Jean-Marc Sauvagnargues : l’entretien exclusif sur l’album « Saudade »
NOSENCHANTEURS. Pour la seconde fois tu poses tes baguettes de batteur des Fatals Picards pour une aventure solo. C’est un équilibre nécessaire de mener plusieurs projets en parallèle ?
JEAN-MARC SAUVAGNARGUES. Alors ce n’est pas un besoin par rapport aux Fatals. Certains me posent la question : « Ça ne te suffit pas les Fatals ? » Ce n’est pas la question. Moi je suis batteur dans les Fatals, j’ai la chance d’être manager, d’être à l’origine de plein de décisions. Artistiquement, tout est décidé à quatre. Chacun amène sa pierre, étant donné qu’on fait du rock et de la chanson. Quand tu fais un projet solo, t’es un peu tout seul à décider. Cet album là je l’avais en tête depuis huit ou dix ans. Cela fait plus de trente ans que j’aime cette musique. C’était compliqué, surtout en faisant du rock, en manageant des artistes de variété. Il faut trouver du temps pour s’organiser, trouver des musiciens, le financement… mais l’envie était là et je savais exactement ce que je voulais faire dans cet album. Et de quelle façon, musicalement.
Quatre ans après l’album Novembre 67, qui faisait une place d’honneur à l’amour et à la chanson française, avec Saudade on reste dans la nostalgie, la sensibilité, presque charnelle, mais dans univers musical très différent. Toi tu es tombé dedans comment ? par la chanson française ? Moustaki, Distel et d’autres qui ont fait connaître la bossa nova en France ?
J’ai été bercé toute mon enfance par Brassens en priorité. Et Moustaki, Ferrat, Ferré, Brel. Mon père était musicien d’orchestre, ma mère aussi. Mon père était saxophoniste et le disque de Stan Getz et Joao Gilberto (mon disque préféré au monde, en dehors de l’anthologie Brassens) tournait tout le temps sur la platine vinyle chez moi. C’est mon disque de toujours. Je connais toutes les chansons de l’album en portugais par cœur ; je ne parle pourtant pas portugais mais c’est une mémoire phonétique.
C’est étonnant ! quand on écoute Saudade, on croit vraiment que tu es lusophone ?
Je ne suis pas lusophone, je suis lusophile. C’est à force d’écouter Corcovado. Je la connais chantée par cinquante personnes différentes. Je connais même différents accents portugais. Alors bien sûr, je sais ce qu’ils disent parce que j’ai travaillé les traductions. Phonétiquement, pour apprendre une nouvelle chanson, c’est compliqué mais comme je suis musicien… dans l’album je ne chante que Corcovado en portugais. Je reviens sur ce que tu disais tout à l’heure, ce qui lie la bossa nova au premier album, Saudade, ce mot veut dire espoir, nostalgie, mais c’est en même temps de la musique très douce, très nostalgique et des textes forts. Voilà pourquoi j’ai appelé cet album Saudade. Même dans certaines traductions françaises, qui n’ont pas été des traductions fidèles, les adaptateurs ont su garder l’esprit de ces chansons là avec la nostalgie, les sentiments, l’émotion. D’ailleurs, quand Tom Jobim et d’autres ont créé la bossa nova, on a vu apparaître des chanteurs qui déchantaient, qui racontaient des textes. Les chansons passaient devant la voix. C’est ce qui les différenciait des chanteurs de l’époque, des chanteurs à voix.
On est à la source de l’émotion ?
C’est ce qu’ils ont cherché à créer. La bossa nova c’est de l’émotion.
Cette chanson, Saudade, qui a donné le titre à l’album, définit parfaitement ces émotions. La nostalgie, la mélancolie, souvent triste dans la chanson française, mais dans la bossa nova on découvre une dimension supplémentaire qui est l’espoir ?
Alors ce mot, Saudade, n’a aucune traduction en français. Dans la chanson je dis : « une délicieuse nostalgie, mêlée de mélancolie comme une histoire pleine d’espoir ». Saudade reprend le sens de ces trois mots mêlés. Il n’existe pas en français et on le retrouve dans beaucoup de bossas novas. La chanson que l’on identifie comme la première bossa nova de Tom Jobim c’est Chega de saudade, et Joao Gilberto a apporté cette batida à la guitare .
Toi qui est batteur, cette batida, les rythmes syncopés, ça te parle j’imagine ?
