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Montcuq sur la commode

Henri Courseaux, artiste et organisateur de ce festival (photos Norbert Gabriel)

On sait que les lundis du Vingtième Théâtre sont faits de chanson. Et que parfois un festival estival des terres intérieures vient y pointer son nez, histoire de s’exhiber le temps d’une soirée, d’y vivre la vie parisienne, d’espérer gagner en communication avant de retourner au pays retrouver ses autochtones. Il y a peu, c’était Concèze. Ce fut ce lundi au tour de Montcuq (pour la prononciation et sans doute par honte les indigènes du lieu appuient démesurément sur le « q » de la fin, le Q de Montcuq ! ça fait intéressante redondance…). Et cette maboule de Bihl de sortir toutes les vannes possibles sur le nom de cette charmante petite cité verdoyante des environs de Cahors… Ah, ces blondes ! (le titre de cet article m’a été suggéré par Agnès Bihl, dois-je préciser…).

Serge Utgé-Royo

Sur scène, cinq chanteurs qui ont fait les belles soirées de Montcuq : la nièce (Bihl) déjà nommée, sa grande tante Anne Sylvestre, ses cousins Rémo Gary et Serge Utgé-Royo. Ce qui en fait quatre, la cinquième étant la jeune promue, qui vient de passer son Européen de la Chanson, mention très bien (trois rappels au moins), et quitte ainsi son piano à queue pour d’autres touches, pour faire concurrence éhontée aux chanteurs plus vieux qu’elle : j’ai nommé la Miravette, Nathalie de son prénom. Qui fort à propos nous chantera son ancien métier de pianiste, superbement : « Je ne chante pas / C’est bien / Je chante à travers vos mains. »

Et pis le patriarche, chanteur lui aussi (c’est de famille) et organisateur des festivités de ce trou de Montcuq (convenez que, comme Bihl, on ne s’en lasse pas !) : Henri Courseaux.

Bon ça fait quoi des chanteurs réunis ainsi sur une scène ? Ça chante chacun une chanson pour un premier tour de piste, pour se faire la voix, puis ça fait son mini récital histoire d’épater les copains. Ce fut donc, hors Courseaux qui s’est limité à un sketch (un seul mais quel sketch ! sur la chanson à texte, histoire selon lui de faire la leçon à Anne Sylvestre), hors Miravette dont on attendait aussi d’elle un bout de vrai récital en bonne et due forme, une suite de (belles, très belles) prestations.

Que dire de l’Agnès Bihl, qui connait sur le bout des doigts toute sa gamme de l’émotion ? (« Je pleure, tu pleures, il pleut… ») De l’indignation aussi : « Mis à part le chômage, le divorce et la crise, vous allez bien ? » Elle est joyeuse, tonique, ludique, furie aussi, en tous points épatante.

Anne Sylvestre et Agnès Bihl : c’est alors qu’arrive une blonde…

Que dire d’un Gary, si ce n’est convoquer tout ce que j’ai pu écrire sur l’ami Rémo ? (y’en a quelques-uns sur NosEnchanteurs, cliquez-ci) Il est simplement exemplaire, offrant ses mots tant à l’amour qu’à la colère, des mots choisis, polis (au sens de polir), parfois à plusieurs facettes, plusieurs sens, des à qui il rend tout leur poids, leur force, dans une interprétation humble qui décuple son talent. Oh ! ce « Y’a des coups d’pieds au cœur qui s’perdent… Merde ! » d’anthologie !

Que dire d’Utge-Royo, le beau Serge ? C’est velouté, tendre et puissant. Lui aussi combinaison de mots mais pas la même alchimie. Des vers qui vous attirent comme le chant d’un serpent, vous lovent et vous enserrent : « Dormez, vous n’avez pas de rêves… » Et vous piquent de bon sens. Des qui vous troublent comme un lointain chant andalou. « Si de chaque goutte de sang / D’un enfant / Jaillissait un coquelicot… »

Et d’Anne Sylvestre, la Reine du créneau appliqué à la chanson ? Le bon sens, elle en fait culture extensive. Elle ne secrète plus que de la frustration d’ailleurs, dans le choix de ses chansons : elle en a tant ! Ce qu’elle nous sort est toujours beau et bon, certes, mais on en veut plus, beaucoup plus. On a parfois satisfaction, comme quand elle chante, devant une Bihl vénéneuse : « C´est alors qu´arrive une blonde / En deux secondes / Le ciel s´obscurcit / Il suffit qu´arrive une blonde / Pour que le monde / Entier nous oublie », on devine que Bihl veut la place de Sylvestre dans la hiérarchie de la chanson, mais que l’ainée n’a pas chanté son dernier mot, que le combat sera rude, homérique, la succession contrariée… Dites-moi si j’ai bien tout compris à ce combat de titanes.

Bon, je ne vais pas vous rejouer la soirée dans le détail, par le menu. Juste saluer au passage un de ces festivals qui honorent la chanson comme il se doit, cette « chanson à textes » selon Courseaux qui nous est si importante. Cette soirée parisienne fut enchantement.

Une réponse à Montcuq sur la commode

  1. Norbert Gabriel 5 décembre 2012 à 11 h 27 min

    Comme beaucoup de festivals, il y a menace de réduction de subventions, donc, camarades citoyennes et citoyens, faîtes vos réservations le plus tôt possible, et tous en Quercy en Juillet prochain.
    C’est là http://festichanson-montcuq.com/

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