dans des musiques qui jazzent, tanguent et parfois tangottent d’une lointaine Argentine, guitares accordéon et bandonéon, Buffaud nous fait dans le quotidien, dans le je, tu et il, en des situations agréablement brossées qui tirent tant sur la fable, l’anecdote et la philosophie. Et font singulière et paisible poésie dans laquelle l’auditeur entre confortablement. « Ecouter courir la rivière / Emporter nos éclats de rire / Sauter pieds nus de pierre en pierre / J’aime ! …et pouvoir le dire… », il y a incontestablement une patte, une touche François Buffaud, façon d’envisager les choses et de les restituer. Un peu comme ses pochettes de disques, d’un même pinceau (peintures de Denis Edeline), à la fois figuratives et naïves, aux traits ronds, aux couleurs franches : y’a de cela chez Buffaud pour qui, si « le chemin a ses rebonds / C’est mieux que de tourner en rond. » C’est beau de l’accompagner en chemin.

François Buffaud, Les cabines de plages (2010), Trio (2014), autoproduits. Le site de François Buffaud, c’est ici.