Moi je joue la bossa nova mais de manière extrêmement basique, un peu à l’américaine, comme jouent les batteurs de jazz. Le batteur qui joue sur ce disque, lui, c’est de la folie. On entend vraiment tout, sur la caisse claire, la grosse caisse, les toms, le charley… Il joue sur les accents. Il est tombé dedans alors qu’il n’est pas brésilien. Je rends vraiment hommage à mes musiciens qui sont tous exceptionnels. Et à Julien, guitariste et pianiste qui a fait tous les arrangements, comme je les avais imaginés auparavant. C’est fou. Je ne pensais pas qu’il sorte exactement ce que j’avais dans ma tête. On s’est rencontrés, on a beaucoup échangé et sur ce disque tout s’est imbriqué pour qu’il soit exactement comme que je le voulais. Les musiciens sont exceptionnels, Patricia chante à la folie.
Tout est limpide. On sent une clarté dans le jeu sur l’ensemble des morceaux. Pour moi, ils transcendent même les titres originaux. Quand on écoute attentivement les titres de Saudade, tout est bonifié au regard des titres originaux.
Ça me fait très plaisir, je ne peux pas me permettre de le dire mais si tu le dis, on ne peut pas me faire plus plaisir. La rua Madureira par exemple, qui est une de mes chansons préférées .
Pour « La rua Madureira » Nino Ferrer n’avait pas cette légèreté, le coté suave de ta voix ?
C’était un peu pompier, un peu lourd. J’ai essayé de la ramener un peu plus à la bossa originelle de l’époque. On respecte parfaitement la mélodie, le texte, mais on commence un peu à contre temps. Ensuite on a mis un chorus au milieu, une petite fugue alors qu’il avait mis un gros solo de chelo (violoncelle). On a gommé ça et Julien à la fin a fait un bel arrangement de chœur. Il a apporté quelque chose de magnifique à ce titre et à pas mal d‘autres.
Sur Corcovado on a des vents, des guitares et la voix de Patricia au début sur Quiet nights of quiet stars et puis ce petit grain vinyle…
Au départ elle ne voulait pas chanter en anglais et puis évidemment elle a m’a dit oui, c’est génial. Le grain vinyle, c’était l’idée de Guillaume Stelly, l’ingénieur du son. J’ai tout de suite accepté parce qu’on fait la transition avec un enregistrement d’époque. On garde cette façon de jouer la musique, mais on arrive avec un son et des qualités d’enregistrements d’aujourd’hui. Corcovado pendant trente secondes, commence avec la voix de Patricia, dans un enregistrement un peu d’époque et, d’un coup, on passe à aujourd’hui. Là je rends encore hommage aux musiciens, A Banda, qui fait partie intégrante du projet et à Guillaume Stelly, l’ingénieur du son : il a fait un boulot remarquable. On était vraiment tatillons, il l’a été aussi. Il voulait que l’album soit au maximum de ce qu’on pouvait faire avec les moyens que l’on s’est donnés. Le dernier point, c’est un album enregistré totalement live. On joue tous ensemble, il faut saluer le talent des musiciens.
C’était un choix d’enregistrer live ?
Franchement je ne pense pas qu’on puisse faire correctement cette musique là comme on fait aujourd’hui en studio, en découpant guitare, basse, batterie. Les seuls «re-re» qui ont été faits c’était parfois pour ma voix. Lorsque l’on était tous ensemble je pouvais avoir un peu de repiste dans mon micro. S’il on voulait que j’ai une voix bien définie on a réenregistré parfois ma voix. On a refait aussi les instruments additionnels puisque Julien qui joue de la guitare joue aussi du piano. Patricia, qui joue du ukulélé, joue aussi du violon. Philippe le contrebassiste bassiste joue de la flûte et le percussionniste joue aussi de la clarinette. Ils ne pouvaient pas jouer deux instruments en même temps. Mais batterie, guitare, basse, ukulélé, voix et les chœurs, on les a enregistrés en même temps. C’est pour ça que dans le pitch de l’album je mets « real musicians inside/recording live ». Ça fait du bien de le noter, c’est rare, à part les gens qui font du rock comme nous. Là, il n’y pas de clic, on joue.
Ils seront là à l’Européen j’imagine ?
Oui, on commence les répétitions demain…
Café Veloso, là c’est une création. D’ailleurs qui sont les auteurs ? il y a aussi deux autres créations, Et demain et Saudade ?
