Tony Melvil, un disque en apparence…

En apparence (photo Simon Gosselin)
Ce serait un dévédé que ce serait bien plus simple : nous aurions l’image, je n’ose dire le défilé ! Ce n’est qu’un cédé et il nous faut imaginer ce qu’on nous dit être apparent, ce qu’on nous chante. Car En apparence est un concert visuel « pour faire le point sur l’image qu’on a de soi et sur celle qu’on renvoie ». C’est « un peu plus qu’un concert dès sept ans, du CE1 à la cinquième » : ce « un peu plus » doit faire la singulière différence.
T’as vu ? Non, pas vraiment. Le spectacle – nous parlerons de l’album ensuite – n’est ni succession de chansons ni défilé de haute-couture mais, à la croisée du théâtre et du concert, « un tableau vivant dans lequel les costumes s’amusent autant du dépouillement que de l’exubérance ». Dit comme ça, ça intrigue, donne envie. « Dans ma garde-robe, je me libère / De tous les codes automne hiver / Est-ce que cette robe est à la mode ? / Chez les panthères ? »
Tony Melvil, le chef (en couture, on appelle ça un patron je crois), chanteur à la guitare d’une main, au violon de l’autre, nomme cela une « fantaisie pop cousue main ». Notre chanteur n’en est pas à sa première création destinée au jeune public, c’est même sa troisième, après Quand je serai petit en 2015 et Manque à l’appel quatre ans plus tard. toujours avec la metteuse en scène Marie Levavasseur, duo gagnant. Ces deux-là renouvellent, régénèrent, revivifient le genre : gagnants sont aussi les enfants. Comment donc transposer dans la cire (en fait dans le laser d’un disque) un spectacle visuel ? Par des commentaires off ici et là, un test micro, une indication de mise en scène, des suggestions… Et sur le livret géant (punaise, ça n’rentre pas sur mes étagères où sont méthodiquement rangés mes cédés !) des images « artwork » qui ajoutent à la lecture, participent à leur manière à notre écoute. Les textes des chansons sont écrits par Tony Melvil et Thibaud Defever, jolie garde-robe dont le thème autorise toutes les exubérances. Tiens, « rester en pyjama / jusqu’à la fin des jours / révolution de soie / de satin, de velours / c’est un pas de côté / et c’est un art de vivre ». Costumes (mais pas sur le disque, hélas), mise en scène, look et style, élans musicaux, tout secoue ici en ce fashion spectacle où d’un titre à l’autre on se change façon caméléon : « Ta vraie couleur c’est un mystère / Ce que tu penses c’est un mystère ». Jusqu’à se retrouver Enfin nu (là, je me contente de suivre la dramaturgie sur disque, je ne peux chroniquer un spectacle que je n’ai pas vu) : « Nu, enfin nu / Rien sur la peau / Nu comme un ver / Nu comme les courants d’air… »
En cédé, En apparence est déjà passionnant. Effectivement comme une peau neuve. Rien que ça peut être tenu pour une performance. La qualité musicale et textuelle, l’interprétation de Tony Melvil, Lauriane Durix, Thomas Demuynck et Mélissa Vanauberg est bien plus que convaincante. Que dire du spectacle en vrai ? Ami-e-s lecteurs, s’il passe par chez vous, faites-nous en utile retour : nous trépignons d’impatience.
Tony Melvil, En apparence, Cie Illimitée/InOuïe Distribution 2025. Le site de Tony Melvil, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit de lui, c’est là.
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