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Frasiak de nouveau au service de son Béranger

Éric Frasiak (photo Vincent Capraro)

Éric Frasiak (photo Vincent Capraro)

Pour avoir enregistré l’intégrale de ses chansons, Maxime Forestier se targue volontiers d’être à Brassens ce que Glenn Gould fut à Bach ; Éric Frasiak sera-t-il celui de Béranger ? Toujours est-il que le chanteur de Bar-le-Duc sort son troisième opus consacré à celui de Tranche de vie : ça fait déjà cinquante chansons gravées. Des graves, des tendres aussi. Des frontalement de gauche, des d’amour un peu gauche, des sûres de leur fait et d’autres qui hésitent. Cinquante chansons, loin du compte donc, encore que, mais Frasiak laisse déjà entendre la possibilité d’un quatrième volume ; au cinquième il aura fait l’intégrale !

Donc, présentement quinze titres puisés dans vingt ans de chansons, de la chanson Le Téléphone (extraite de l’album Tranche de vie, en 1970) à Dure mère (extraite de l’album éponyme de 1989) : Frasiak revisite les deux décennies de celui qui fut, selon son biographe Pierre Guinchat, « un vent de révolte qui souffle sur les pelouses endimanchés des fêtes populaires ».

La chanson de Frasiak a la nostalgie de cette époque : c’est en reprenant les titres de Béranger dans les bals de sa région au début des années quatre-vingt qu’il fit ses premiers pas dans le métier. Une chanson directe, sans chichis ni tralalas, qui sait ce qu’elle veut dire. Et le dit bien. Pas autre chose finalement que ce que chante Frasiak au quotidien, dans ses propres textes : colère et tendresse, indignation et empathie. Éric Frasiak est je crois le plus bel héritier de Béranger (il l’est pareillement, à mon sens, de son copain Michel Bühler).

475454304_3982931088696342_3852528332187751304_nQue dire de ces interprétations ? Le timbre est moins grave, un peu plus enjoué (c’est relatif) que l’original, plus « doux », moins « accusateur » dans l’accroche (non dans le contenu), mais la résolution et l’objectif sont les mêmes : interpeller l’auditeur, le faire se questionner. Combien ça coûte ? ou Dure mère, deux chansons plus désillusionnées que d’autres (parmi les dernières de Béranger) ne sont pas faites pour distraire, certes : l’interprétation de Frasiak, même si elle a peu de chance de toucher un jeune public, a de quoi retenir leur attention. Les connaisseurs, eux, apprécieront plus particulièrement des arrangements différents de ceux d’origine, qui plus est unissent des chansons parfois distantes de deux décennies.

On ne décryptera pas en détail les titres ici, le lectorat de NosEnchanteurs connaissant la plupart du temps son Béranger sur le bout des lèvres (les ignorants, au coin !). Il retrouvera sur cette troisième et ma foi fameuse rondelle des chansons telles que Mamadou m’a dit, Le Balayeur d’Amérique, Joue pas avec mes nerfs, Ma fleur, Aux exclus ou Tous ces milliers de kilomètres : que de bons souvenirs, que d’émotions et de poings serrés, levés. Frasiak ne trahit pas ; par certains côtés il embellit, enrichit. En tous cas, il propage la mémoire du père François, prolonge son œuvre, redit ses mots qui n’ont pas pris une ride, pas une : « Terre ! Terre ! Terre ! Ma Terre ! / Ma dure mère / Qu’avons-nous fait de toi ? / Qu’avons-nous fait de nous ? / Qu’avons-nous fait ? »

Ne pas, ne jamais oublier François Béranger, entretenir son œuvre et sa mémoire, le chérir le plus longtemps possible. Viendra le jour où son nom fatalement s’estompera. Mais tant que des Frasiak, des Sansévérino, des Trévidy et d’autres encore l’interpréteront, l’amnésie sera remise aux calendes. Et ses mots résonneront toujours.

 

Éric Frasiak, Mon Béranger vol.3, Crocodile productions 2025. Le site de Frasiak, c’est ici ; ce que NosEnchanteurs a déjà dit de lui, c’est là. Ce que nous avons dit de François Béranger, c’est ici.

 

« Impressions à chaud », audio Image de prévisualisation YouTube

2 Réponses à Frasiak de nouveau au service de son Béranger

  1. babou 25 février 2025 à 20 h 22 min

    Grace à Eric FRASIAK, François BERANGER continue de nous émouvoir. Bien bel ouvrage pour remettre dans nos oreilles un grand artiste dont l’oeuvre est plus que jamais d’actualité.

    Répondre
  2. Georges LATRIVE 10 mars 2025 à 21 h 14 min

    Mon ami Éric reste l’interprète de talent à travers ses chansons et ses clins d’oeil à son maître à penser François BERANGER juste pour nous dire que la chanson est vivante !

    Répondre

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