Saudade c’est moi qui ai écrit le texte dans son intégralité. Julien a fait la musique des trois titres. Au départ, je lui ai demandé des bossa nova plutôt tristes. Il m’a donné six ou sept musiques sans aucun thème. J’en ai choisi trois, mais je vais en faire d’autres. J’en cherchais une particulièrement qui m’appelle. Je voulais vraiment écrire Saudade. Quand il m’a donné la musique ça collait parfaitement. Le seul truc, c’est qu’il m’a donné ses mélodies que je voulais vraiment respecter. J’avais très peu de mots à placer. C’était compliqué il fallait que j’y arrive vraiment. Plus les mélodies sont avares de mots, plus c’est difficile à écrire parce qu’il faut aller à l’essentiel. Et puis ça a plutôt bien fonctionné. Ensuite, pour le café Veloso, il y avait cette idée de raconter la genèse de Girl from Ipanema, Comment Tom Jobim et Venicius de Moraes ont écrit Garota de Ipanema. Je l’ai écrite à 95 % et puis je l’ai passée à Laurent (Honel). Je voulais qu’il me donne un peu son assentiment. J’adore son écriture. Il m’a dit : « J’ai pas beaucoup de choses à apporter », mais il a corrigé deux trois trucs. Je l’ai donc crédité sur le disque. Et demain on l’a faite tous les deux. Pour Et demain j’étais bloqué. J’avais vraiment l’idée des 4 couplets. Je savais exactement ce que je voulais écrire, j’avais des passages. Je voulais écrire cette histoire de la vie, du temps qui passe. Je lui avais donné plein de trucs pour qu’il commence et on l’a écrite très rapidement en quatre échanges. On avait fait ça aussi sur le premier album.
Et demain complète les sujets de sensibilité, l’amour, le drame, le temps qui passe, la nostalgie de l’enfance et un peu d’espoir à la fin, la Saudade quoi ?
Mais c’est drôle parce que cette musique amène à ça. C’est ce que j’aime quand je l’écoute. Même si les chansons sont un peu tristes, nostalgiques, elles donnent la banane. C’est inexplicable ça, cette mélancolie joyeuse. Il y a parfois des chansons mélancoliques qui plombent, je les aime aussi, mais là c’est très différent.
Dans La rua Madureira qui pourtant est un drame, par exemple, on n’est pas plombé du tout ?
Moi je n’ai pas d’explications à ça. Je ne crois pas qu’il y en ait. Quand ils ont amené la bossa nova, musicalement il n’y avait que le jazz, la musique de variété mais eux ont ajouté ces derniers accords, des neuvième, onzième , treizième. Pour moi se sont ces notes là, ces enrichissements qui collent aux mots qui créent ça. C’est étrange. Dans les chansons de variété, on trouve les accords majeurs plus gais, les accords mineurs pour une tonalité plus triste et il n’y a pas cet entre deux que l’on trouve avec ces accords augmentés dans la bossa nova.
Du coup dans les années 50 on ne connaissait pas encore la bossa nova et tous les grands artistes de la chanson en France s’en sont inspirés. Ce fut une révolution musicale ?
Dans le monde entier. Des versions de Corcovado, comme pour My way,il en existe des centaines. Alors en France oui, Moustaki, Dalida, Nino Ferrer, Sacha Distel, Marcel Amont et Pierre Barouh qui a fait le pont. A cette époque là, il y avait une très grande passion entre la France et le Brésil
Ce titre Paroles Paroles ? étonnant ce choix ?
Alors, j’ai fait quelques digressions. C’était une bossa nova italienne, qui n’était franchement pas très réussie à l’origine. Dalida et Delon l’ont reprise et personne ne s’est vraiment attaqué à ce monument. Comment reprendre cette chanson après la voix de Delon de Dalida ? Moi j’en avais très envie. Les voix de Dalida et Delon sont fantastiques mais un peu comme dans La rua Madureira je trouvais que les arrangements de la version italienne et française étaient un peu pompiers. J’avais envie qu’on en refasse une bossa très traditionnelle, ce qu’on a fait musicalement. Alors forcément c’est un peu plus léger. Pour la voix je me suis cherché. Est ce qu’il fallait que j’aille à fond comme fait Delon et en être ridicule, ou trop léger et ce n’était pas du tout crédible. J’ai essayé de trouver un entre deux, malheureusement je n‘ai pas la voix de Delon. J’ai fait ce que j’ai pu mais Patricia est tellement exceptionnelle qu’elle transcende le morceau. Tu te dis, comment moi je peux parler derrière avec ce qu’elle envoie ! Là le mix était compliqué. Moi je trouve que ça fonctionne.
Moi je suis moins sévère que toi sur ta voix , je trouve que l’équilibre est parfait.
Patricia en fait tellement ce qu’elle veut de ce titre ! Elle envoyait tellement la patate que j’ai refait ma voix après. Et elle chante en jouant du ukulélé ! C’est du délire, je n’ai jamais vu faire ça ! Elle est exceptionnelle. Il faut savoir que la première prise est une prise de chauffe, la deuxième était la bonne et on en faisait une troisième par sécurité. On n’est jamais allés au-delà. Ils sont tellement bons c’est hallucinant !
