Le bonheur est dans le pré, cours y vite !

Olivier Gil, simple, fragile, authentique (photo DR)

« Clé des chants » Varilhes (09), 12 octobre 2013,

Figurez –vous qu’en arrivant sur le parking complet,  j’ai bien cru en effet que les spectateurs avaient couru nombreux, assister à cette deuxième soirée ! J’ai vite déchanté (!!) …des spectateurs il y a en avait mais… pour le match de foot sur le terrain d’à côté !

La salle s’est toutefois remplie davantage que la veille, et la chaleur et la spontanéité de ce public ont eu tôt fait de faire oublier aux organisateurs ce défi de la fréquentation. Car le partage, la connivence et le respect ont été de mise. Je vous le dis : ce bonheur là qui nous fait courir les salles était au rendez-vous. Sans doute chacun aura –t-il goûté diversement les trois concerts, offrant des univers très différents  mais chacun sera reparti riche d’émotions et de sensations. Surtout, ce public là aura découvert un petit peu de ceux qu’on lui  cache, qu’on lui tait : l’Autre chanson !

Guillaume Barraband d’abord que l’on avait entendu à Toulouse puis à Paris pour Vive la Reprise. Je n’avais pas caché mon goût pour son interprétation de Ils ont voté de Ferré et Y en a qui de Jamait. Là je découvre un autre versant de son art, davantage tourné vers la dérision, l’humour ou l’ironie, comme dans cet hommage à Stéphane Hessel titré Résignez-vous : Soyez de votre époque / N’ayez pas peur du vide / Puisqu’il viendra demain… Se jouant d’abord de sa ressemblance (bien réelle) avec Romain Duris, il s’invente un personnage de looser solitaire pour qui  même la chanson d’amour prend des airs de valse mélancolique, au-dessus d’un monde qui se défait. Ce garçon là est sans contestation possible un créatif, toujours un projet sur le feu. En solo depuis 2006, après des années comme clavier d’un groupe aujourd’hui dissous, Spook and The Guay, il s’apprête à construire un nouveau répertoire que nous devrions voir au Printemps. Alors, rendez-vous pris !  

Chouf, la dynamique d’un quartet (photo Athos99)

Olivier Gil qui lui succède est tout le contraire. Lauréat à Albi et à Tarbes en 2011, comme de notre dernier tremplin Festiv’Art en 2010, les festivaliers de Montcuq ont pu le voir cet été en première partie de Nathalie Miravette avec un répertoire quasi identique même si aujourd’hui deux guitaristes ont remplacé l’accompagnement piano. Nous sommes nombreux à nous émouvoir de son authenticité, de sa simplicité, voire de sa fragilité en scène. Ses textes sont ciselés dans la tendresse, fleurant bon la fine poésie tout comme la gouaille et la fantaisie. Lui qui chante t’as l’air d’un papillon qui aurait un coup dans l’aile, a peut-être trouvé là une définition de son personnage en scène. Mais nous sommes nombreux aussi à souhaiter le voir prendre son envol, avec un premier album par exemple ?

C’est avec Chouf que s’achève cette soirée dans la dynamique de son quartet. Il emporte très vite la salle, Chouf, venant chercher la connivence du public prêt à le suivre malgré l’heure tardive. Les thèmes ne sont pourtant pas si légers ni l’écriture facile mais la joie d’être en scène est communicative. On aime à s’en laisser conter, emporté par la guitare électrique, la trompette et ses envolées, le tempo du bassiste et les recherches rythmiques. La soirée s’achève avec le quartet en acoustique, descendu dans le public pour entonner la chanson fétiche de Simon. Et le public reprend, ravi, enchanté… Le petit   bateau de bois coécrit avec Manu Galure.