Makenzie « Le jardin pergélisol »

Je nous revois émus
accrochés un à l’autre
la file s’était tue
devant le terminal
je nous revois émus
c’était à moi, à moi de souffler…
ton fanal

Makenzie

Paroles et musique : Danyka Boileau-Bonaduce (Makenzie). Extrait de l’album Mousses mémoires, paru le 7 juin 2024.

Une manière toute québécoise, très certainement, de chanter le deuil : le pergélisol désigne un sol gelé en permanence, que l’on peut fouler sur environ un tiers de la province à la fleur de lys, principalement dans la région du Nunavik (et qui fond). Outre la poésie de ce mot si particulier, l’image demeure traditionnelle et intercontinentale : la tristesse et la mort, le froid et l’hiver…Pensons par exemple à C’était l’hiver de Francis Cabrel ou encore Il fait froid de Victor Hugo (ici dit par Michael Mansour, ou adaptée en chanson en réponse aux attentats de novembre 2015 par Yves Vessière en 2020 sous le titre Aime et ne désespère pas,  figurant dans la Collection NosEnchanteurs d’EPM dans l’album Victor Hugo, Je respire où tu palpites ). Les illustrations ne manquent pas sous nos pieds.

Par chance ce pergélisol pousse ici dans un jardin, fleurs de gel à la lumière d’un souvenir, dans un refrain à la mélodie qu’il fait bon chanter. L’autrice-compositrice-interprète montréalaise, Makenzie, est née en 2020 : dans une autre vie, cette fascinée des fantômes était une certaine Rose Bouche, bien plus pop, beaucoup moins ciselée. L’hiver a aurait donc aussi ses vertus : son dernier album, Mousses mémoires, paru en juin 2024, possède quelques explora-dissections verboflorales non inintéressantes. Pour ce titre, cette réincarnée dit ainsi « observer à la manière d’une botaniste sa propre transformation ». Comme quoi, c’est bien le printemps !