Vous avez travaillé bien en amont de l’enregistrement ?
En fait, avec Julien l’arrangeur, on s’est vus souvent pour décider de ce qu’on voulait faire des titres. Il a écrit les partitions. On est allés deux fois répéter en studio. Il faut dire qu’ils la jouent tellement cette musique. Ils sont vraiment bons.
Alors Agua de março, c’est un titre phare que tout le monde connaît .
Tout le monde connaît la version française, adaptée et écrite par Moustaki. Les gens connaissent un peu moins la version originale et le duo Tom Jobim et Elis Regina. Moi c’est celle-ci que je voulais mettre en avant. Le problème c’est que la version française et la version portugaise ne disent pas tout à fait la même chose et ne collent pas tout à fait. Quoi qu’il en soit j’ai trouvé des arrangements, des imbrications. J’ai enlevé le texte de Tom Jobim. Je l’ai remplacé par la version française de Moustaki et j’ai laissé la version d’Elis Regina en portugais. On se répond français-portugais mais je n’ai pas inventé de texte.
Le mix et l’équilibre est très bon justement entre les deux tout en gardant le principe de base de l’anaphore.
Alors je garde l’anaphore et la mélodie du duo original, Moustaki changeait un tout petit peu la mélodie à certains moments.
Pour tous les morceaux j’ai l’impression que c’est un tout petit peu plus rythmé et accéléré légèrement. A l’écoute c’est très agréable, c’est plus vivant
C’était typiquement le choix en répétition. On se disait: « Là on est 112 c’est le bon tempo, on enregistrera à 112 » et c’est ce qu’on a fait en studio. Le seul petit regret que j’ai c’est que le seul morceau un peu joyeux que j’ai mis dans le disque est Café Veloso. Il en existe plein d’autres que j’avais envie d’enregistrer. Ça sera peut-être pour le deuxième. On est restés vraiment dans la bossa nova. La bossa nova et la samba, franchement c’est presque la même musique, c’est une histoire de tempo. Il y a plein de bossas novas qui s’appellent samba de quelque chose… Samba d’été, Samba de Verao, Samba d’Orly… Le Café Veloso c’est déjà une petite samba. La frontière est très ténue.
Samba d’été est aussi un peu plus rapide que la version de Marcel Amont .
Marcel Amont en a enregistré plusieurs versions. C’est une chanson que j’ai exhumée, qu’on ne connaît pas, qui a été très connue dans les années 60. C’est lui qui a écrit le texte de la version française. Je le trouve vraiment très joli quand il dit « les pins à l’envers » qu’on s’imagine couchés. Marcel Amont, tout le monde l’a oublié, mais il y avait de très belles pépites dans ses chansons. Je ne lui ai pas encore donné, mais je vais aller le voir pour la lui donner. Cette chanson c’est lui qui en avait fait l’adaptation mais c’est Marcos Valle et Paulo Valle qui avaient écrit l’original. Là encore j’ai eu envie de mélanger des couplets en français et en portugais, mais la vraie raison c’était aussi pour faire chanter Julien. J’avais vraiment envie qu’il chante avec son phrasé en portugais.
La chanson d’Orphée là, c’est le tout début de la popularité de la bossa, la BO du film Orfeu Negro en 1959, un carton énorme ?
Oui un carton repris par tout le monde, en même temps que Chega de Saudade en 1958 et là c’est le rapport entre la France et le Brésil.
C’est la nouvelle vague, parce que bossa nova ça veut dire nouvelle vague non ?
Les brésiliens disent « nouvelle bosse », bosse au sens d’une vague. La nouvelle vague chez nous correspond à la bossa nova chez eux.
On fait un bond entre 1959 et aujourd’hui avec Tuyo, ce superbe titre générique de la série à succès Narcos.
C’est un peu étrange. Quand j’en ai parlé à Julien il était surpris au départ. C’est la vraie digression de l’album. Tuyo est un boléro, pas une bossa. C’est aussi le seul titre en espagnol. Mais moi j’ai trouvé des liens. Rodrigo Amarante, l’auteur est brésilien. Il chante en espagnol, je ne sais pas pourquoi. Nous on en a fait un boléro bossa. C’est un style qui existe réellement. Le boléro n’existe pas qu’au Mexique. Tous les pays d’Amérique latine ont des versions différentes de boléro. Il existe des versions de boléro bossa sur des disques brésiliens. De même que la chanson Et demain est une valse mais une valse bossa nova, une variante de la bossa nova.
