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Yoanna, au bord d’elle-même

Yoanna (photo non créditée tirée de son facebook)

Yoanna (photo non créditée tirée de son facebook)

Si tous me semblent d’excellence, pas un seul album de Yoanna Ceresa ne ressemble au précédent. Et vraisembla- blement au suivant. Elle ose tout, se jette s’il le faut dans la fosse. Dans la fosse ou, comme ici, dans la mer, où elle est comme sirène. Souvenez-vous, nous l’avions laissée en cris, tambours et masques de guerre, dans la colère d’un implacable disque sur l’homme bestial dans son rapport à la femme, un disque (2e sexe) violent dans son propos, dans le moindre de ses vers, qui a dû mettre à mal nombre de mâles. A la tempête de cet album passé succède le calme apparent de celui-ci : rien que le visuel aspire à la pleine sérénité, au détachement : « Je vais nager / Du matin jusqu’au soir / Ne plus respirer / Ne plus parler / Ne plus croire / Plonger / La tête en avant / Sans regarder le fond ».

Voici Yoanna toujours à fleur de peau, mais à fleur de l’eau, au bord. Même dedans. Plongée métaphorique  dans l’intime d’un corps qui se déhanche, se défoule, fait la planche, se déroule, s’entrejambe, fait la fête.

yoanna cdTendre et bravache, Yoanna parle d’elle, s’y dénude. Elle est là, dans la grande bleue, à observer, à s’observer, se sentir, ressentir, fixer la lumière. Elle est là, au large de ses envies, à l’écoute de son corps, en des vers limpides et clairs, des notes ruisselantes comme l’eau : « Je suis comme une / Sirène au large / Comme une lune qui te rend barge [...] Je suis un peu / Perdue en moi / Je fais au mieux / Rien ne se voit… » Le temps passe, les années filent, l’obsolescence se profile, « la tête flétrie / Débris, dépôt / Repos, raidi / Les reins plombés… » Rarement on aura entendu un tel disque introspectif, comme si l’eau révélait le corps et les idées, les faisait émerger. Si tout y trempe dans le doux, les peurs s’insinuent « toujours au bord de soi-même ». C’est au bord aussi qu’elle vient « décrotter mes souvenirs / savonner mes désirs / noyer mes peurs, sauver ma peau / rincer ma chair, baigner mes os / détacher mon histoire / essorer mon regard… »

Comme au précédent album, Yoanna a pour complice Mathieu Goust, à la composition, aux arrangements, à la réalisation, au mixage et aux percussions, guitare et claviers. Elle aux accordéons et violoncelles. Duo chic et choc, capable d’alterner les ambiances, les ressentis. Là, c’est une évidence, ça coule de source, ça baigne : « Je dérive d’un courant à l’autre / Je tourne, mêlée à l’écume / Le vent s’est levé il joue avec moi / Il fait le chat et moi je souris ». Autre évidence : ce disque est magnifique !

 

Yoanna, Au bord, Matcha/Baco Distrib 2025. Le site de Yoanna, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit d’elle, c’est là.

« Nager » : Image de prévisualisation YouTube

« Boîte à crabes » : Image de prévisualisation YouTube

« Au bord » : Image de prévisualisation YouTube

 

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