Festival Bernard-Dimey 2013 : Martine Scozzesi à corps et à cœur
Citons Michel Kemper, saluant ici-même la sortie de son album, en avril dernier : « A l’écoute de cet opus, on ne sait bien sûr la présence de l’artiste, mais on la devine, on la pressent : les mots la précèdent comme rarement. »
Voici donc une suite… voici la rencontre de Martine Scozzesi, la rencontre d’une voix, d’une silhouette, d’un sourire, d’une présence. C’est vrai qu’elle a offert au festival Bernard-Dimey avec ses fidèles compagnons de route (Samuel Péronnet à l’accordéon et au piano et Riton Palanque à l’accordéon et aux percussions) davantage encore qu’un concert. Présents sur toute la durée du festival ils ont donné à découvrir et redécouvrir la chanson, celle que l’on aime reprendre en chœur, fredonner pour les plus réservés d’entre nous, celle qui nous donne envie de danser. Le trio s’est donné sans compter pour cette chanson là, avant les concerts, après les concerts, dans les maisons de retraite… façon de dire que la chanson appartient à nos histoires, à nos paysages intimes et que pour cette raison elle nous ressemble et nous rassemble.
Notons au passage que s’adonner chaque jour à cette mission n’est pas une sinécure et que dans le hall du centre culturel de Nogent, dans ses couloirs, le son est désastreux. On peut aisément imaginer que le trio attendait avec impatience (j’ajouterais comme une juste récompense !) de goûter à la « grande » scène le samedi à 17h.
Cette façon d’offrir la chanson, ça la connaît Martine Scozzesi. Elle aime surprendre au coin d’une rue, dans une file d’attente, comme elle le fit dans sa jeunesse à Paris. C’est ainsi que vous pourrez encore faire sa connaissance à Barjac et c’est ainsi qu’elle a gagné sans doute cette façon de vous alpaguer, de retenir votre pas avec cette voix claire et puissante, comme ce personnage de la chanson A capella dans le métro… comme en écho à sa propre histoire, car elle a attendu vingt ans pour donner libre cours à son choix de chanter, pour jouer avec tous les couplets… Elle a sorti sa voix d’alto/ elle a chanté parce qu’elle veut vivre…
Ce samedi donc, Martine accède à une scène de festival et c’est justice. Elle commence dans la salle, parmi les spectateurs avec un hommage de son crû à la chanson, la vraie, la belle ! Jolie façon de rappeler son goût du partage, son goût de la proximité, et son envie d’offrir les textes des autres comme les siens.
Martine en effet se fait passeur de chansons, celles d’Anne Sylvestre (Je chante, excuse-moi, pour dire combien la chanson est précieuse dans ce monde autour de nous [qui] ressemble à un océan démonté), de Michèle Bernard (Je t’aime) à qui elle ressemble comme une sœur qui se fout, tout comme elle, des conquérants, des gagneurs – je suis prête à parier qu’elle fait ses confitures elle-même ! – de Véronique Pestel (blues de Mamie Métisse.., reine de Sabbat, tu chantes dans ma mémoire), d’Amélie les Crayons (Ta p’tite flamme, celle qui brille dans les yeux de son amour, valse légère et joyeuse) d’Allain Leprest (Le temps de finir la bouteille, pour donner des couleurs au monde, alors rire ou pleurer ce sera pareil…) d’ Yves Jamait à qui elle emprunte une délicate chanson d’amour : Je pense à toi mieux que je ne sais dire / je pense à toi /comme un cadeau/ comme un trésor… Et c’est avec Aller sans retour, chanson de Juliette qu’elle offre sans doute un des moments les plus émouvants de son concert après avoir évoqué Mario, son grand-père qui quitte à vingt et un ans son Italie, la misère, Mussolini… avec une valise pour tout bagage. Il faut du courage pour tout oublier…
Vous avouerez que Martine offre là un sacré florilège ! Et quand elle entonne ses propres chansons, on note immédiatement leur cohérence avec les reprises. Même exigence dans les thèmes, les textes, les musiques. On y retrouve la chanson qui dénonce dans Un jour de Rien, avec ses morts injustes et cruelles qu’on oublie à peine sues, ou bien Derrière la porte, et cette douleur de bien des vies dans une valse qui n’aurait pas de fin, Ce dont je me souviens chanson poème s’il en est, qui dit la mémoire, mémoire du cœur comme du corps, et surtout du corps, mais aussi la chanson qui fait sourire, certes, mais ne manque pas d’à propos avec celle qui en a marre de son homme et s’en va retrouver Solange, cette rencontre étrange qui chamboule [sa] vie…et puis ces serments d’amour auquel on veut croire toujours : Sûr je te le dis, nous vivrons ensemble… et pourtant c’est Même pas vrai.
