A Travers Chants 2025. Sapritch, rien qu’une chanson populaire ?

Sapritch disserte sur la chanson populaire (photos Marc Schaefer)
18 mars 2025, festival A Travers Chants, Saint-Saulve,
Si ce n’est celui d’une actrice tirée d’un lointain passé, le nom de Sapritch ne vous dit peut-être rien. Pourtant A travers Chants l’a programmé pour deux « One-Man Conférence » ainsi décrites : « des interventions qui ne sont pas des « ronflérences » ». Alan Sapritch (aucune parenté avec l’ancêtre à la peau flétrie) a d’abord guidé les scolaires afin qu’ils montent leur groupe avec sa première intervention I feel good. Pour ma part, je n’ai pu qu’apprécier le rendez-vous baptisé Populaire qu’il proposait en soirée…
Autant le dire, ni moi ni l’essentiel du public ne savions trop à quoi s’attendre ; il suffisait de se laisser guider par ce Sapritch et son assistant électronique : une IA prénommée Roland.
C’est un fin connaisseur de la musique et de la chanson que cet homme à la barbe de hipster qui va faire de nous la nouvelle élite de la chanson française. Irons-nous « au bout de nos rêves, là où la raison s’achève » ? L’écoute de l’histoire de cette chanson (musette, java, cafés concerts comme music-hall à la mode), Sapritch va nous y aider. Il va nous faire un pastiche de reprise, adaptation, parodie, plagiat de Didier Super (bizarre d’entendre du Didier Super pour une fois chanté juste !) ; de « l’hésitant » Vincent Delerm ; du multi style de Serge Gainsbourg ; du modèle de la chanson populaire qu’est Alain Souchon ; de l’incompréhensible Michel Sardou ou encore de Julien Doré ainsi que le maître es-chanson populaire et auto-recycleur de talent qu’est Jean-Jacques Goldman.
Sapritch nous partage les bases de la chanson populaire. Évidemment, dans ce spectacle (comme dans cette chanson) on se moque de la musique et même parfois des paroles… Car l’important c’est l’emballage ! A nous auditeurs et consommateurs de nous en méfier. La chanson populaire pour enfant n’est pas en reste, loin s’en faut. Tout comme les chansons d’amour, si douces aux tirelires du biznesse.
Ce spectacle ne manque pas de références. D’un côté on aurait envie d’en rajouter, de l’actualiser plus encore : les exemples sont légion ; de l’autre on se dit qu’il y en a déjà bien assez avec une grande densité de styles. En une tournure de phrase, en un jeu scénique, Sapritch passe du sérieux de l’érudit au parodique de l’humoriste : l’artiste a bien du talent.
On appréciera ces clins d’œil étrillant quelques élitismes, autant que ces quelques pensées politiques qui prouvent que l’engagement n’est pas mis de côté, témoins ces nombreuses références que nous offrent la chanson française.
Au terme de ce spectacle habilement mis en scène par Christophe Lecheviller, on se sent forcément mieux armés pour affronter cette chanson populaire, en déjouer ses pièges. Sans doute jusqu’à la prochaine rengaine.
Le site de Sapritch, c’est ici. On le retrouve en mars au Cheylard le 20, Gleizé le 21 ; en avril à Castries le 4, Montpellier le 5, Sète le 6, Saint-Jean-d’Illac le 12, Evron le 24 ; en juin à Puilboreau le 12.
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