En tout cas, ce titre Tuyo reprend parfaitement les thèmes des chansons d’amour du disque. On s’y retrouve. C’est cohérent musicalement mais le texte aussi est très déchirant.
J’étais fan de la série. A chaque fois je regardais ce générique en entier alors que d’habitude je passe les génériques. Quand même, ce gars chante super bien. Parfois il y a des titres qui portent une série. Elle est vraiment très jolie cette chanson. Je voulais en faire une version un peu bossa. Je me suis régalé et là Julien a mis cette flûte à la place de la guitare. Je ne parle pas un mot d’espagnol. Là aussi je l’ai faite phonétiquement. Du coup on la fera en concert parce qu’elle vaut le coup. Ce n’était pas du tout au départ dans une idée marketing, mais ça peut amener les gens à découvrir aussi la bossa, si on arrive jusqu’à leurs oreilles… C’est toute la difficulté, tu le sais bien. C’est bien qu’il y ait des gens comme vous à NosEnchanteurs, attentifs aux choses qui sortent un peu des sentiers battus, de ce qu’on entend à la télévision française.
Merci ! C’est modestement le but de notre travail. L’album se conclut avec Você abusou la célèbre adaptation de Michel Fugain Fais comme l’oiseau, encore un clin d’œil à la chanson française.
Quand j’étais gamin je ne savais pas que ce titre était une bossa nova. Je conseille à tout le monde d’aller écouter la version originale de Maria Creuza qui ne raconte pas du tout la même chose. Você abusou est vraiment une histoire d’abus, une chanson très grave pour le coup. Fais comme l’oiseau est un peu plus légère. Pierre Delanoé qui en a fait le texte et l’adaptation s’en est totalement éloigné. Je trouve que c’est vraiment très réussi. Quoi qu’il en soit Michel Fugain en a fait quelque chose qui n’est plus une bossa nova. C’est ma chanson de gamin mais qui marche bien. J’ai souhaité reprendre le texte français mais en le ramenant aux sources dans une version bossa nova. Au début, je fais chanter Patricia, là pour moi elle transcende le disque tellement son chant est formidable. A deux reprises le refrain, je le fais revenir en portugais. Tant pis ça perd du sens mais pour les oreilles ça marche.
C’est une chanson sur scène qui va plaire. Justement, le rendez vous avec la scène est fixé pour le 11 janvier à l’Européen. Retour dans une salle qu’on connaît bien. La setlist est en construction ? Il y aura des surprises?
La fois d’avant j’étais liquide. Je jouais avec Laurent Honel et deux musiciens c’était super mais c’était mon premier spectacle seul, où je devais chanter, parler aux gens, jouer de la guitare, du piano… C’était trop d’un coup pour une première date de ta vie à Paris. Je savais que je savais le faire mais je m’étais mis une tel coup de pression que quand je suis rentré en scène je me suis dis: « Mais tu es fou ! Heureusement ils sont là pour toi, mais tu es fou ». Là ce sera moins difficile parce que le groupe joue déjà ensemble depuis longtemps. Je suis porté par une vraie équipe de musiciens. Je n’ai qu’à chanter et je vais peut être jouer un peu de piano. La seule difficulté c’est que je vais devoir chanter 20 à 22 titres. J’ai décidé d’en chanter pas mal d’autres en portugais, c’est ambitieux. Je ne suis pas à l’abri d’un trou de mémoire. Je me mettrai peut être un petit prompteur au cas où pour me rassurer. Je me languis de commencer les répétitions demain.
Donc une vingtaine de titres ? Tu vas glisser dix chansons de plus que vous n’avez pas enregistrées ?
Essa moça tá diferente de Chico Buarque, Màs que nada de Jorge Ben Jor, peut-être Tu verras de Nougaro, la fille d’Ipanema, on ne pouvait pas ne pas la faire. On ne l’avait volontairement pas mise dans l’album mais il y aura une surprise pour ce titre. Il n’y aura que des tubes, à part mes trois compos et peut-être une compo supplémentaire.
Alors Yves Giraud m’a dit qu’il venait faire ta première partie, on n’en dira pas plus, c’est une surprise… Je crois que les spectateurs vont être scotchés…
Il bosse dur. Quand tu es musicien tu bosses tout le temps. Moi je bosse pas vraiment ma voix mais je vais prendre des cours de chant. Il y a Yves et puis il y a une autre surprise aussi. Ça va être une belle soirée.
Le rendez-vous est pris, on sera là. Merci Jean-Marc.
Propos recueillis par Vincent Capraro.
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