Entre reprises et créations, Martine Scozzesi et ses musiciens ont conquis le public de Nogent, on le serait à moins !
Martine Scozzesi, Du côté d’la vie, 2013, autoproduit. Son myspace est ici.https://www.myspace.com/martinescozzesi
Merci Claude pour ce superbe article !
Merci à toi Michel et toute ton équipe pour ce site qui met en valeur la chanson française et les artistes qui la portent haut et fort sur les scènes et dans les rues.
Bises très chaleureuses
Martine
Juste une petite rectification
« Je pense à toi mieux que je ne sais dire / je pense à toi /comme un cadeau/ comme un trésor… » est extrait de « Bien sûr » de Marie Zambon. Il est juste de lui faire revenir ce trésor de chanson.
La chanson d’Yves Jamait c’est » Même sans toi »
Bisous bisous
Martine
Merci Michel de publier les belles chroniques de Claude sur ce site, ce qui nous permet de revivre avec un poil de recul ce que nous avons vécu ensemble à Nogent cette année encore et, qui plus est, avec une programmation qui m’était quasiment étrangère (Thomas Pitiot mis à part).
Je souscris mille fois à ce qu’a écrit Claude et que j’avais déjà découvert sur place, en partie.
Mais quelle chute en rentrant quand, dans le cours de la semaine, nous nous sommes vus infliger à doses massives et forcées, la promo du dernier album sortant qu’il fallait impérativement courir acheter sous peine de passer pour le dernier des culs-terreux.
J’ai subi, jusqu’à l’annonce de ce concert spécial organisé par France Inter hier et que, disponible par hasard pour cause de météo, j’ai résolu d’écouter pour me faire honnêtement une opinion.
J’ai attendu, écouté, réagi en déchargeant ma colère dans un billet d’humeur envoyé à quelques amis dont Claude et Christian Valmory qui, en réponse, m’ont conseillé de vous le faire partager.
Le voici donc:
Le 17/05/2013 22:38, Henry Tilly a écrit :
> Aïe! mes aïeux!
>
> Certains pourraient croire que c’est par masochisme, mais non, mais non, je me suis astreint à écouter attentivement, ce soir Vendredi 17/05, une grande partie du concert « Spécial France Inter »que notre chaîne publique nationale de radio consacrait à VANESSA PARADIS, pendant que toutes les chaînes radio et télé recevaient matin, midi et soir cette même personne pour la promo de son nouvel album pour lequel le désormais incontournable Benjamin Biolay lui a concocté des chansons « sublimissibles » (dixit).
>
> Je jure sur la tête de mon premier acné que j’ai soigneusement laissé au vestiaire les préjugés défavorables que m’avaient inspiré les précédentes œuvres de la « diva » et me suis efforcé d’écouter(_*é cou ter)*_ les chansons en décortiquant: textes, musiques, arrangements, voix, interprétation.
> 1°-Textes: certains ne sont pas stupides même s’ils ne sont pas transcendants et il serait injuste de les classer dans les chansons « On ».
> 2°-Musiques:la plupart m’ont semblé minimalistes, qu’elles soient « ballades » ou « folk », peu originales.
> 3°-J’en dirais autant des arrangements
> 4°- Voix, Interprétation: c’est là qu’est le principal problème car ce filet de voix famélique, formaté façon Carlita mais en plus inconsistant encore, semble constamment au bord de se briser, au point d’en perdre la note et de chanter faux par instants. Ce genre de voix ne supporte aucun accompagnement sans être, au moins partiellement, noyé par lui. C’est en particulier ce qui arrive quand le piano l’accompagne, pourtant en douceur.
> Dans pratiquement tout ce que j’ai entendu, cette pauvre Vanessa m’a fait l’effet d’une petite fille qui se présentait en public avec les chaussures de sa maman, ce qui lui donne inévitablement une démarche de gode.
>
> Quand je revois les émerveillements d’Elise Lucet nous présentant cette « invitée surprise » du JT de 13h et le quasi orgasme qu’elle nous a fait à l’antenne après avoir écouté couler ce robinet d’eau tiède, je m’interroge sur les motivations non dites de ces enthousiasmes pour le moins surprenants. Je ne sais pas si ça vaut le coup de l’emmener à Nogent, par exemple, pour voir et entendre autre chose….
>
> Merci d’avoir reçu mon coup de colère.
>
> Bises
>
> Henry