Yves Jamait brûle les planchas

Quatuor Yves Jamait Photos ©Ghislain Debailleul
Namur, La Templerie des hiboux, 14 mars 2023
La salle est bien évidemment comble. Remplie à ras bord d’un public tout sourire, heureux du privilège qui lui est donné d’applaudir une telle vedette dans un cadre intimiste et humain. Pareille opportunité ne se rate pas, d’autant que les venues d’Yves Jamait en Belgique – car c’est de l’ex-chanteur à gapette dont il est question – sont rarissimes, son dernier passage remontant déjà à 2016.
Petit lieu ne signifiant pas concert au rabais, c’est avec son bel équipage que le capitaine Jamait monte à l’abordage. Trois comparses de longue date l’entourent : Mario Cimenti à la batterie et aux percussions, Jérôme Broyer à la guitare et Samuel Garcia à l’accordéon. Une complicité sans faille unit les quatre hommes, qui leur permet de s’envoyer des vannes (la présentation finale des musiciens par le patron est un bijou d’humour), de pratiquer l’auto-dérision à haute dose, mais aussi – et surtout – de nous offrir un show d’une formidable générosité, tant le plaisir qu’a ce quatuor à jouer ensemble est communicatif. Professionnalisme et amitié se marient parfois bien.
Ce bel écrin musical est évidemment au service d’un répertoire en béton. Ce Plancha Tour, né d’une envie de concerts acoustiques « comme à la maison », c’est l’occasion pour Jamait de passer en revue sa carrière et ses huit albums studios. Certains sont plus visités que d’autres, mais aucun n’est oublié. Et que ceux qui s’étonneraient durant sa prestation de voir le chanteur faire l’impasse sur son célébrissime premier disque, De verres en vers, prennent patience : le rappel les comblera au-delà de toute mesure.
Ce florilège entraîne le spectateur dans un flot d’émotions, du sourire à la colère, de la nostalgie à la tendresse. Deux heures passées à côtoyer la solitude de personnages désenchantés que le monde abandonne (Célibataire, Jean-Louis…), à s’armer d’espoir pour réinventer sa vie (Prendre la route), à constater la fin d’un amour (Le carrousel) ou se lancer dans une autre aventure (Vivre avec toi), à jeter un œil sur l’enfance (Gare au train), à regarder la mort en face (Qui sait) pour la défier une ultime fois (J’en veux encore)… Autant de thèmes et d’ambiances pour nous faire voyager, avec ces pics inoubliables que sont Je passais par hasard et le toujours aussi poignant Vierzon.
Mais Jamait, ce ne sont pas uniquement de belles chansons bien écrites, c’est aussi un formidable chanteur pour les porter. Son interprétation est en tous points remarquable, avec une gestuelle précise et sobre, qui lui permet d’habiter ses compositions sans excès ni cabotinage, et un chant plus maîtrisé que jamais, tout en justesse et retenue. Le métier allié au talent…
D’autres aventures artistiques attendent Jamait dans les prochains mois : un tour de chant exclusivement consacré à son maître Maxime Le Forestier, un autre dans une formule tout en accordéon… En attendant, le Plancha Tour se poursuit. Est-il besoin de souligner qu’il est incontournable ?
Le site de Jamait, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit de lui, c’est là. Prochain concert le 21 mars 2025 à Beaumont-sur-Oise
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