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Gauchy 2013 : Gruppetto, pliés d’en rire !

Gruppetto (photo Emilie Polak)

Pas de sono, pas de micro, c’est Gruppetto ! (photo Emilie Polak)

Gruppetto, 7 février 2013, festival Les Voix d’hiver, Maison de la Culture et des Loisirs, Gauchy,

La légende est tenace. Ce fut jadis une grande formation : 400 choristes, c’est pas une paille ! Qui, pour des raisons futiles sans doute (des « divergences d’opinion artistique » disent-ils) un jour se chamailla. De cette colère de Dieu en reste les quatre chefs de choeur : le Gruppetto. Et c’est pas rien. Un grupetto est un petit groupe aussi sûrement qu’un loto est une petite loterie, qu’un pipeau est une petite pipe.

Pas de micro, pas de sono. Et des éclairages réduits au minimum, juste à leur fonction principale : éclairer. Sans chichis, tarif syndical. L’épure. Quatre bonhommes : David Humeau, Laurent Bouvron, Philippe Chasseloup et Sébastien Gazull. Tous habillés à la six quatre deux, des gueules de parfaits ahuris, casting idéal pour un film d’art et d’essai pas subventionné, un peu les frères Dalton appliqués à la polyphonie. C’est pas faux d’ailleurs : on y rit plus vite que son ombre.

On y va, donc. Un air populaire de Croatie d’abord. Avec eux, tout est dans le chant, certes, mais pas que. Dans la posture, dans les regards, les mimiques. Les saillies drolatiques, les tics. Derechef ils vous assènent et vous assomment de leurs doctes connaissances en chant choral, considérations, master class et workshop. En couffin tridimensionnel aussi mais ça, faut le voir, ça se raconte même pas. Ils sont terribles, désopilants, hilarant (de la Baltique). Tout est gag ! Sicile, Tchéquie, Basquie… leur répertoire voyage. Notre quatuor visite tout autant notre mémoire chantée, prélevant à autrui des chansons fameuses. Claude François, Joe Dassin, Serge Gainsbours… l’autrui est toujours malheureusement et systématiquement décédé et doit drôlement se retourner dans sa tombe : c’est les nerfs, c’est trop drôle ! Ils vous tirent un medley de Gainsbourg comme c’est pas possible, font à nouveau chialer le combiné de Cloclo : « Le téléphone pleure / pour la dernière fois / Car je serais demain / Au fond d’un bain. »

Tout est fou, tout part dans le pur délire. Quand Sébastien s’enivre de téquila rapido lors d’une chanson mexicaine, ça bascule comme rarement. Vous pouvez en fréquenter des scènes, jamais vous ne trouverez ça, truc plus fou, plus talentueux. Incongru, oui, mais irrésistible. Une prestation que vous n’attendiez pas. Dire que vous étiez venu pour une dame qui chante l’amour (ce fut Carlotti) et vous vous retrouvez pliés en quatre par quatre types que vous ne connaissiez pas l’heure d’avant. Si le rire était mortel, la salle entière fut décimée. C’est, et de loin, l’insolite révélation de ce festival. Si ce quatuor passe à proximité de chez vous, allez-y ! Dépêchez-vous, il cesse bientôt toute activité.

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