Le drôle de monde de Mymytchell

Mymytchell (photos Annick Delperdange)
Liège, Chez Phil et Gene, 4 avril 2025,
La découverte de ce soir se nomme Mymytchell. Peut-être pas le pseudo le plus facile à retenir, mais la soirée nous démontrera que l’artiste n’est pas à un anti-conformisme près. Précisons juste que cela ne se prononce pas à l’anglaise « Maïe Mytchell », mais bien à la française (ou à l’anglaise quand c’est un français qui parle) « Mi Mytchell ». Serait-elle la fille cachée de Mimie Mathy et d’Eddy Mitchell ?
Le cadre intimiste du salon-chanson qui nous reçoit ce soir se prête bien à la prestation de notre chanteuse, armée de sa seule guitare et d’une voix forte et claire. « Je chante et après, je vous parle », nous déclare-t-elle d’emblée, avant t’entonner le fédérateur la la la la d’une chanson d’amitié et de contestation donnant le ton de la soirée. Chanson qui permet en outre de goûter à une de ces formules-choc (« Nous sommes la somme, pas l’addition ») qui parsèment le répertoire de l’artiste. D’autres punchlines viendront ainsi égayer la soirée : « Partir, c’est pas battre en retraite », « C’est la fin de ton empire sexuel », « On comprend que la vie, ça n’est que du vécu », tels de revigorants coups de poing.
Mymytchell est auteure-compositrice-interprète. Mais peut-être la qualifier de poète la définirait-il mieux, les chansons qu’elle nous propose ne s’offrant pas facilement. Leur forme est très libre. Chez elle, le couplet-refrain n’a pas pignon sur rue (à peine a-t-on parfois quelques répétitions de phrase), les rimes s’avèrent épisodiques, le nombre de pieds est aléatoire. Pas facile à chantonner sous la douche, même si cette structure anarchique se coule parfaitement dans les musiques pour un résultat homogène et rythmé. Quant au fond, il est vain de chercher un sens évident à son répertoire. Disons donc qu’à côté de certains titres aisés à aborder (La chanson des lavandières, Le pot de départ en retraite, J’prendrai un café…), il est possible (probable ?) de perdre le fil d’autres morceaux. Un peu comme chez Nicolas Jules ? La comparaison s’impose effectivement !
Qu’importe cependant d’être parfois lâché, l’émotion ressentie, elle, ne trompe pas. Mymytchell nous chante sa colère, son amertume, son humanité. Elle le fait avec une énergie communicative, un humour gentiment provocant, une tendresse grinçante, une joie terrienne. Si le propos peut parfois donner dans le féminisme de combat (La chanteuse, La femme qui est dans ton lit), c’est sans agressivité outrancière, avec juste la détermination de celles qui savent avoir raison. Son naturel, son sourire et sa simplicité finiront de toutes manières par vous faire craquer.
« Poète, poète, remobilise ta poésie », nous a slamé Mymytchell. Un cri d’alarme en même temps qu’une exhortation à se tenir debout. Elle y dit l’importance de la poésie, l’urgence à y recourir. « Un poème n’est pas juste un poème / Il est une flèche dans le cœur du temps ». Je ne peux que vous inviter à la suivre dans sa tranchée et à prendre les armes de la beauté pour combattre à ses côtés.
Le site de Mymytchell, c’est ici. En concert le 25 avril 2025 au Festival Printival-Boby Lapointe de Pézenas
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