Nicolas Driot : notre Kandid, mais en plus grand

Nicolas Driot (alias Kandid) (photo Frank Loriou)
Vous le connaissez mais en fait vous ne le connaissez pas. Ou pas comme ça. Vous connaissez Kandid, chanteur pour jeune public, celui de Victor et le ukulélé et de trois autres albums, de centaines de concerts aussi. Voici son autre lui, qui plus est sous son vrai blase, démasqué : Nicolas Driot, pour un répertoire cette fois-ci grand public, qu’il avait déjà abordé en 2014 mais sous son pseudo. On savait la qualité de son travail : si vous avez chez vous des disques de Kandid, vous pouvez en témoigner. Mais, waouh !, ce nouvel album, nouvelle famille de chansons, nouveau créneau, nous estomaque, nous séduit.
Quitte à nous répéter (nous l’avons tant dit à propos d’autres artistes), ce disque-là trouve aussi sa genèse dans le confinement, celui des pangolins et des chauve-souris, quand d’un coup le monde s’arrêta, mis sur pause. Ça et des bouleversements intimes, des événements de la vie, ça fait remue-méninges, remise à plat : ça cogite et, mine de rien, fait des chansons, des pas pour enfants, où on radiographie son corps et son cœur, sa situation, ses états d’âme. L’échographie qui en résulte tient en ce précieux CD. « Reflet des bouleversements du monde et de la perte de repères, je l’ai imaginé comme un hymne à l’amour et à l’espoir. Un album de résilience, pour rester debout malgré les secousses sismiques, et qui aiderait à vivre… qui sait ? »
Ce disque aurait pu s’appeler « radiographie du cœur », mais compte-tenu de ce qu’elles sont hélas devenues (je ne parle pas ici des petites radios locales libérées de l’insupportable biznesse, mais des autres…), il y a peu de chance de l’ouïr en rotation sur votre radio. Donc, Cartographie du cœur, ça lui va bien. « Si nos rêves ne sont pas morts / Et que l’amour bouge encore… » Pas sûr que l’amour y soit encore, c’est d’ailleurs l’objet de ces titres, superbement écrits comme si la douleur était force d’inspiration, dopait la plume, la stimulait… Nicolas Driot trempe sa plume où ça fait mal, triture les maux, panse ses mots : « Balaie en moi ce qui fait mal / Que l’on s’emmêle / Que tout s’emballe / Tu es de la poésie pure / Entre mes mains / La vie qui perdure / Quand tout s’éteint ». Ceux qui ont vécu telle situation apprécieront plus encore, revivront des moments que ces mots touchants ont consigné sur le papier. L’environnement musical est pop, pour lui « nouvel environnement sonore », bel écrin vraiment pour impulser vie à ces textes, surligner les hauts les bas, les espoirs les doutes : « Tout est si flou et incertain / Mais il faut continue d’avancer / Ne pas résilier demain / Se laisser emporter / Si quelque chose s’est éteint / C’est que quelque chose a brillé ».
A l’écoute de ce nouvel – ou premier – opus, forcément personnel, intime, on ne peut être que persuadé qu’un artiste est né, un artiste important. Qui réussit sans mal à nous emporter dans les affres de sa vie, ses doutes, ses passions, son univers. Au générique de cet album, citons Vivien Bouchet à pas mal d’instruments et aux programmations, à la réalisation, aux arrangements, à l’enregistrement et au mixage. Egalement Emilie Marsh et Luciole ainsi que la Grande Chorale de le Coopérative de Mai à Clermont-Ferrand.
Au sortir de cet album, si vous appuyez de suite sur la touche replay, ce sera normal (le contraire serait étonnant).
Nicolas Driot, Cartographie du cœur, La Kandeur/InOuïe Distribution 2025. Le site de Kandid, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit de lui, c’est là. En concert « Cartographie du Cœur » le 16 mai 2025 au Fotomat’ à Clermont-Ferrand et le 11 juillet à Volvic en plein-air.
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