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Le roi c’est Lareine, et la princesse Ottilie [B]

Ottilie [B] (photo Catherine Cour)

Il y a trop rarement des chanteurs « de paroles » programmés dans le Sud pour que je manque ce co-plateau au théâtre Denis, à Hyères. J’y suis allée sans idée préconçue ; la première partie, Ottilie [B] m’était totalement inconnue et je n’avais jamais vu sur scène la vedette, Éric Lareine. Je le « connaissais » juste par un co-spectacle sur Brassens avec Loïc Lantoine et deux CD, l’un des années 90, l’autre en 2010, suffisamment agréables pour que ce nom me reste en mémoire…

Eh bien je peux dire que j’ai passé un fort bon moment avec ces deux artistes ! Ce ne sont pas vraiment, ni l’un ni l’autre, des chanteurs « conventionnels », mais ce qu’ils proposent d’entendre, l’un et l’autre, mérite d’y consacrer une soirée.

La première à monter sur scène, Ottilie [B], m’a un peu fait penser à Camille et à Marianne Aya-Omac, par la voix et la recherche sonore. Moins Jazz et moins « musiques du monde » que Marianne, pour Ottilie [B], mais une même énergie qui peut tout à coup partir dans la douceur et revenir encore plus forte. De jolies inventions dans les textes « Vie d’ange (vidange ?) pour une vie saine« , « Les crayons de colère« , « Tu penses à quoi (aqua)« . Elle s’accompagne à l’accordéon, à la guitare et s’appuie fréquemment sur un sampler pour donner plus de vie à son chant seul. C’est frais et inventif. Un CD doit sortir en avril et je serai curieuse de découvrir davantage de chansons que les trente minutes accordées là m’ont permis d’entendre.

Le myspace d’Ottilie [B], c’est là.

Dans l’arène, Lareine (photo Catherine Cour)

La vedette de la soirée, Éric Lareine, c’est vraiment un univers à lui tout seul ! Il est accompagné par les quatre musiciens du groupe « Leurs enfants » (Cédric Piromalli aux claviers, Pascal Maupeu aux guitares, Frédéric Cavallin aux percussions et Loïc Laporte aux cuivres –Saxo, clarinette- à la guitare basse et au banjo). Ils nous proposent leur nouveau spectacle, « Embolie », fruit de l’évolution d’Éric depuis une chanson plus acoustique à ses débuts jusqu’à un rock plus déjanté maintenant. De sa première carrière de danseur et d’acteur, il a gardé une grâce dans les déplacements, les attitudes, qui ajoute encore à l’émotion que véhicule sa voix.

Le moins que je puisse dire, c’est que la musique porte le chanteur. Sa voix un peu voilée se fait velours, puis cri, hurlement, pour revenir un temps à une chanson plus « classique » avant de repartir en improvisations très jazz, à l’instar des quatre musiciens. Les textes tournent autour de ce que sont les hommes, leur fragilité, leur humanité : « Mon nom dépend de vous« , « Je ne tiens qu’à un fil / Mais c’est un fil d’acier / Et c’est un bon début / C’est un rail / Une idée« , « Tout tombe / La chaux est morte sur les murs / La chaux est vive sur les corps« . Il y a aussi un mini road-movie   »Je suis un ange ferroviaire / Tous les tramways s’appellent Désir / Mais y en a pas un qui s’appelle Reviens« … C’est pas forcément très gai ni très optimiste, c’est même parfois un peu torturé, dérangeant, mais c’est aussi prenant et intéressant.

Les chansons sont entrecoupées de textes qu’il récite. Ils nous emmènent dans un monde un peu de science-fiction où la mode est « aux bras raccourcis, aux mains à trois doigts, aux têtes épilées, aux cils arrachés… et où le poète décroche son âme pour la suspendre à un cintre« . Brrrr ! D’ailleurs l’humanité est peut-être un peu trop nombreuse, à son goût « Il va falloir être raisonnables / Croissez et multipliez, ça a ses limites« 

Bon, il y a parfois des moments où le son est un peu trop fort pour moi et couvre les paroles. Mais dans l’ensemble, j’ai bien aimé ce voyage, cette découverte d’un chanteur qui, visiblement, cherche à proposer davantage que la chanson « de paroles » et essaye de nous présenter un spectacle total où s’intègrent la musique, la voix, le chant, les textes, la danse… Il mérite d’être vu parce que ce qu’il propose est une des voies possibles de la chanson actuelle qui déchire, qui hurle et qui fait réfléchir.

 Le myspace d’Eric Lareine, c’est là. Ci-dessous, vidéo d’une chanson tirée de son album précédent, qui lui sert de rappel : Le grain de sable Image de prévisualisation YouTube

 

 

2 Réponses à Le roi c’est Lareine, et la princesse Ottilie [B]

  1. Danièle 13 novembre 2012 à 11 h 18 min

    Inconnus pour moi aussi, jusqu’à ce matin …Merci Catherine de nous les faire découvrir, chaque « Grain de sable » contribue à la diversité et à la richesse de la chanson française .

    Répondre
  2. Bouchard 2 juin 2013 à 11 h 08 min

    L’album d’Ottilie B est sorti!

    http://musique.fnac.com/a5952494/Ottilie-B-Histoire-d-o2-CD-album

    Répondre

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