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Lantoine, entre pas moche et vraiment beau

Loïc Lantoine (photo Christine Ruffin)

Loïc Lantoine, 1er avril 2011, festival « Pas de poissons, des chansons ! », théâtre municipal d’Annonay,

« Je ne suis pas funambule, je ne brave pas la mort… » affirme-t-il néanmoins au détour d’une phrase, d’une envolée. Loïc Lantoine est sur la scène du théâtre d’Annonay et déjà ses mots déambulent de partout, se frayant mille passages entre les travées, entre nos oreilles. « Badaboum ! C’est ça la vie, ben ça résonne ! » Est-ce parfois ces vers avinés, et ces bars qui parsèment ses chansons comme les cailloux chez le petit Poucet, de peur de ne pas retrouver son chemin, Lantoine tient tant de Dimey que de Couté et de Leprest. Les trois réunis en un seul bonhomme et des mots qui parfois titubent, funambulent, tombent et fièrement se redressent, font la nique aux convenances, explosent en chemin, en ensemencent d’autres, pissent des histoires où vit la vie, où se niche l’espoir. Bon et mauvais garçon à la fois, qui vous raconte, vous chante aussi, sa vie, la vie et rien d’autre, dans ses désespoirs comme dans ses rêves de Rockfeller. Jadis, Lantoine était ce gars de la « chanson pas chantée », duo étonnant à peine négocié entre ses élucubrations et l’art singulier de son comparse et contrebassiste François Pierron. Pierron s’est trouvé depuis des camarades de jeu, qui à la guitare (Fil, qu’on connu jadis chez La Tordue), qui à la batterie, et c’est un groupe, un quatuor, qui est devant nous, a amplifier plus encore ce désormais plein chant de notre chti. La musique est presque laboratoire, du free-jazz, free-rock, free reggae, fricassée, un rien fracassée.

«Y’a toujours mon copain Pierrot / Qui pose une main derrière mon dos… » C’est terrestre, terrien, terre et à terre. Et lunaire à la fois, brillant comme l’astre, la tête dans les étoiles, en cosmonaute du verbe. C’est déferlante de mots qui ne connaissent d’académie que la nudité, celle des sentiments, des émotions toujours à vif. Qu’il se chante ou dise Norge, qu’il chuchote des mots à peine audibles ou s’engouffre en de nouvelles luttes sociales, Lantoine distille une poésie rare, étonnant et permanent feed-back entre l’intime et l’universel, entre le pas moche et le vraiment beau. Lantoine est indispensable !

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